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Brassard dit d'Alger du lieutenant Bleicher

Légende :

Ce brassard a été porté par le lieutenant Bleicher après la Libération. Il s'agit d'un authentique brassard parachuté par les Services Spéciaux d'Alger.
Au verso, le lieutenant Bleicher portant ce brassard (coll. Musée de la Résistance de Vassieux-en-Vercors, DR). Cette photographie a été prise à Romans dans les premiers jours de septembre 1944 juste après la Libération.

Genre : Image

Type : Brassard

Source : © Collection Maurice Bleicher Droits réservés

Détails techniques :

Brassard en tissu portant au revers le tampon du magasin général d'habillement d'Alger.

Date document : 1944

Lieu : France - Auvergne-Rhône-Alpes (Rhône-Alpes) - Drôme

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Analyse média

Le brassard réglementaire d'Alger est adopté en mai ou juin 1944. Il reprend dans son aspect général le pavillon des FNFL, à savoir un losange blanc déterminant quatre triangles aux quatre coins, bleus du côté de la hampe, rouges à l’extérieur, comme la croix de Lorraine. Sur le brassard d'Alger, la croix de Lorraine est noire. 

Le 2 juillet 1940, le général de Gaulle signe un décret adoptant la croix de Lorraine. Celui-ci précise que le pavillon des Forces navales françaises libres consistera en une marque carrée avec une croix de Lorraine rouge sur fond bleu. Une devise, « Honneur – patrie », en blanc sur bleu, est disposée de part et d’autre de la croix de Lorraine. Dans la nuit du 2 au 3 juillet, Muselier rédige ses premières instructions destinées aux bâtiments de guerre et de commerce. Celles-ci prévoient que « les bâtiments de guerre et de commerce de la Marine française libres porteront à la poupe le pavillon national français et à la proue un pavillon carré bleu orné en son centre de la croix de Lorraine en rouge, par opposition à la croix gammée ». Dans les mois qui suivent, le pavillon de beaupré des FNFL est abandonné, car manquant de visibilité. Certains trouvent que le bleu est trop foncé et le fait ressembler au pavillon noir des corsaires ; d’autres que, bleu et rouge, il peut être confondu avec l’emblème de la marine de commerce britannique. Le règlement du 7 juin 1941 établit une nouvelle marque, en même temps qu’il fait de la croix de Lorraine l’insigne officiel des Forces françaises libres. Il représente un losange blanc déterminant quatre triangles aux quatre coins, bleus du côté de la hampe, rouges à l’extérieur, comme la croix de Lorraine.



Auteur : Fabrice Bourrée
Sources : Sylvain Cornil-Frerrot, "La croix de Lorraine" in Reue de la Fondation de la France Libre, mars 2011

Contexte historique

Frédéric Bleicher est né le 9 mars 1915 en Hongrie. Etudiant à l’École dentaire française à Paris, il reçoit son diplôme de dentiste en 1937. Dès l’automne 1940, il est recruté dans la Résistance pour distribuer des journaux clandestins aux responsables des syndicats à la Bourse du Travail. Il passe en zone libre en octobre 1941 et s’installe à Bourg-de-Péage dans la Drôme en mars 1942. En novembre 1942, il entre en contact à Grenoble avec l’un des responsables du Mouvement National Contre le Racisme (MNCR), mouvement engagé dans la lutte contre la persécution et la déportation des Juifs. Il devient responsable du MNCR pour la Drôme.

A partir de 1943, ses activités dans la Résistance se développent. Il rejoint le groupe franc de Romans et participe à des actions contre les Allemands et les collaborateurs. Parallèlement, il participe à la constitution clandestine à Romans et à Bourg-de-Péage d’une compagnie de volontaires destinée à rejoindre le maquis du Vercors le jour J. Il recrute 62 hommes et les encadre à partir de mars 1944. Il prend part à des coups de main pour éviter le départ en Allemagne de jeunes incorporés au Service du travail obligatoire, leur fournit de faux papiers d’identité, les héberge et les dirige vers le maquis du Vercors. Il participe à des réceptions de parachutages dans la région de Romans et dans le Vercors, de la fin 1943 à juin 1944, et à des sabotages de voies de chemin de fer. Il recueille des renseignements sur le terrain d’aviation allemand de Chabeuil et sur l’aménagement des grottes de Châteauneuf-d’Isère dans lesquels les Allemands entreposent du matériel aéronautique.

Il rejoint le maquis du Vercors à sa mobilisation le 9 juin 1944. Frédéric Bleicher est nommé lieutenant et se voit confier les fonctions d’officier de renseignements de la compagnie Abel. Il est chargé de maintenir la sécurité et de recueillir des renseignements, notamment sur les mouvements des troupes allemandes et des miliciens. Il organise un réseau de renseignements qui s’étend de Pont-en-Royans à Grenoble. Le 15 juin, il participe aux combats de Saint-Nizier durant lesquels il est blessé. Jusqu’à l’attaque allemande sur le maquis du Vercors, le 21 juillet, il effectue des missions de liaison et de renseignement.

Après l’occupation allemande du Vercors, il rejoint Romans vers le 9 août et est nommé chef du service de renseignements de la Drôme-Nord. Le 22 août, il participe aux combats de la libération de Romans puis est nommé chef du 2e bureau de Romans-Bourg-de-Péage, responsable de la recherche des miliciens et des collaborateurs. Le 30 août, il participe à l’attaque des colonnes allemandes qui se replient le long de la nationale 7.

En septembre, il s’engage au sein du 1er bataillon de la 2e demi-brigade de la Drôme qui fait partie de la 1ère Division alpine FFI. Il est nommé officier de renseignements du bataillon et adjoint du chef du 2e bureau de la demi-brigade. Il rejoint alors la Maurienne et participe jusqu’en novembre aux combats contre les Allemands qui tiennent les cols assurant les arrières des forces de l’Axe en Italie du Nord. Volontaire pour commander une mission de guidage de tirs d’artillerie en montagne, il est blessé. Après la relève de son bataillon, à partir de la fin novembre, il accomplit des missions de renseignement en Rhône-Alpes ainsi qu’à Paris pour le compte du service central de renseignements FFI. Le 1er février 1945, il est affecté au 5e bureau de l’état-major général de guerre chargé de la sécurité militaire pour mener des enquêtes contre le sabotage industriel dans les établissements travaillant pour le département de la guerre. Frédéric Bleicher est ensuite mis à la disposition de la direction du service de santé et affecté à l’hôpital militaire du Val de Grâce en tant que dentiste le 12 mars. Il est démobilisé le 6 décembre 1945.

La médaille de la Résistance lui est décernée par décret du 24 avril 1946. Frédéric Bleicher décède à Paris le 1er avril 2006.


Auteur : Maurice Bleicher