Brassard du mouvement Libération-Nord

Genre : Image

Type : Brassard

Source : © Collection Maurice Bleicher Droits réservés

Détails techniques :

Brassard en tissu brodé. La mention du mouvement, Libé Nord, encadre une croix de Lorraine brodée en jaune.

Date document : 1944

Lieu : France

Ajouter au bloc-notes

Contexte historique

Libération-Nord est un des grands mouvements de résistance de zone nord, crée par Christian Pineau en novembre 1941 à Paris et en activité jusqu'à la libération de la capitale en août 1944. Le mouvement se constitue autour de l'équipe qui a signé, le 15 novembre 1940, le Manifeste des douze - ronéotypé dans les locaux de la Caisse d'Assurances sociales "Le Travail"- formée de syndicalistes socialistes et chrétiens réunis, rue de Verneuil, en un Comité d'Etudes économiques et syndicales. Parmi les signataires de ce Manifeste, on trouve en effet neuf confédérés (Capocci, Chevalme, Gazier, Jaccoud, Lacoste, Neumeyer, Pineau, Saillant et Vandeputte) et trois syndicalistes chrétiens (Bouladoux, Tessier et Zirnheld). Les travaux de ce Comité sont régulièrement publiés dans un bulletin dont l'activité légale sert de couverture au journal clandestin Libération-Nord  dont le premier numéro paraît le 1er décembre 1940.

Le mouvement Libération-Nord, dont la naissance officielle est annoncée dans le numéro du journal daté du 30 novembre 1941, veut être l'expression, dans la Résistance, de l'union des tendances non communistes de la CGT, de la CFTC et de la SFIO clandestines. Les structures à la fois horizontales et verticales de l'organisation syndicale permettent un recrutement à la fois rapide, cohérent et important de militants. Depuis le retour de Christian Pineau de son premier voyage à Londres, le mouvement Libération-Nord se trouve dès le printemps 1942 sous influence socialiste avec, à sa tête, Henri Ribière, la direction du journal étant confiée à Jean Texcier.  Ce voyage à Londres permet également de mettre sur pied deux principaux réseaux BCRA de renseignements économiques, politiques et militaires, Phalanx en zone sud sous la direction de Christian Pineau (Garnier), et Cohors en zone nord, sous la direction de Jean Cavaillès (Marty).
Début 1943, le mouvement commence à organiser des groupes armés sous l'impulsion de Jean Cavaillès et sous la direction du colonel Zarapoff. Représenté au CNR, le mouvement refuse pourtant sa participation aux MUR en décembre 1943.

En Ile-de-France, les premiers groupes de Libération-Nord sont implantés dans les Ve (André Angousset), VIIe (Henri Janvier, Albert Lelay et Marguerite Renard), et IXe arrondissements, ainsi que dans le XVIe (Delfieu, receveur principal) et le XVIIIe (Gaston Gévaudan), crées fin 1940-début 1941 par d'anciens militants socialistes. Les sections de banlieue sont rattachées entre 1941 et 1943. Là aussi les contacts avec les socialistes permettent de drainer nombre de soutiens.  Henri Sellier à Suresnes, Pierre Jacob à Levallois-Perret, Emile Lalande à la Garenne-Colombes, Thil à Montrouge, Pierrey à Wissous, Cottinaud à Bagneux, Robert Belvaux au Perreux, Jean Merlane à Champigny-sur-Marne, André Ohlesser à Nogent-sur-Marne sont les artisans de la toute première présence de Libération-Nord dans la région parisienne. La diffusion de la presse clandestine, Libération, mais aussi Le Populaire, Socialisme et Liberté, Combat et Défense de la France constitue, dans un premier temps, l'activité centrale de ces sections.

Dans le IXe arrondissement, les Francs-maçons sont les initiateurs du groupe, bientôt rejoints par des socialistes et des syndicalistes. L'activité menée prend également un tour spécifique, tournée vers la protection des Francs-maçons et des Juifs. Dès l'automne 1941, les premières arrestations déciment le groupe : Maurice Cordonnier, Lemaire, directeur de la Caisse d'Assurances sociales "Le Travail", René Boulanger, syndicaliste sont arrêtés. En relation avec le centre de démobilisation de la rue de Liège, la section du IXe, sous la direction d'André Hardy, installe un service de faux-papiers, fabriqués par l'imprimeur Félix Giroud. Hébergement d'aviateurs alliés, collecte de renseignements, stockage d'armes sont à l'actif du groupe. Hardy devient à la Libération, président du CLL puis maire du IXe arrondissement.
Le groupe du Ve arrondissement, dont le journal de marche a été conservé, se montre particulièrement présent au moment de la Libération de Paris. Outre la diffusion de la presse clandestine, le groupe étend ses activités, à partir de 1942, aux fausses cartes d'identité et d'alimentation. En 1943, s'y ajoutent le stockage d'armes, le renseignement et la formation de groupes paramilitaires. Fin 1943-début 1944, sous la direction d'Henri Clavier, épaulé par Marcel Bourgeois puis Troude, des groupes paramilitaires sont constitués dans l'arrondissement, renforcés par l'arrivée de maquisards de la forêt de l'Isle-Adam sous la responsabilité d'Etienne Breuil. Le gendarme Simon, de Maisons-Alfort, se charge de l'instruction des troupes. Après la prise de la préfecture de Police par la Résistance, le groupe du Ve s'empare du poste téléphonique du 3, rue de la Montagne Sainte-Geneviève afin d'assurer les liaisons entre les groupes combattants de la capitale. Le dimanche 20 août 1944, il prend possession de l'immeuble du Matin qu'il occupe. De véritables affrontements avec les Allemands ont lieu, le même jour, au pont Saint-Michel et à la Bastille, ainsi que le lendemain, place Maubert et à l'angle du Boulevard Saint-Germain et de la rue Saint-Jacques. 

La participation des groupes de Libé-Nord aux combats de la Libération de Paris est également attestée dans les autres arrondissements. Dans la banlieue sud, les troupes du colonel Léoni, dit Rivière, ancien officier d'active, nommé en 1944 chef des FFI de la région qu'il instruit, sont particulièrement actives avec près de 7.000 combattants venus de Libération-Nord mais aussi de l'OCM, du MLN, de Libération-Vengeance et des FTP. Dans la banlieue Est, un ancien officier d'active, polytechnicien, le capitaine L'Hermitte dit Bourgoin est chargé par Belvaux de l'organisation militaire du secteur, tout en assumant le commandement FFI de la région.


Alya Aglan in DVD-ROM La Résistance en Ile-de-France, AERI, 2004