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18 juillet 1945, première commémoration à Signes

Légende :

Le Provençal, 19 juillet 1945

Genre : Image

Type : Article de presse

Source : © Collection Robert Mencherini Droits réservés

Détails techniques :

Document imprimé photographie et scan (voir recto-verso).

Date document : 19 juillet 1945

Lieu : France - Provence-Alpes-Côte-d'Azur - Bouches-du-Rhône - Marseille

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Analyse média

L’article intitulé « Anniversaire des fusillés de Signes » occupe, en bas de page, sur trois colonnes, près du tiers de la une du Provençal, « organe des socialistes et républicains ». [Se reporter à la photographie au verso]. De fait, ce quotidien du matin, édité à Marseille, porte, depuis la Libération, la parole du courant socialiste et du Mouvement de libération nationale. L’article sur Signes est surmonté d’une photographie (la seule de cette page), ce qui attire l’attention du lecteur.
Les autres grands titres concernent la conférence de Potsdam et les positions de Staline, l’offensive américaine contre le Japon, le procès à venir de Philippe Pétain, le débat à l’assemblée consultative sur l’Algérie. L’article fait le récit de la première commémoration du massacre des 38 résistants exécutés en juillet-août 1944, dans le vallon de Signes, en suit le déroulé, énumère les divers participants et reproduit des extraits des allocutions.


Robert Mencherini

Contexte historique

Un an après le massacre des résistants dans le vallon de Signes, la Seconde Guerre mondiale n’est toujours pas terminée, même si les conférences internationales se préoccupent de l’après-guerre et de la capitulation du Japon - qui n’interviendra que dans plusieurs semaines. Des questions qui sont appelées à jouer un grand rôle dans les années à venir se posent en France, comme celle de l’Algérie, après « les incidents » de mai 1945, que l’assemblée consultative et les autorités ont tendance à sous-estimer et ont beaucoup de mal à analyser. Alors que la guerre est terminée en Europe, depuis la capitulation de l’Allemagne en mai 1945, les événements de la période 1939-1944 gardent toujours une grande importance. Ils occupent avec l’épuration (le procès Pétain à venir) et le rappel de Signes, la moitié de la une du numéro du Provençal du 19 juillet 1945.

Le sous-titre de l’article sur Signes pose d’emblée la question de la mémoire de ces événements tragiques avec la citation d’Henri Frenay : « Ce vallon restera un des hauts lieux de France ». Ce sous-titre attire aussi l’attention sur la participation d’un ministre à la première commémoration. La présence d’Henri Frenay apparaît logique : ministre des prisonniers et déportés, il est aussi le créateur, pendant la guerre, du mouvement clandestin Combat (intégré ensuite dans les Mouvements unis de Résistance - Mouvement de Libération nationale, MUR-MLN) auquel appartiennent la majorité des fusillés de Signes. On trouve, aux côtés du ministre, toutes les autorités civiles (dont le commissaire régional de la République Paul Haag), militaires (trois détachements) et religieuses. Certains sont des compagnons de Résistance des victimes : c’est le cas de Flavien Veyren, préfet des Bouches-du-Rhône, de Pierre Massenet, préfet délégué à la ville de Marseille, de Gaston Defferre, président de la délégation municipale de Marseille, de Francis Leenhardt et Max Juvenal, du général Chevance-Bertin, des représentants des comités départementaux de Libération du Var et des Basses-Alpes ou du général Schmidt. La fédération socialiste du Var a envoyé une délégation ainsi que l’organisation de Résistance de l’armée (ORA) à laquelle appartiennent plusieurs fusillés. Les Américains sont présents avec le major Todd de la Delta base section (DBS) et le consul général d’Amérique, ainsi que le consul de Belgique.

Henri Frenay pose la première pierre du monument prévu et la commémoration commence avec de brefs discours du maire de Signes et de Pierre Mariani, président de l’association des familles de fusillés de Signes et de Provence. Après une courte cérémonie religieuse assurée par les représentants des trois cultes catholique, protestant et juif, plusieurs allocutions rendent hommage aux victimes. Le ministre conclut en garantissant la pérennité du site et en insistant sur sa valeur mémorielle.

Tous les ans, à l’occasion des commémorations des massacres de Signes, des articles paraissent dans la presse quotidienne, parfois dans les hebdomadaires. Beaucoup relèvent, comme à l’occasion de cette première cérémonie, le contraste qui existe entre le « cadre tranquille de la campagne provençale » et les événements tragiques qui s’y sont déroulés. La plupart évoquent également l’isolement du lieu, renforcé par le chemin malcommode et  caillouteux qui y conduit. Autant d’éléments - liés à la nature du site - qui rendent difficile l’organisation des commémorations.


Robert Mencherini