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Les élections cantonales (septembre 1945) commentées dans la presse marseillaise

Légende :

Recto : journal Rouge-Midi, 24 septembre 1945 ;

Verso : journal Le Provençal, 2 octobre 1945

Genre : Image

Type : Articles de presse

Source : © Collection Robert Mencherini Droits réservés

Détails techniques :

Documents imprimés sur papier journal (voir recto-verso).

Date document : 24 septembre et 2 octobre 1945

Lieu : France - Provence-Alpes-Côte-d'Azur - Bouches-du-Rhône - Marseille

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Analyse média

Les quotidiens régionaux accordent une place importante aux élections cantonales des 23 et 30 septembre 1945. Au lendemain du premier tour, Rouge-Midi, qui consacre sa une aux résultats, se félicite des scores réalisés par les candidats du PCF. Celui-ci obtient trois élus à Marseille (Josette Reibaut, Denis Bizot, et Jean Labro et arrive en tête dans cette ville avec 110 000 voix). Dans les Bouches-du-Rhône, deux autres communistes sont élus à Arles et Port-Saint-Louis-du-Rhône. L’ensemble est illustré par des photographies des élus de Marseille, de Jean Cristofol et François Billoux et « d’une vieille Marseillaise » en train de voter.

Le Provençal du mardi 2 octobre 1945 affecte la moitié de sa une aux résultats définitifs de ces élections. Le titre principal insiste sur la majorité obtenue au niveau national par les socialistes et estime, de manière significative, qu’il s’agit d’un message en faveur d’une « République rénovée, dans l’ordre et la liberté ». Le bilan pour la région provençale est l’objet d’un encadré beaucoup plus discret. Celui-ci signale que les socialistes demeurent majoritaires au sein des conseils généraux des Bouches-du-Rhône, du Var et représentent la moitié des élus dans les Basses-Alpes. Le seul regret formulé porte sur le taux élevé des abstentions. Les photographies de la une évoquent d’autres événements.


Robert Mencherini

Contexte historique

Au cours du premier semestre 1945, les diverses tentatives pour nommer un conseil général provisoire se sont heurtées à l’opposition des mouvements, et surtout à celle du CDL qui n’entend pas perdre ses prérogatives. Ce sont finalement des élections cantonales, programmées pour les 23 et 30 septembre 1945 (sauf pour Paris), qui permettent la mise en place des nouvelles assemblées départementales. À Marseille et dans les Bouches-du-Rhône, sont en concurrence le MRP, la SFIO alliée à l’Union démocratique et socialiste de la Résistance (UDSR), le PCF, les radicaux socialistes et le Comité d’union des partis républicains et démocratiques, dont la figure de proue est Henry Bergasse.

Les résultats définitifs montrent une poussée très importante du Parti communiste. Le PCF qui était représenté, avant-guerre, par trois élus au conseil général, emporte quatorze des trente-quatre sièges du département. Il est largement majoritaire à Marseille où il obtient neuf élus sur douze et 45 % des suffrages exprimés au premier tour, dont le PS ne recueille que 28 %. Les radicaux-socialistes connaissent un échec cuisant, avec quelques milliers de voix dans le département et quelques centaines à Marseille. Le MRP obtient deux élus. La SFIO, en légère progression, garde, malgré tout, la direction du conseil général dont Félix Gouin est élu président le 29 octobre 1945, par trente-trois voix sur trente-quatre votants.  

Pourtant, ces résultats sont lourds de conséquences pour le Parti socialiste. Le faible score réalisé à Marseille conduit les élus de ce courant à quitter le conseil municipal. Le Provençal publie, le 2 octobre 1945, la lettre de démission du groupe socialiste et MLN du conseil municipal. En revanche, les élus de la mouvance communiste se maintiennent à leur poste et se partagent les responsabilités abandonnées par les socialistes. Le communiste Jean Cristofol est élu président du conseil municipal.


Auteur : Robert Mencherini

Sources :

Archives Départementales (AD) des Bouches-du-Rhône - 149 W, rapports des renseignements généraux ; presse régionale ; 

Robert Mencherini, La Libération et les années tricolores (1944-1947). Midi rouge, ombres et lumières, tome 4, Paris, Syllepse, 2014.