Les fêtes de la victoire à Marseille

Légende :

Extrait des Actualités Françaises, diffusées le 18 mai 1945, concernant les fêtes de la Victoire qui se sont tenues à Marseille, le 8 mai 1945 (INA)

Genre : Film

Type : Actualités filmées

Source : © Institut national de l’audiovisuel Droits réservés

Détails techniques :

Les Actualités Françaises - 18/05/1945 - Film sonore en noir et blanc d'une durée de 2 min et 55 sec.

Date document : 18 mai 1945

Lieu : France - Provence-Alpes-Côte-d'Azur - Bouches-du-Rhône - Marseille

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Analyse média

À Marseille, pour fêter la victoire, défilé des troupes américaines, anglaises, françaises et d'un détachement de l'Armée rouge sous les acclamations des Marseillais.


Site Internet de l'INA.

Contexte historique

Beaucoup avaient cru, l'été précédent, que la guerre s'était terminée à partir du moment où ils étaient libérés. Il avait fallu vite déchanter. Le terrible hiver 1944-1945 avec ses pénuries, l'absence de tous ceux qui se trouvaient contre leur gré en Allemagne et dont on restait sans nouvelles, les combats qui continuaient non seulement dans le Nord-Est, mais aussi sur le front des Alpes avec des troupes issues des régiments FFI avaient rappelé la population à cette réalité. Mais, avec le printemps, l'issue prochaine ne faisait plus de doute, en Europe du moins. L'annonce de la capitulation officielle de l'Allemagne, le 8 mai, est d'autant moins une surprise qu'elle entérine celle qui avait été signée la veille, le lundi 7, à Reims et que, dans une édition spéciale, les journaux avaient fait connaître. L'annonce de la cessation des hostilités, le 8, à 15 heures, heure officielle de la proclamation à Londres, Moscou, Paris et Washington, n'en suscite pas moins un formidable mouvement de joie partout en France, avec sonnerie de cloches ou de sirènes à l'appui.

Marseille n'est pas en reste. Les quotidiens sont arrachés, à tel point que, la pénurie de papier ne permettant pas le retirage, ils sont finalement affichés sur les murs. La Marseillaise décrit ainsi l'ambiance : « Dans les rues, c'est la revanche de la joie retrouvée. On s'interpelle, on gesticule. Le soleil brille de 1 000 feux ». Le lendemain, une foule considérable envahit le centre-ville, des Mobiles au Vieux-Port, pour assister au défilé de la Victoire auquel participent des éléments du 7e RTA et du 3e Tabors, qui ont contribué à la libération de la ville et vers lesquels un grand élan de solidarité s'exprime, notamment par la création de comités de parrainage. Dans le défilé, ont été réintégrés les anciens combattants (parfois contestés auparavant pour le soutien que beaucoup avaient apporté au maréchal Pétain). Ils sont suivis par les invalides de la guerre 1939-40 ou des combats de la Libération.

La participation d'éléments des armées alliées est une autre caractéristique du défilé. Marseille, lieu de rapatriement pour les uns (vers l'URSS) ou base logistique essentielle pour les autres, possède en effet le privilège d'abriter des militaires des trois principaux pays vainqueurs. Les Soviétiques qui défilent sans armes sont sans doute des éléments issus des prisonniers que les Allemands ont incorporés dans certaines de leurs unités (Arméniens et Azéris en particulier) et qui, récupérés à la Libération (en ayant parfois fait le coup de feu avec la Résistance), attendent, avec plus ou moins d'enthousiasme, d'être rapatriés. Les Américains proviennent de l'impressionnante Delta Base édifiée en un temps record, non loin d'Aix, à Calas, plaque tournante des flux en hommes et en matériel qui alimentent le front. Le ton du commentaire, l'allusion aux origines de l'hymne national, les drapeaux, les V de la Victoire, l'enthousiasme général, tout est là pour indiquer que, cette fois, le cauchemar est bel et bien terminé.


Jean-Marie Guillon pour les Fresques INA - Repères méditerranéens (2015).