L'ANACR, un acteur associatif de la mémoire résistante

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Article de presse intitulé « Anciens combattants, l'ANACR dit non une nouvelle fois aux forclusions », tiré de l'Yonne Républicaine, 2 mai 1987, et paru le lendemain de l'Assemblée générale de l'ANACR de l'Yonne à Migennes

Depuis sa fondation au lendemain de la guerre, l’Association nationale des anciens combattants de la Résistance (ANACR), s’est engagée en faveur du Parti communiste et de l’URSS, a pesé sur le débat public et a milité pour défendre les intérêts des résistants du département

Genre : Image

Type : Article de presse

Producteur : L'Yonne Républicaine, 2 mai 1987

Source : © ARORY Droits réservés

Détails techniques :

Document imprimé sur papier journal. Voir aussi le média lié.

Date document : 2 mai 1987

Lieu : France - Bourgogne - Franche-Comté (Bourgogne) - Yonne - Migennes

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Analyse média

Au cours de cette assemblée générale du 1er mai 1987 (photo), l’ANACR, proche du PCF, milite pour la levée des forclusions, c’est-à-dire pour la suppression d’une règlementation tatillonne privant bon nombre de résistants du titre de résistant et de l’obtention de la carte de Combattant volontaire de la Résistance (CVR).
Les conditions pour l’obtenir (droit à une pension, à des aides et à des titres) étaient sévères : être membre d’une organisation de Résistance homologuée, bénéficier d’une attestation de deux résistants de cette même organisation, avoir 18 ans à l’époque, avoir résisté au moins 90 jours avant le Débarquement de Normandie… Or, cette législation restrictive - pour des raisons d’économie - était injuste. Toutes les organisations de Résistance n’avaient pas été correctement homologuées et les officiers liquidateurs qui en étaient chargés n’avaient pas forcément été à la hauteur de leurs responsabilités. Certains résistants n’avaient pu bénéficier d’attestation car leurs camarades étaient morts au combat, d’autres n’avaient pas pu candidater dans la courte période de demande de cartes.

En 1987, la levée des forclusions était l'un des thèmes de campagne de François Mitterrand. Devenu président, il fera voter une règlementation plus souple (lois du 10 mai 1989 et du 4 janvier 1993) : abaissement de l’âge de l’engagement résistant à 16 ans, 80 jours de services exigés, et une seule attestation d’un résistant membre d’une formation homologuée.

Cette assemblée migennoise (de plus de 500 adhérents) révèle le positionnement de l’association face aux autres questions de l’époque. Robert Loffroy, le secrétaire général, déplore la baisse de fréquentation des cérémonies patriotiques. Le président délégué, Robert Bailly, se félicite du rapprochement russo-américain dans le cadre du désarmement. Les présidents Marcel Poux et Jacques Direz souhaitent relancer la connaissance et l’enseignement de la Résistance dans le département.

À l’issue de l’assemblée, des gerbes sont déposées devant la stèle Jean Moulin, puis au monument aux morts, en présence du maire communiste de Migennes, Guy Lavrat. Robert Loffroy y décore quatre adhérents de la croix de Guerre 1939-1945 ou de la croix du Combattant volontaire de la Résistance.


Auteur : Frédéric Gand

Sources :

CD-ROM La Résistance dans l'Yonne, AERI-ARORY, 2004.

C. Delasselle, J. Drogland, F. Gand, T. Roblin, J. Rolley, Un département dans la guerre. Occupation, Collaboration et Résistance dans l’Yonne, Paris, éd. Tirésias, 2007.

Contexte historique

L’Association nationale des anciens FFI-FTPF, fondée en 1945 et devenue l’ANACR en 1952, s’est d’abord engagée dans la défense de la mémoire de la Résistance et des résistants. Dans les débuts de la « guerre froide », à la fin des années quarante, elle s’est particulièrement attachée à défendre les résistants communistes, victimes de sévères condamnations. Son action locale s’est révélée efficace dans la défense d’Emile Philippot, un résistant du maquis Vauban injustement condamné à Dijon à la peine de vingt ans de travaux forcés pour avoir dénoncé à la Gestapo un gendarme résistant de Semur-en-Auxois. Tout au long de la « guerre froide », l’ANACR milite également pour « la défense de la paix », mais lutte en réalité contre le réarmement de l’Allemagne et la CED (Communauté européenne de Défense), épousant largement les positions idéologiques et antiaméricaines du Parti communiste.

Mais l’ANACR s’est aussi dévouée pour défendre la mémoire des résistants, morts et vivants. Elle s’est souvent associée, et parfois opposée aux municipalités (comme à Stigny et à Champvallon) pour faire inscrire le nom des résistants sur les monuments aux morts, pour faire reconnaître les résistants auprès des services de l’ONAC, pour poser des plaques et des stèles et pour organiser des commémorations. Les présidences de Robert Loffroy et de Robert Bailly ont été marquées par une intense activité mémorielle et par un militantisme prononcé.

Depuis une quinzaine d’années, l’association ne se positionne plus dans le débat public, mais maintient une activité commémorative. Le calendrier des commémorations de l’ANACR pour l’année 2006 prévoyait encore une trentaine de journées de cérémonies dans tout le département, entre juillet et août.

Elle a modifié ses statuts pour pouvoir admettre des membres qui n'ont pas vécu l'Occupation et qui sont désormais « Les amis de l'ANACR ». C'est d'ailleurs un petit-fils de résistant déporté, actif militant de la mémoire de la Résistance et de la déportation, Jean-Luc Prieur, qui en est aujourd'hui le président départemental.


Auteur : Frédéric Gand

Sources :

CD-ROM La Résistance dans l'Yonne, AERI-ARORY, 2004.

C. Delasselle, J. Drogland, F. Gand, T. Roblin, J. Rolley, Un département dans la guerre. Occupation, Collaboration et Résistance dans l’Yonne, Paris, éd. Tirésias, 2007.

Robert Loffroy, Mémoires d'un résistant et militant communiste de l'Yonne, Auxerre, ARORY, 2014.