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Unes du journal Le Provençal des 8 et 9 mai 1945

Légende :

Unes du journal Le Provençal, diffusé le 8 mai (recto) et le 9 mai 1945 (verso)

Genre : Image

Type : Articles de presse

Source : © AD Bouches-du-Rhône, PHI 420-1 Droits réservés

Détails techniques :

Document imprimé sur papier journal (voir recto-verso).

Date document : 8 et 9 mai 1945

Lieu : France - Provence-Alpes-Côte-d'Azur - Bouches-du-Rhône - Marseille

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Analyse média

Ces deux unes du journal Le Provençal, parues respectivement le 8 et le 9 mai 1945, annoncent la capitulation allemande face aux Alliés et rendent compte des « fêtes de la Victoire » ayant eu lieu à Marseille.

Le journal du 8 mai est ainsi titré : « L’Allemagne s’est rendue sans conditions aux Alliés occidentaux et soviétique hier matin, à 2 h 41, dans une école de Reims ». Cet article nous rappelle ainsi qu’avant même l’acte définitif de reddition signé à Berlin, le 8 mai, une première capitulation sans condition des armées du Reich avait été signée la veille à Reims. Le sous-titre de cette une indique également que les annonces officielles, déclenchant les festivités, auront lieu le jour même : « Le jour « V » sera annoncé cet après-midi par une déclaration radiodiffusée des chefs des gouvernements américain, anglais, français et russe ».

Le 9 mai, le journal Le Provençal rend compte des grandes manifestations populaires qui ont eu lieu, la veille, dans les rues et sur les places principales de la cité phocéenne. Il publie ainsi, sur sa une, une photographie de la foule, rassemblée sur la Canebière, le 8 mai, à 15 heures, ainsi qu’un article intitulé « Le peuple de Marseille, dans un élan magnifique inoubliable, a manifesté sa joie et sa reconnaissance ».

Sur ces deux unes du journal, on note la forte présence de la symbolique du « V », que ce soit dans le titrage des articles ou encore sur les photographies publiées, où nombreux sont les manifestants qui, posant pour le cliché, forment ce « V de la Victoire » avec leurs doigts. Il est également intéressant de relever que le journal publie, successivement, dans l’encart en haut à gauche du titre de sa « une », la photographie d’un jeune garçon formant de ses doigts le « V de la Victoire » pour le numéro du 8 mai 1945, puis, pour celui du lendemain, la photographie d’une femme éplorée.
Si le choix de ces encarts photographiques successifs relève peut-être du simple hasard, il est malgré tout révélateur des sentiments ambigus et parfois contradictoires que peuvent ressentir de nombreux Français à l’occasion de ces « célébrations » du 8 mai 1945, partagés entre la joie inspirée par l’annonce d’une victoire tant attendue, et l’attente douloureuse du retour des « absents » ou encore le souvenir des disparus.


Laetitia Vion

Contexte historique

Au printemps 1945, la victoire des forces alliées face aux troupes allemandes semble certaine. Leur avancée rapide en Allemagne, à partir du mois de mars, puis le suicide de Hitler, à la fin du mois d’avril, scelle définitivement le sort du Reich allemand.

L’amiral Doenitz, qui a pris la tête du gouvernement provisoire et préfère négocier avec les Occidentaux plutôt qu’avec les Soviétiques, autorise alors le général Jodl à signer la capitulation sans condition des armées du IIIe Reich, le 7 mai à Reims. La signature a lieu dans une salle du collège Moderne et Technique de Reims où s’est installé le Quartier général du SHAEF (Supreme Headquarter Allied Expeditionnary Forces – Commandant en chef des forces expéditionnaires alliées). Mais Staline exige que l’acte définitif soit signé à Berlin, par un représentant officiel du Haut Commandement des troupes soviétiques. C’est chose faite, le lendemain, 8 mai 1945, quand le second acte est ratifié en présence du soviétique G. K. Joukov, du maréchal W. Keitel, de l’américain A. W. Tedder, et du général français de Lattre de Tassigny.

Annoncée par la presse nationale et régionale, la capitulation allemande et la fin de la guerre en Europe sont célébrées à 15 heures, par le son des cloches et des sirènes retentissant dans les villes, tandis que le général de Gaulle en fait l’annonce radiophonique. De grandes cérémonies ont lieu à Paris, où la foule se rassemble dans divers lieux de la capitale, et notamment à l’Arc de Triomphe, mais également en province. Pour permettre aux Français de fêter cette victoire tant attendue, le 8 mai après-midi et le 9 mai 1945 ont été décrétés exceptionnellement fériés.

À Marseille, une foule importante se rassemble dans les principales rues et places de la ville, pavoisées pour l’occasion, sur la Canebière, le quai des Belges ou encore sur la place Félix-Baret devant la préfecture régionale où le message radiophonique du général de Gaulle est diffusé par haut-parleurs. Le lendemain, 9 mai, les Marseillais assistent au défilé de la Victoire, auquel participent les troupes françaises, et notamment des unités comme le 7e RTA ou le 3e GTM qui ont participé à la libération de la ville en août 1944, ainsi que des soldats anglais, américains et soviétiques des armées alliées, encore présentes à Marseille et dans sa région.


Auteur : Laetitia Vion

Sources :

Exposition Les Forces de la Liberté - ONACVG, 2013.

Site Internet Les chemins de la Mémoire, article « Le 8 mai »  ; article « Le musée de la reddition à Reims », 

Robert Mencherini, La Libération et les années tricolores (1944-1947). Midi Rouge, ombres et lumières, tome 4, Paris, Syllepse, 2014.