Monument érigé à la mémoire du maquis Verneuil

Légende :

Monument érigé au hameau des Iles Ménéfrier, au cœur du Morvan, à la mémoire du maquis Verneuil, maquis de l’organisation Libération-Nord, installé en ce lieu au cours de l’été 1944

Genre : Image

Type : Monument

Source : © Cliché C. Delasselle Droits réservés

Détails techniques :

Photographie numérique en couleur (2004).

Date document : 2004

Lieu : France - Bourgogne - Franche-Comté (Bourgogne) - Yonne - Quarré-les-Tombes

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Analyse média

Ce monument est érigé au bord de la petite route qui mène de Quarré-les-Tombes au hameau des Iles Ménéfrier, à l’entrée de ce hameau, situé dans une vallée sauvage et isolée au cœur du Morvan, à la limite des départements de l’Yonne et de la Nièvre.

Il se compose d'un petit mur maçonné formé de pierres granitiques de la région, sur lequel est fixée une plaque de granit bleu portant une inscription en lettres dorées, gravée par M. Hédou, de Tonnerre : « Ici deux mille patriotes du maquis Verneuil ont lutté pour la liberté. 1944 ».
Ce monument a été inauguré le 23 août 1964, en présence du chef de ce maquis, Jean Chapelle (commandant Verneuil).
Depuis, chaque année, au cours de l’été, est célébrée à cet endroit une cérémonie commémorative regroupant les anciens du maquis Verneuil.


Auteur : Claude Delasselle

Sources :

C. Delasselle, J. Drogland, F. Gand, T. Roblin, J. Rolley, Un département dans la guerre. Occupation, Collaboration et Résistance dans l’Yonne, Paris, éd.Tirésias, 2007.

CD-ROM La Résistance dans l'Yonne, AERI - ARORY, 2004.

Contexte historique

C’est dans ce petit hameau de quelques maisons que s’est installé, fin juillet 1944, le plus important des maquis de l’Yonne sur le plan numérique. Le choix de cet endroit s’explique par deux raisons :

- le projet (souvent dénommé « Hérisson du Morvan »), élaboré en mai 1944 par le COMAC, état-major national des FFI, et les bureaux londoniens de la France libre, visant à constituer dans le Morvan un regroupement massif de forces combattantes, capable d’interdire aux forces allemandes le contrôle de cette région très vallonnée et boisée, et de combattre ensuite victorieusement contre les forces allemandes en retraite.

- la volonté de Jean Chapelle (commandant Verneuil), responsable militaire de Libération-Nord dans l’Yonne, de regrouper les maquisards de ce mouvement, qui étaient alors dispersés dans l’est et le sud du département de l’Yonne en trois maquis (maquis Aillot, maquis Horteur et maquis Garnier), appuyés par de nombreux groupes sédentaires. Après plusieurs attaques allemandes ayant causé de lourdes pertes, Verneuil décide de regrouper toutes les forces de son organisation en un maquis unique, installé dans un endroit très isolé, au milieu des forêts, à la limite de l'Yonne et de la Nièvre, capable par son nombre de faire face à l’ennemi avec des chances de succès. Verneuil est également persuadé que « le mouvement qui dirigera la Résistance de l’Yonne » sera celui qui « aura le plus d’hommes disciplinés, armés et ordonnés », espérant ainsi imposer Libération-Nord comme l’organisation dominante de la Résistance dans l’Yonne.

Ce projet, accepté par l’état-major FFI et le colonel Rondenay, délégué militaire régional, est mis en œuvre à la fin juillet 1944. Cinq convois, composés de dizaines de camions, camionnettes, autos et motos réquisitionnés, chargés d’hommes, d’armes et de matériel, ont traversé, du 24 juillet au 10 août, en plein jour et malgré les risques de rencontrer des troupes allemandes, une partie du département pour amener les volontaires de Libération-Nord depuis les régions de Saint-Florentin, de Tonnerre, de Vermenton et d’Avallon jusqu’au maquis des Iles Ménéfrier. Seul le groupe Bayard de Joigny, qui dépendait théoriquement de Libération-Nord, a refusé de participer à cette aventure, qu’il jugeait trop risquée.

Autour du petit hameau des Iles Ménéfrier, sont regroupés en août 1944 plus de 1 500 hommes, encadrés par une soixantaine d’officiers et autant de gendarmes. Il s’agit donc d’une concentration exceptionnelle, l'un des plus gros maquis de France, organisé en six compagnies regroupées en deux bataillons. Le maquis Verneuil est commandé par Jean Chapelle, le commandant Verneuil, qui, né en octobre 1924, n’a pas encore 20 ans. Son autorité naturelle, son charisme exceptionnel lui permettent de commander sans aucune contestation une telle masse d’hommes et d’avoir sous ses ordres des militaires de carrière de grades élevés et bien plus âgés que lui. Bien que des parachutages aient permis d’équiper peu à peu en armes cette masse d’hommes, une bonne partie des maquisards manque d’armes et d’équipement, ce qui aurait pu se révéler désastreux en cas de forte attaque allemande. Par ailleurs, les difficultés pour nourrir une telle quantité de personnes sont grandes, surtout dans une région pauvre comme l’est le Morvan.

Le maquis Verneuil a participé en août 1944 à plusieurs combats, notamment dans la région de Dun-les-Places, et à de nombreuses embuscades et attaques contre des convois allemands dans la région. Après son entrée dans Avallon, le 19 août, d’où sont partis les Allemands, plusieurs combats violents opposent, entre le 19 et le 24 août, dans la région d’Avallon (à Saint-Moré, Cussy-les-Forges, Pontaubert), des détachements du maquis Verneuil à des troupes allemandes en retraite.
Le 1er septembre, le régiment Verneuil reçoit l’ordre d’établir la liaison avec la Ire Armée française, qui a débarqué le 15 août en Provence et une grande partie des résistants de ce maquis partent sous le commandement de leur chef en direction de Dijon. Après avoir combattu en plusieurs endroits de l’Yonne et de la Côte-d’Or, les éléments du régiment Verneuil pénètrent le 10 septembre dans Dijon libéré.
Une majorité de maquisards du maquis Verneuil s’engage ensuite dans le 1er régiment du Morvan, qui part d’Auxerre au début octobre pour rejoindre la Ire Armée française sur le front des Vosges. Verneuil commande alors un bataillon qui combat dans les Vosges et l’Alsace.
En mars 1945, n’acceptant pas sa rétrogradation au grade de lieutenant, il démissionne de l’armée et quitte ses hommes, dont il était adoré.
Après avoir repris ses études (Sciences Po, ENA), il mène ensuite une brillante carrière de haut fonctionnaire au ministère des Finances ; il est également administrateur de nombreuses sociétés importantes (Régie Renault, Messageries maritimes, Institut français du pétrole, etc.) et préside, à partir de 1975, l’Institut géographique national.
Il est décédé à Paris le 8 août 1981.


Auteur : Claude Delasselle

Sources :

C. Delasselle, J. Drogland, F. Gand, T. Roblin, J. Rolley, Un département dans la guerre. Occupation, Collaboration et Résistance dans l’Yonne, Paris, éd.Tirésias, 2007.

CD-ROM La Résistance dans l'Yonne, AERI - ARORY, 2004.