Plaque à la mémoire du résistant Louis Coquillet, Rennes (Ille-et-Vilaine)

Légende :

Plaque à la mémoire du résistant Louis Coquillet, cheminot et sapeur-pompier bénévole, fusillé le 17 avril 1942 au Mont-Valérien.

Palais Saint-Georges, Place Pasteur, 35000 Rennes, France

Genre : Image

Type : Plaque commémorative

Producteur : Joris Brouard

Source : © Cliché Joris Brouard Droits réservés

Détails techniques :

Photographie numérique en couleur

Date document : 11 juin 2017

Lieu : France - Bretagne - Ille-et-Vilaine - Rennes

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Contexte historique

COQUILLET Louis, Albert, Jean est né le 6 mars 1921 à Saint-Méen-le-Grand (Ille-et-Vilaine) de Louis Coquillet (père) et de Léonie Jouet, tous les deux employés à la SNCF.
À l’âge de 12 ans, il décroche le certificat d’études avec de bons résultats ce qui lui permet d’accéder successivement à l’École primaire supérieure puis à l’École industrielle. Néanmoins, il choisit en 1936 de s’orienter vers l’apprentissage au sein des chemins de fer. En 1939, après avoir obtenu son CAP, il intègre les ateliers de la SNCF de Rennes en tant qu’ouvrier-serrurier. En parallèle de son activité professionnelle, il est membre de la société de gymnastique des cheminots de Rennes et s’intéresse au militantisme politique en adhérant en 1938 aux Jeunesses Communistes, organisation dans laquelle il accède au poste de secrétaire. Le 21 décembre 1939, il devient également sapeur-pompier volontaire comme son père, en rejoignant les effectifs de la caserne du Palais Saint-Georges où se situe le domicile familiale.

Peu après le déclenchement de la guerre, les organisations communistes sont interdites suite au pacte germano-soviétique d’août 1939 ce qui contraint les militants à agir clandestinement. À cet égard, Louis Coquillet poursuit ses activités politiques tout en bénéficiant d’un environnement professionnel propice à ses acticités parmi les nombreux militants qui travaillent aux ateliers de la SNCF.

En juillet 1940, connu sous le pseudonyme de « Lizette », il prend contact avec d’autres militants des Jeunesses Communistes dont les étudiants en médecine, Henri Bannetel et René Leherpeux. Avec ces derniers, il développe l’activité de propagande qui s’accroit véritablement au printemps 1941 avec la rédaction, la distribution et le transport de journaux et de tracts entre Rennes et Paris. Dans le même temps, Louis Coquillet se lance progressivement dans le recrutement de militants afin de constituer de futurs groupes clandestins.

À la suite du déclenchement de l’opération Barbarossa (invasion de l’URSS par l’Allemagne) le 22 juin 1941, les activités communistes deviennent la cible privilégiée de la répression des forces d’occupation et du Gouvernement de Vichy. À Rennes, de nombreux cadres des organisations communistes sont arrêtés parmi lesquels René Perrault, cheminot et des Jeunesses Communistes de Rennes aux ateliers de la SNCF. Louis Coquillet lui succède à la tête de l’organisation.

En prévision de la venue à Rennes de Jean Borotra, commissaire général à l’Éducation physique et aux Sports du gouvernement de Vichy le 14 juillet 1941, Coquillet et d’autres cheminots peignent des inscriptions hostiles à la Collaboration sur les murs du Vélodrome de Rennes censé accueillir le représentant du régime.

À l’été 1941, les militants communistes sont soumis à une surveillance accrue de la part des autorités. Le 4 août 1941, Fernand Morellon, Commissaire divisionnaire, chef du service régional des Renseignements généraux à Rennes, envoie deux de ses inspecteurs pour y effectuer une perquisition au domicile du ménage Coquillet situé dans un appartement de la caserne du Palais Saint-Georges. Lorsque les deux inspecteurs se présentent chez la famille Coquillet, seuls les parents sont présents. Louis arrive à l’heure du déjeuner. D’abord fouillé au corps par les inspecteurs, il profite d’une minute d’inattention de leur part pour les enfermer à clé dans l’appartement et prendre la fuite.

Activement recherché à Rennes et en Ille-et-Vilaine, Louis Coquillet se réfugie avec l’aide de sa fiancée, Francette Coquerelle, chez l’une de ses sœurs à Paris dans le XVIIème arrondissement. Condamné par contumace à 12 ans de travaux forcés le 12 septembre 1941 par la Section spéciale de la Cour d’appel de Rennes, il reprend néanmoins ses activités clandestines en région parisienne sous le pseudonyme de « René » et rejoint les Bataillons de la jeunesse formés à l’été 1941 qui ont l’ambition d’impulser la stratégie de lutte armée en France occupée.

Accompagné ou seul, Louis Coquillet prend part à une dizaine d’attentats et d’attaques commis contre l’Occupant ou des organes de la Collaboration dans la région parisienne entre novembre 1941 et janvier 1942 :
-  21 novembre 1941 : attentat contre la librairie allemande Rive Gauche du boulevard Saint-Michel, réalisé avec Marcel Bourdarias, Maurice Feferman, Pierre Georges, Maurice Le Berre, Georges Tondelier et Pierre Tourette.
- 26 novembre 1941 : attentat à la bombe contre la librairie militaire allemande située à l'angle de la rue de Rivoli et de la rue Cambon (Ier arr.).
- 2 décembre 1941 : attentat contre un local du RNP situé boulevard Blanqui (XIIIearr.), réalisé avec Marcel Bourdarias et Pierre Georges.
- 6 décembre 1941 : attentat boulevard Péreire (XVIIe arr.) contre le lieutenant Rahl. Réalisé seul l’officier allemand en sort grièvement blessé.
- 15 décembre 1941 : attentat contre un poste de la Feldgendarmerie situé à l'Hôtel Universel, rue de la Victoire (IXe arr.), réalisé avec Marcel Bourdarias.
- 17 décembre 1941 : incendie d'un camion de la Wehrmacht rue Mayran (IXe arr.), réalisé avec Marcel Bertone et Maurice Touati.
- 18 décembre 1941 : même opération rue Lamartine, à l'angle de la rue Buffault (IXe arr.), toujours avec Marcel Bertone et Maurice Touati. Les soldats allemands tirent. Coquillet et Touati parviennent à s'échapper, mais Bertone se fait arrêter.
- fin décembre 1941 : sectionnement d'un câble de transmission de la Wehrmacht dans le bois de Meudon, réalisé avec Marcel Bourdarias.
- 3 janvier 1942 : attaque d'un local du RNP 11 bis rue de la Procession (XVe arr.), avec Marcel Bourdarias, Maurice Feferman, Albert Gueusquin et Jean Vergé.

Le 4 ou le 5 janvier 1942, Louis est arrêté dans un café suite à un contrôle de police française alors qu’il tentait de s’enfuir en opposant « une vive résistance » selon le rapport de police. Il est remis à la Brigade spéciale n°2 des Renseignements généraux pour interrogatoire. On trouva sur lui un cachet de cyanure qu’il n’eut pas le temps d’avaler avant son arrestation.

Incarcéré à la prison de la Santé à Paris, il est jugé avec 26 autres résistants communistes au procès de la Maison de la Chimie qui se tint entre le 7 et 14 avril 1942. Condamné à mort, il est fusillé le 17 avril 1942 à 17h12 au Mont-Valérien. D’abord inhumé au cimetière d’Ivry, il repose désormais au cimetière de l’Est à Rennes (section 8, rang 15, tombe 5).


Auteur : Joris Brouard

Sources primaires :

- Archives départementales d’Ille-et-Vilaine :

  • 212W9
  • 1439W72 ; 1439W74

Bibliographie :

- BERLIÈRE Jean-Marc, LIAIGRE Franck, Le sang des communistes – Les Bataillons de la jeunesse dans la lutte armée – Automne 1941, Paris, éditions Fayard, 2004, 418 p.
- Notice « COQUILLET Louis » par Caroline Chalier et Cécile Hochard ; Les cheminots victimes de la répression, 1940-1945 ; ouvrage collectif sous la direction de Thomas Fontaine, éditions Perrin/SNCF, 2017, 1444 p.

Sites Internet :

- Dictionnaire biographique le Maitron : https://maitron.fr/spip.php?article20585

- Mémoire de guerre – la Résistance en Bretagne : http://memoiredeguerre.free.fr/biogr/coquillet.htm#deb

- Notice « Louis Coquillet » sur le Musée de la Résistance en ligne : http://www.museedelaresistanceenligne.org/musee/mediatheque/mediatheque.php?r_texte=louis%20coquillet&r_Tri=1