Dernière lettre à sa famille de Joseph Borgne, radio du réseau Johnny

Légende :

Dernière lettre à sa famille de Joseph Borgne, radio du réseau Johnny, depuis la prison de Fresnes : arrêté le 9 septembre 1941, torturé, jugé par un tribunal de guerre, il est fusillé le 24 juillet 1942.

Genre : Image

Type : Lettre de fusillé

Source : © Service historique de la Défense, CHA Vincennes, GR 28 P 4 221/22 Droits réservés

Détails techniques :

Retranscription dactylographiée

Date document : 24 juillet 1942

Lieu : France - Ile-de-France - Hauts-de-Seine - Suresnes

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Analyse média

Joseph Borgne écrivit plusieurs lettres à sa famille avant d'être exécuté au Mont-Valérien le 24 juillet 1942. La lettre présentée ici dans une forme retranscrite s'adresse à ses "tante, oncle et cousin". Elle est datée du jour-même de son exécution. 
Ce même jour, il écrivit également une lettre d'adieu à ses parents à Quimperlé. L'original de ce courrier est visible sur le site internet du Mont-Valérien.


Fabrice Bourrée

Contexte historique

Né le 22 novembre 1913 à Carhaix (Finistère), fusillé le 24 juillet 1942 au Mont-Valérien, commune de Suresnes (Seine, Hauts-de-Seine) ; facteur, employé de la SNCF ; résistant gaulliste.

Fils de Joseph, Yves, Marie Borgne, chef de dépôt à la gare de Carhaix, et de Louise, Marie Coatsaliou, ménagère, Joseph Borgne commença sa vie professionnelle dans un entrepôt de vêtements. La rue dans laquelle celui-ci se situait porte aujourd’hui son nom. Guichetier puis facteur à la SNCF, Joseph Borgne vivait à Carhaix. Il était marié à Marie Pastor et n’avait pas d’enfant. Le couple avait élu domicile rue Brizeux.

Résistant gaulliste, il était membre du réseau Johnny, dont il fut agent P1 à compter d’octobre 1940, puis P2 à partir de septembre 1941. Le 9 septembre 1941, il fut arrêté par les autorités allemandes à son domicile, au-dessus d’un café dont les locaux servaient à plusieurs résistants, pour « complicité d’espionnage » et « gaullisme », puis incarcéré à la prison d’Angers (Maine-et-Loire). Transféré le 20 décembre à la prison de Fresnes (Seine, Val-de-Marne), Joseph Borgne comparut devant le tribunal militaire du Gross Paris rue Boissy-d’Anglas (VIIIe arr.) qui, le 16 juillet 1942, prononça une condamnation à mort à son encontre pour « espionnage ». Joseph Borgne déposa un recours en grâce qui n’aboutit pas. Il a été fusillé le 24 juillet 1942 au Mont-Valérien par les autorités allemandes, après avoir refusé qu’on lui bande les yeux.

Dans une dernière lettre, adressée à ses parents et frères et sœurs, il avait écrit ces derniers mots : « Au revoir tous mes très chers. Je pars sans un regret sans une larme en bon Français et en bon Chrétien ». Il fut inhumé au cimetière d’Ivry-sur-Seine (Seine, Val-de-Marne), carré des corps restitués du cimetière communal, division 39, rang 3, tombe 9.

Joseph Borgne fut reconnu « Mort pour la France » par le secrétariat général aux Anciens Combattants le 6 décembre 1945. Homologué au grade de sous-lieutenant, il reçut à titre posthume la Légion d’honneur, la Médaille militaire et la Croix de guerre. Une rue de Carhaix porte son nom. Son nom figure sur le monument aux morts de la ville de Quimper (Finistère) et sur le monument commémoratif du Mont-Valérien.


Julien Lucchini pour le Maitron des fusillés et exécutés

SOURCES : DAVCC, Caen, B VIII 3 (Notes Thomas Pouty). – Ouest-France, 23 juillet 2014, entretien avec Dominique Mesgouez. – Mémorial GenWeb. – Site du mémorial du Mont-Valérien. – État civil, son nom officiel est bien Borgne et non Le Borgne.