Marie-Madeleine Fourcade, chef du réseau Alliance

Légende :

Photographie d'identité de Marie-Madeleine Fourcade extraite de son dossier individuel d'homologation conservé au Service historique de la Défense à Vincennes.

Genre : Image

Type : Photographie d'identité

Source : © SHD 16 P 90753 Droits réservés

Détails techniques :

Photographie analogique en noir et blanc

Date document : Vers 1947-48

Lieu : France

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Contexte historique

Issue d'une vieille famille coloniale (son père est sous-directeur des Messageries maritimes), Marie-Madeleine Bridou est née à Marseille le 8 novembre 1909 et a vécu jusqu'à l'âge de 10 ans en Extrême-Orient. Pensionnaire du très huppé Couvent des Oiseaux, résidant ensuite cinq ans dans le bled marocain, mariée au colonel Méric dont elle a cinq enfants, elle partage depuis 1938 les passions nationalistes du commandant Loustaunau-Lacau, dit "Navarre". Secrétaire du groupe de publications d'extrême droite qu'il a créé, elle est à ses côtés à Vichy en 1940 et participe à la rédaction de l'appel à "La Croisade" qu'il fait parvenir à Londres par divers intermédiaires, dont Jacques Bridou, son frère, puis à la création du réseau Alliance en avril 1941 sous l'égide de l'Intelligence Service, après le refus opposé par le général de Gaulle. 
Audacieuse, sachant s'entourer de dévouements nombreux, elle prend le relais de "Navarre" après son arrestation en mai 1941 et guide avec le commandant Faye, "Aigle", le développement de cette organisation à forte composante militaire et masculine. Elle-même prend le pseudonyme de "Hérisson", qui laisse planer le doute sur son sexe, et donne à chaque agent un pseudonyme d'animal, d'où le nom "Arche de Noé" du réseau. Ce dernier, très bien équipé, s'étend et fournit aux Britanniques de nombreux renseignements sur les sous-marins et les bases de V1 et V2. Fin 1941, le réseau possède des filières de passage de la ligne de démarcation des Pyrénées, des points d'hébergement, des agents de renseignement et de liaison.

Menant une vie itinérante, d'abord à travers la zone Sud au gré des déplacements de la centrale du réseau (Pau, Marseille, Toulouse, etc.), elle échappe à plusieurs reprises aux arrestations, en partie grâce aux appuis de ce dernier dans l'appareil vichyste. Elle a bénéficié une première fois de la valise diplomatique pour se replier clandestinement en Espagne à la fin de 1941. Arrêtée à son état-major à Marseille le 10 novembre 1942, peu après l'embarquement clandestin du général Giraud organisé par Alliance, elle peut s'évader avec ses compagnons en cours de transfert vers Castres grâce à la complicité de policiers liés au réseau (dont le commissaire Théus, futur responsable du réseau Ajax). Le travail du réseau se poursuit et, en février 1943, le PC est installé à Lyon.

Partie à Londres le 18 juillet 1943, elle participe à l'intégration d'Alliance dans les services giraudistes, puis dans l'organisation plus ou moins unifiée par le Bureau Central de Renseignement et d'Action (BCRA) au printemps 1944. Revenue en France en juillet 1944 pour reprendre en main le réseau qui a été décimé, elle est arrêtée à Aix-en-Provence par la Gestapo, parvient à s'évader et à rejoindre le maquis. Elle participe ensuite avec son réseau à l'avance des troupes alliées. Après la Libération, elle se consacre à la recherche de ses compagnons déportés et fonde l'Amicale du réseau Alliance dont elle est la liquidatrice.

Vice-présidente de l'Association nationale des Médaillés de la Résistance et de la Fédération des réseaux de la France combattante, devenue gaulliste active, membre du Rassemblement du peuple français, elle milite pour le retour au pouvoir de De Gaulle en 1958, fonde avec Léon Delbecque la Convention républicaine qui est intégrée  à l'UNR (Union pour la Nouvelle République), dont elle devient membre du comité central. Présidente du Comité d'Action de la Résistance (CAR) qui fédère une cinquantaine d'associations, de 1962 à sa mort, elle constitue à la demande de Maurice Papon, le jury d'honneur chargé en 1981 d'examiner son passé résistant et qui, sous la présidence de Daniel Mayer, rendra un verdict compréhensif. Elle a été députée à l'Assemblée des communautés européennes en 1981-1982. 


Bibliographie

Jean-Marie Guillon, in Dictionnaire historique de la Résistance, sous la direction de François Marcot, Paris, Robert Laffont, 2006.
Marie-Madeleine Fourcade, L'Arche de Noé, Paris, Fayard, 1968.
Georges Loustaunau-Lacau, Mémoires d'un Français rebelle (1914-1948), J and D-Atlantica Eds, 2003.