Plaque à la mémoire de Camille Bouvet, Dax (Landes)

Légende :

Plaque apposée à l'intérieur de la cathédrale de Dax

Genre : Image

Type : Plaque commémorative

Producteur : Claude Richard

Source : © Collection Claude Richard Droits réservés

Détails techniques :

Photographie numérique en couleur

Date document : Juillet 2017

Lieu : France - Nouvelle-Aquitaine (Aquitaine) - Landes - Dax

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Contexte historique

Né le 29 janvier 1903 à Gujan Mestras (Gironde), fusillé le 30 novembre 1942 au Mont-Valérien, commune de Suresnes (Seine, Hauts-de-Seine) ; notaire ; résistant, agent de renseignement du réseau Navarre-Alliance, Alliance puis Kléber.

Fils de Jules et de Catherine, née Dignac, Camille Bouvet épousa Magdeleine Gailhac. Il était père de deux enfants, Marie-Thérèse et Jacques. Officier de réserve de l’armée de l’Air, notaire à Dax depuis 1929, il était notamment en relation avec les colonels Alfred Heurteaux, aviateur qui s’illustra pendant la Grande Guerre, l’un des vice-présidents de la Légion française des combattants, à Vichy en 1940 ; Georges Groussard, qui créa en 1940 les Groupes de protection du régime de Vichy ; et avec Georges Loustanau-Lacau qui anima sous le pseudonyme de « Navarre » le groupement antimarxiste et antiallemand la Spirale. Tous étaient nationalistes, anticommunistes et, souvent antisémites, étaient passés par la Cagoule, organisation clandestine qui voulait prendre le pouvoir politique à la faveur d’un coup d’État.

Démobilisé en 1940, divorcé, il participa en novembre à une réunion avec « Navarre » et une dizaine d’amis sûrs. Le réseau Navarre-Alliance était créé. Camille Bouvet, pseudonyme ABU 124, accepta de s’occuper du secteur des Landes comme agent de renseignement et de liaison pour assurer des hébergements et servir d’agent payeur. Dax se trouvait en zone occupée à vingt kilomètres de la zone libre, ses fonctions de notaire et ses activités de chasseur facilitaient ses déplacements, il connaissait la région. Il hébergea des agents, des prisonniers de guerre et des juifs qu’il aida à rejoindre la zone libre. À partir du printemps 1941, il vécut seul, ne voulant pas exposer ses enfants. En novembre, il se mit au service du réseau de renseignement Kléber. Il centralisait les renseignements militaires, employant comme agent de liaison sa sœur âgée de vingt-quatre ans. Celle-ci entra en relation avec le lieutenant Lentz de la Gestapo de Biarritz qui lui fournissait des renseignements fabriqués en vue de l’intoxiquer.

Le 15 mai 1942, des policiers français l’arrêtèrent dans son étude 30 cours Foch à Dax et le livrèrent à l’Abwehr. Parla-t-il imprudemment de ses relations avec Lentz aux policiers français ou aux agents de l’Abwehr ? Son transfert eut lieu vers Paris à Fresnes. Il fut peut-être la victime de l’officier français Cavailhe qui travaillait pour l’Abwehr et qui dénonça tout le secteur méridional. Frappé, torturé, martyrisé par ses tourmenteurs allemands qui l’interrogèrent, il rentrait des interrogatoires ensanglanté selon son compagnon de cellule, le colonel Delrieu. Il finit par lâcher le nom du chef de réseau, le capitaine Gutenberg, mais donna un signalement erroné. Les recherches de la police allemande n’aboutirent pas. Prévenu de l’arrestation de Bouvet, Gutenberg s’appela Delaville, puis Chabor.

Camille Bouvet comparut le 10 novembre 1942 devant le tribunal du Gross Paris, rue Boissy-d’Anglas (VIIIe arr.) et fut condamné à mort pour « espionnage ». Il déposa un recours en grâce, en vain. Le 30 novembre 1942 il fut passé par les armes au Mont-Valérien.

Deux heures avant sa mort, Camille Bouvet écrivit une lettre à sa mère : « Je suis, je l’espère, en règle avec le Bon Dieu, je vais encore me confesser et communier tout à l’heure. Puisse le Sacré Cœur m’avoir en sa sainte garde ! J’ai oublié de dire jeudi à André que j’avais une autre assurance vie à la Cie Suisse d’assurances pour la vie humaine. Faites le nécessaire à cet égard. Pour l’étude qui vaut actuellement un gros prix (800 000 F au minimum) vous ferez le nécessaire. L’aumônier vient d’arriver, je ne sais si j’aurai le temps d’écrire à mes chers petits, embrasse les bien pour moi, élève-les dans le culte de Dieu et de la France pour laquelle je meurs. [...] Je vous demande pardon pour tous les scandales que j’ai pu vous causer et vous embrasse bien, bien affectueusement comme je vous aime. » Son corps fut restitué à sa famille le 18 juillet 1947 ; son inhumation eut lieu dans le caveau familial au cimetière de Dax. Une rue de la ville porte le nom de Camille Bouvet, dont le nom figure sur le monument aux morts de la ville et sur une plaque commémorative apposée dans la cathédrale.

Déclaré « Mort pour la France », Camille Bouvet, cité à l’ordre de l’Armée, recevra la Croix de guerre, la Médaille de la Résistance avec rosette et un certificat de service des Armées alliées signé Montgomery. 


Daniel Grason pour le Maitron des fusillés et exécutés

SOURCES : DAVCC, Caen Boîte 5 (Notes Thomas Pouty). – Livre d’Or du Mémorial de Ramatuelle 1939-1945, édité par l’Amicale des Anciens des Services spéciaux de la Défense nationale (AASSDN), Paris, 2005. – Simon Epstein, Un paradoxe français. Antiracistes dans la collaboration, antisémites dans la Résistance, Albin Michel, 2011. – Site Internet Mémoire des Hommes. – Mémorial GenWeb.