Rue du Capitaine-Deboute, Challans (Vendée)

Légende :

Nom de rue attribué au capitaine Constant Debouté à Challans (Vendée)

Genre : Image

Type : Noms de rue

Producteur : Christophe Durand

Source : © Cliché Christophe Durand Droits réservés

Détails techniques :

Photographie numérique en couleur

Date document : Septembre 2017

Lieu : France - Pays de la Loire - Vendée - Challans

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Analyse média

Constant Deboute, chef des FFI challandais


Contexte historique

Né en juillet 1895 au Bourg-sous-la-Roche, il est l’enfant d’un couple d’instituteurs publics. Bon élève, il entre en 1912 à l’École normale d’instituteurs de La Roche-sur-Yon. Début août 1914, la guerre éclate. A la mi-septembre, la victoire de la Marne arrête l’offensive allemande et les fantassins s’enterrent dans les tranchées. En décembre 1914, le jeune instituteur est incorporé au 65e régiment d’infanterie. Ardent combattant, Debouté est promu sous-lieutenant puis lieutenant. Et le 5 mai 1917, à la bataille du chemin des Dames, il est gravement blessé et amputé de son avant-bras droit. Le jeune ancien combattant, mutilé de guerre, se reconvertit et devient fonctionnaire des finances publiques. Il se fait nommer percepteur des contributions directes à Challans, dirigée à nouveau depuis 1919 par une municipalité de gauche, ce qui correspond à ses propres convictions. Au début des années 30, le maire M. Ballineau fait bâtir des halles nouvelles remplaçant celles en bois du XIXe siècle. A l’étage sont créés une salle de spectacle pour le théâtre et le cinéma, et une bibliothèque. A cette occasion, en 1933, est créé un patronage laïc : les OPS (œuvres post-scolaires), qui font contrepoids à l’ESM (Étoile sportive du marais), le patronage paroissial qui existait depuis 20 ans. Militant bénévole, M. Debouté est le trésorier puis le président des OPS.

Début 1941, il entre discrètement en résistance. Avec ses amis Henri Pierre et Eugène Marais, il collecte des renseignements sur les activités allemandes de la zone côtière et avec l’aide de Nantais les fait parvenir à l’Intelligence Service. Au printemps 1944, il est en contact avec un groupe yonnais du mouvement Libération. Les arrestations se multipliant, Debouté se sachant suspecté se réfugie à Paris. Au début de l’été, il s’engage dans les Forces Françaises de l’Intérieur (FFI) qui, compte tenu de son expérience et de son autorité, lui confie l’encadrement des volontaires du pays challandais. Au départ des Allemands fin août, il installe un camp d’entraînement au bois des Raillères où les jeunes patriotes apprennent maniement des armes et discipline collective. A l’automne, ils sécurisent la zone littorale de Beauvoir et Bouin.

Fin novembre 1944, promu capitaine, il est envoyé avec ses hommes au pays de Retz sur le front sud de la poche de Saint-Nazaire où se concentrent d’importantes et agressives forces allemandes qui ne capitulent qu’après le 8 mai 1945. Au sud de Pornic, Debouté organise méthodiquement un front avec des patrouilles de jour et de nuit pour stopper toute tentative de percée des soldats allemands (voir photo ci dessous). Le capitaine partage avec les jeunes FFI une vie de plein air très inconfortable durant l’hiver 1944-45 qui est très rigoureux. C’est aussi une vie dangereuse avec les escarmouches et surtout les fréquents bombardements de l’artillerie ennemie. C’est ainsi que le 25 mars 1945, le capitaine Debouté est grièvement blessé aux jambes par un obus “boche” auprès de sa batterie de la Rogère. Il est aussitôt évacué sur l’hôpital de Machecoul.

Après la joie de la victoire, pendant ses loisirs forcés entre les opérations chirurgicales successives, il reprend son journal de bord et écrit un récit chronologique de la vie des FFI du pays challandais, plein d’anecdotes prises sur le vif. Épuisé, il meurt à son domicile le 5 octobre 1946. Une foule nombreuse accompagne sa dépouille au cimetière. Son épouse aidée par les responsables FFI vendéens réussi en 1947 à faire éditer à Nantes son récit qui témoigne de manière très vivante l’épopée patriotique des FFI challandais. 


Bernard de Singly (Société d’histoire et d’études du pays challandais) in L'Envol, magazine d'informations de la ville de Challans, automne 2016