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Plaque en hommage au militant du Front national Lucien Sportisse, Lyon 1er

Légende :

Plaque en hommage au militant du Front national Lucien Sportisse, abattu par les agents français de la Gestapo, le 24 mars 1944, située dans l'actuelle rue Lucien-Sportisse, Lyon 1er arrondissement

Genre : Image

Type : Monuments et plaques

Producteur : Olivier Dubos

Source : © Clichés Olivier Dubos Droits réservés

Détails techniques :

Photographies numériques en couleur (voir recto-verso).

Date document : Novembre 2017

Lieu : France - Auvergne-Rhône-Alpes (Rhône-Alpes) - Rhône - Lyon

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Analyse média

Le 24 mars 1944, suite à une dénonciation, il est capturé et mortellement blessé par cinq collaborateurs rue Burdeau à Lyon (ils seront fusillés à la Libération). Une plaque sera installée au 12 bis de la rue Bourdeau et son nom sera attribué à une rue toute proche.


D'après l'article « Un nom, un résistant » de Henri-Ferréol Billy, sur le site Internet Histoire et Généalogie, consulté le 17 novembre 2017.

Contexte historique

Lucien Sportisse est né le 2 octobre 1905 à Constantine (Algérie), et décédé le 24 mars 1944 à Lyon, abattu par un groupe de tueurs français au service de la Gestapo ; instituteur, membre du Parti socialiste, puis du Parti communiste, dirigeant syndical CGTU en Algérie ; révoqué en 1935 et réintégré dans l’enseignement en France en 1937 ; interné en 1941, évadé ; militant clandestin en Haute-Vienne, puis directeur technique du journal Le Patriote, organe, dans la région lyonnaise, du Front national pour la Libération et l’indépendance de la France.

(...)

En 1939, Lucien Sportisse fut mobilisé dans un régiment du génie sur la frontière des Alpes, tandis que le gouvernement Daladier remettait en cause sa réintégration.
Après l’armistice, il séjourna provisoirement à Gap où il participa aux premières activités clandestines du PC. Mais, étant à la fois juif et communiste, il fut tout naturellement traqué par le régime de Vichy. Pendant quelques temps, il obtint un emploi dans un cabinet d’architecte à Aubenas (Ardèche) tout en entreprenant des études pour maîtriser les connaissances qui lui étaient nécessaires dans cette profession nouvelle. À la fin de 1941, Lucien Sportisse fut arrêté et successivement interné à fort Barraux, Sisteron puis Saint-Sulpice-la-Pointe (Tarn). À Sisteron, il passa selon ses dires « dix mois entre les tenanciers de boîtes, de bordels, des maquereaux, des souteneurs et les pires “tantes” [...]. La vie y était infernale [...]. La loi du plus fort régissait tous les rapports. ». Sur son séjour à fort Barraux, Roger Stéphane, dans son livre Chaque homme est lié au monde, apporte d’intéressantes précisions sur les initiatives culturelles proposées en prison par Lucien Sportisse : « Sportisse, instituteur, bachelier, juif de l’Afrique du Nord respire la droiture, la fermeté morale. Il n’a d’autre certitude que celle de sa conduite [...]. Ici les communistes donnent à tous une grande leçon de dignité. Je ne peux pas me sentir avare parmi eux. Ils mettent avec une stupéfiante spontanéité tous leurs colis en commun. Ce n’est pas l’application primaire d’une doctrine, mais un geste naturel de solidarité. » Avec Sportisse, Roger Stéphane lutta contre les mesures antisémites de la direction du camp à l’occasion d’une note affichée le 28 juillet 1942 « assez habilement rédigée, rien n’indique que c’est une mesure antisémite. Elle disait textuellement “les internés dont les noms suivent (tous des noms juifs bien entendu) sont invités à déménager et à s’installer dans la chambre 28”. Sportisse et moi faisions partie de cette liste ». Tous les deux envisagèrent même de faire la grève de la faim au cas où leur protestation contre cette mesure d’isolement ne serait pas prise en compte.
Au camp de Saint-Sulpice-la-Pointe, où le Parti communiste était bien organisé, Sportisse donna à ses codétenus des cours de mathématiques. Dans la nuit du 11 au 12 juillet 1943, il réussit, avec 56 autres détenus, une évasion du camp au moyen du creusement d’un tunnel et de complicités extérieures. Chargé de prendre des responsabilités au sein de la direction lyonnaise du Front national pour la libération et l’indépendance de la France, Lucien Sportisse ne parvint pas, dans un premier temps, à prendre les contacts prévus et dut chercher refuge dans les maquis qui se formaient alors. Avec l’aide d’une camarade de parti, Marguerite Raberin, il intégra en Haute-Vienne, près du Dorat, une formation FTP de 400 hommes dont il prit la direction et avec laquelle il participa à plusieurs opérations. Remis en contact avec la direction de zone sud du FN le 1er décembre 1943, Lucien Sportisse fut renvoyé à Lyon où il arriva le 24 décembre pour assurer la direction technique du journal clandestin du mouvement, Le Patriote. Il fut alors logé dans une villa du village de Chaponost et organisa la diffusion de toute la presse du Front dans la région lyonnaise et tout le Sud-Est. Il travailla à ce moment en collaboration avec Georges Maranne*, Madeleine Braun* et Lucien Monjauvis*.
Le 24 mars 1944, alors qu’il avait rendez-vous rue des Cascades (qui deviendra plus tard rue Lucien Sportisse), il tomba, à la suite d’une dénonciation dans un guet-apens, mortellement blessé sur les escaliers du centre des PTT Burdeau. C’est un groupe d’hommes de mains de la Gestapo, dirigé par l’ingénieur Couchoud, créateur d’une Ligue antibolchevique, ancien membre du PPF, engagé dans la LVF, voué à la lutte « contre les menées terroristes, gaullistes, juives et communistes », qui mena cette opération. Le procès de la bande, le 24 mars 1945, révéla que le tueur fut le charcutier Marc Giroud et la Cour de Justice de Lyon prononça cinq condamnations à mort. Son ami d’enfance, Joseph Boukobza (François dans la Résistance) qui participait à son action, demanda à le remplacer dans ses tâches techniques et fut tué, à son tour, peu de temps avant le Libération de Lyon. C’est pourquoi, le 29 juillet 1945, lors de l’inauguration de la rue Lucien-Sportisse, le Comité Sportisse-Boukobza avait organisé la présence de nombreux ressortissants algériens à cette cérémonie où Jean Marcenac*, rédacteur en chef du Patriote devenu légal, célébra le rôle de « ces hommes (par qui) nos petites feuilles clandestines ont clamé la vérité et le devoir ».
Ajoutons que la femme de Lucien Sportisse, Alice Sportisse*, fut élue député communiste après la Libération et que son frère Bernard Sportisse, qui travaillait à Alger républicain pendant la guerre d’Algérie, a vécu alors pendant six ans dans la clandestinité.


D'après la notice "Sportisse Lucien, Haï" par René Galallissot, Maurice Moissonier, version mise en ligne le 11 novembre 2010, dernière modification le 20 février 2017 publiée sur le site Internet Maitron en ligne.