Contexte historique

De son vrai nom André Didier, il ne participait pas aux actions de Résistance organisées par le colonel de Grouchy. Il était arrivé en Haute-Marne le 11 septembre 1944 seulement, après trois années d'activités dans la Résistance et des tortures dans les geôles allemandes.
Originaire de Grenoble où il était né en 1922, dans une famille de libraires-imprimeurs, il est naturellement destiné, dès 1941, à la fabrication de tracts. Il participe également à des actions de sabotage et la police de Vichy l'arrête, puis le relâche, faute de preuves. Il reprend ses activités au sein de la Résistance, mais l'appel au STO l'oblige à s'enfuir. Il rejoint alors le groupe Périclès à Paris, puis est amené à participer aux activités des FFI de l'Yonne. Très actif, il se retrouve très vite adjoint du chef départemental de la Résistance. C'est là qu'il prend le nom de "Slim", avec le grade de lieutenant.

Après avoir participé à de nombreux parachutages et à des coups de main, il est arrêté en juin 1944. Incarcéré à Auxerre, il se trouve finalement entre les mains de la Gestapo. Torturé, il réussit à se faire passer pour un aviateur canadien, ce qui lui évite d'être exécuté. Un de ses compagnons d'infortune témoigna ainsi des souffrances du lieutenant "Slim" : "Sa figure tuméfiée, ainsi que les marques des coups sur tout le corps, pouvaient nous donner une idée de la violence des rossées qu'il a reçues". Il est finalement libéré par les FFI d'Auxerre le 24 août 1944 et se mêle aussitôt aux armées de la Libération. Son désir de revanche est tel, qu'il est toujours en tête d'un groupe de FFI précèdant l'avancée des troupes régulières.

C'est ainsi qu'il participe à la libération de Dijon le 11 septembre et, aussitôt, part reconnaître le terrain devant les cuirassiers du général Sudre. Il est le premier à Longeau, où il arrive le 11 septembre à 21 heures. Le lendemain, 12 septembre, dès 8 h 30, un petit groupe composé de sept résistants part en reconnaissance en direction de Langres. Outre le lieutenant "Slim" et un officier FFI, il comprend deux compagnons FFI de "Slim" et trois jeunes de Longeau : Pierre François, Beaudot et Germain Couvreur. Ils possèdent la traction du lieutenant, et un petit camion au gazogène. Une voiture blindée de l'armée régulière équipée d'un canon de 37 les suit. Ces jeunes n'ont aucune expérience de la guerre et, au mépris de tout, ils franchissent un barrage juste avant Saints-Geosmes pour être aussitôt pris sous le feu de plusieurs armes automatiques allemandes. Le véhicule militaire est resté à la Croix d'Arles. Le lieutenant "Slim" descend de son véhicule, se cache derrière les troncs d'arbres qui constituaient le barrage et, seul, riposte. Les autres véhicules retournent.

Le lieutenant "Slim" s'est muni d'un fusil-mitrailleur. Mais il est seul contre des soldats bien armée et expérimentés. Couché dans le fossé, à l'abri derrière un tronc d'arbre, il fournit un feu nourri. Lorsqu'il n'a plus de balles pour son FM, il utilise son revolver. Il fut abattu assez rapidement.

Le maire vint chercher le corps vers 11 heures. André Didier fut enterré à Saints-Geosmes, dans l'anonymat d'abord puisque personne ne connaissait son nom. Une stèle fut dressée par la municipalité de Saints-Geosmes pour rappeler le sacrifice d'André Didier, alias "lieutenant Slim", dont le sacrifice perdure dans ce village. Son nom figure sur le monument aux morts, aux côtés de celui du capitaine Beaudoin.

Le sacrifice d'André Didier pour la libération de la Haute-Marne justifie pleinement sa place dans l'histoire de la Résistance du département.