Plaque à la mémoire de Laure Diebold-Mutschler, Erstein (Bas-Rhin)

Légende :

Plaque située sur le lieu même de la maison d'enfance, le restaurant Au Tonneau d'Or, à Erstein (54, rue du général de Gaulle) et inaugurée le samedi 10 janvier 2015.

Genre : Image

Type : Plaque commémorative

Source : © Archives privées Links Droits réservés

Détails techniques :

Photographie numérique en couleur

Date document : sans date

Lieu : France - Grand Est (Alsace) - Bas-Rhin

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Contexte historique

Les parents de Laure s'installent en 1922 à Sainte-Marie-aux-Mines (Haut-Rhin) où leur fille passe la majorité de son enfance. A la fin de ses études, celle-ci devient secrétaire aux établissements Baumgartner. Durant la drôle de guerre, elle est secrétaire chez un industriel à Saint-Dié-des-Vosges (Vosges).
Après l'armistice du 22 juin 1940, elle reste en Alsace annexée de fait par les Allemands. Elle s'engage dans une filière d'évasion à Sainte-Marie-aux-Mines et devient pourvoyeuse. Elle héberge des prisonniers de guerre (PG) évadés en liaison avec son futur époux, Eugène Diebold, alors secrétaire de mairie.
Mais, devant la menace des Nazis, elle décide de fuir l'Alsace et dans la nuit du 26 au 27 décembre 1941, elle franchit clandestinement la frontière des Vosges avec l'aide du passeur Armand Quarisco. Elle rejoint Lyon et devient secrétaire au bureau des réfugiés d'Alsace-Lorraine. Le 31 janvier 1942, elle épouse Eugène Diebold, réfugié, comme elle, à Lyon.

Le 1er mai 1942, elle rentre au réseau Mithridate comme agent P1, chargée de mission de deuxième classe. Grâce à sa connaissance de la langue allemande, elle devient agent de renseignement et de liaison. Le 1er septembre 1942, elle est mutée comme secrétaire sténographe-dactylographe au réseau Délégation générale et se retrouve sous les ordres de Jean Moulin, délégué général en France occupée. Elle est immatriculée au Bureau central d'actions et de renseignements (BCRA) à Londres sous le pseudonyme de "Mado". En qualité de lieutenant, elle est chargée de mission de deuxième classe.
Laure Diebold-Mutschler est affectée au secrétariat dirigé par Daniel Cordier et travaille sans relâche jour et nuit notamment dans le chiffre pour faire les transcriptions et envoyer des messages à Londres. Vers la fin mars 1943, avec Hugues Limonti, Georges Archimbaud, Louis Rapp, Jean-Louis Théobald et Suzanne Olivier, elle se rend à Paris pour préparer l'implantation de la Délégation générale dans l'ancienne zone occupée. Après l'arrestation de Jean Moulin le 21 juin 1943 à Caluire (Rhône), elle travaille avec Georges Bidault, son successeur. Avec son mari, elle s'installe à Fontenay-aux-Roses (Hauts-de-Seine).

Suite à la perquisition des Allemands au siège de la Délégation générale à Paris représentée par Claude Bouchinet-Serreules et Jacques Bingen et au démantèlement de nombreux réseaux parisiens consécutifs à « l'affaire de la rue de la Pompe », Laure Diebold est arrêtée par la Gestapo le 24 septembre 1943, en compagnie de son mari. Elle est internée à la prison de Fresnes.
Le 17 janvier 1944, Laure Diebold-Mutschler est déportée à la prison de la Neue Bremm à Sarrebrück (Allemagne). Le 28, elle est transférée à Strasbourg puis le 13 juin 1944, au camp de sûreté de Schirmeck. Après un court séjour au camp de Gaggenau (Allemagne) puis à Mulhouse, elle est finalement déportée au camp de concentration de Ravensbrück (Allemagne) où, le 6 octobre 1944, elle est affectée au Kommando de Leipzig-Taucha. Elle travaille pour la firme HASAG à la production de munitions et de Panzerfaust. Le 20 novembre 1944, par décret du général de Gaulle, elle est nommée Compagnon de la Libération. Elle est libérée le 18 avril 1945 avant d'être rapatriée en France le 16 mai 1945. Quant à Eugène Diebold, il est déporté au camp de concentration de Buchenwald (Allemagne) puis à celui de Flossenbürg (Allemagne), libéré, il est rapatrié en France à la même période.

Après avoir travaillée à la Direction générale des études et recherches (DGER) jusqu'en 1957, Laure Diebold-Mutschler devient secrétaire dans une entreprise à Lyon. Elle décède le 17 octobre 1965 à Lyon. Elle est enterrée dans son village natal à Sainte-Marie-aux-Mines où sa tombe porte la mention "Mort pour la France".

Décret portant attribution de la croix de la Libération à Laure Diebold-Mutschler qui devient Compagnon de la Libération pour le motif suivant:
"Alsacienne d'un courage et d'un dévouement admirables. N'a cessé dans des conditions matériellement difficiles, de travailler jour et nuit avec un acharnement et un esprit de sacrifice exemplaire. Volontaire pour toutes les missions, à la fois sténo-dactylographe, secrétaire et agent de liaison, elle est dépositaire de tous les secrets de la Délégation. Arrêtée par la police allemande le 24 septembre 1943 dans l'exercice de ses fonctions. Sous la torture elle a gardé un silence complet."


Eric Le Normand, DVD-ROM La Résistance des Alsaciens, Fondation de la Résistance - AERI, 2016