Monument situé dans le cimetière de la commune de Kilstett (Bas-Rhin)

Légende :

A Kilstett (Bas-Rhin), des troupes allemandes font prisonniers Edgar Sprauer, Alfred Debs, Théodore Kuhn, Aloise Seiller et Aloise Hawecker. D'abord amenés à Gambsheim (Bas-Rhin) puis à Drusenheim (Bas-Rhin), les captifs sont transférés de l'autre côté du Rhin en direction de Greffern (Allemagne) et fusillés dans le Rhin, à proximité de la deuxième casemate en aval du pont sur la rive droite.

Genre : Image

Type : Monument

Source : © Archives communales de Kilstett Droits réservés

Détails techniques :

Photographie numérique en couleur

Date document : sans date

Lieu : France - Grand Est (Alsace) - Bas-Rhin - Kilstett

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Contexte historique

Le 23 novembre 1944, Strasbourg est libéré par surprise par les troupes de la 2ème division blindée (DB) du général Leclerc. Le général Vaterrodt et 600 hommes s'enferment dans le fort Ney. Les Allemands tentent de s'accrocher dans la ville et barrent le pont de Kehl (Allemagne). Dans le même temps, pour éviter la mise en place d'une tête de pont sur le Rhin, ils renforcent les dispositifs autour des passages sur le fleuve. Des éléments de la 2ème DB, appuyés par les FFI du lieutenant Eugène Jung, libèrent la Wantzenau (Bas-Rhin), à vingt kilomètres au nord de Strasbourg et à quatre kilomètres au sud-ouest de Kilstett, mais ne peut aller au-delà car il s'agit du secteur américain. 
Alors que les FFI sont occupées par le fort Ney et la capitulation du général Vaterrodt, le lieutenant Eugène Jung envoie plusieurs patrouilles de reconnaissance au nord de la Wantzenau afin de mieux connaître le dispositif ennemi.

C'est ainsi que le dimanche 26 novembre 1944, des soldats Waffen SS se trouvent à Kilstett. La plupart des hommes se sont déjà enfuis vers la Wantzenau, qui est alors libérée par la 2ème DB. Dans la soirée, vers 20h30, devant la maison n°195, rue de la Gare, une patrouille de quatre soldats arrête cinq habitants de cette même rue, l'agent des chemins de fer Edgar Sprauer, les cultivateurs Théodore Kuhn et Aloyse Seiller, l'appariteur Aloyse Hawecker et Alfred Debs, qui, après son passage au conseil de révision pour être incorporé de force dans la Wehrmacht, a été renvoyé pour maladie grave. Le premier est, semble-t-il, porteur d'une arme et d'un brassard des FFI. Ils seraient revenus "armés" depuis la Wantzenau dans le cadre d'une patrouille de reconnaissance FFI. Les autres sont des réfractaires au Volkssturm. 

Ils sont donc arrêtés comme partisans, c'est-à-dire pris les armes à la main. Les soldats Waffen SS les accusent d'avoir été aux côtés des troupes françaises arrivant pour libérer la Wantzenau. Transférés le soir même à Gambsheim (Bas-Rhin), ils sont enfermés dans une maison à Bettenhoffen, annexe de Gambsheim. Le lendemain, le lundi 27 novembre 1944, ils sont interrogés par le lieutenant Kuster des Waffen SS puis internés dans le sous-sol de la nouvelle école de Gambsheim. Le mardi 28 novembre 1944 au matin, ils sont transférés à Drusenheim (Bas-Rhin). Jeudi 30, ils sont finalement transportés en camionnette au-delà du Rhin en direction de Gruffern (Allemagne). Ils empruntent le bac qui fait la navette entre les deux rives. Arrivés du côté allemand, ils reçoivent l'ordre de se déshabiller puis sont fusillés sur les berges du Rhin, tout près de la deuxième casemate en aval du pont.

Le village de Kilstett est entièrement libéré par les FFI du lieutenant Eugène Jung, le 8 décembre 1944. Pendant plusieurs semaines durant le mois de décembre 1944, les FFI mèneront des opérations de reconnaissance afin de retrouver ces cinq hommes. 


Eric Le Normand, "La tragédie du 26 novembre 1944 à Kilstett (Bas-Rhin)" in DVD-ROM La Résistance des Alsaciens, Fondation de la Résistance - AERI, 2016