Bombardements alliés meurtriers




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ESPACE PEDAGOGIQUE

Objectif de cet espace : 
permettre aux enseignants d\'aborder plus aisément, avec leurs élèves, l\'exposition virtuelle sur la Résistance dans la Drôme en accompagnant leurs recherches et en proposant des outils d’analyse et de compréhension des contenus.

L'espace d'exposition s'articule autour d'une arborescence à quatre entrées :
- Zone libre et Occupation,
- Résistance,
- Libération et après-libération,
- Mémoire.

Chaque thème est introduit par un texte contextuel court. A partir de là, des documents de tous types (papier, carte, objet, son, film) sont présentés avec leur notice explicative.

La base média peut être aussi utilisée comme ressource pour les enseignants et leurs élèves dans le cadre de travaux collectifs ou individuels, en classe ou à la maison.

Pour l'exposition sur la Résistance dans la Drôme, sont proposés aux enseignants des parcours pédagogiques (collège et lycée), en lien avec les programmes scolaires, utilisant les ressources de l'exposition :

1/ Collège :

Note méthodologique
- Parcours pédagogiques composés de :
     . Fiche 1 : La France vaincue, occupée et libérée,
     . Fiche 2 : Le gouvernement de Vichy, la Révolution nationale et la Collaboration,
     . Fiche 3 : Vivre en France durant l'Occupation,
     . Fiche 4 : La Résistance.

2/ Lycée :

- Note méthodologique
- Parcours pédagogiques composés de :
     . Dossier 1 : L'Etat français (le régime de Vichy),
     . Dossier 2 : Les Juifs dans la Drôme (antisémitisme, persécution, arrestation, déportation, protection),
     . Dossier 3 : Les résistants,
     . Dossier 4 : La Résistance armée,
     . Dossier 5 : La Résistance non armée,
     . Dossier 6 : La vie quotidienne.

Si vous êtes intéressés par ces dossiers, contactez nous : [email protected]

Réalisation des dossiers pédagogiques : Patrick Dorme (CDDP Drôme), Lionel FERRIERE (enseignant Histoire en collège et correspondant du musée de Romans), Michel MAZET (enseignant en lycée et correspondant des archives départementales). 

1. De la déclaration de guerre à l’Armistice, le 22 juin 1940 : Un mois après le début de leur attaque en mai 1940, les Allemands atteignent le nord de la Drôme. L’Armistice arrête les combats sur la rivière Isère. Le nord du département est occupé par les troupes allemandes.
2. De l’Armistice à l’occupation allemande, le 11 novembre 1942 : La Drôme est située en zone non occupée.
3. Du 11 novembre 1942 au 9 septembre 1943 : La Drôme est placée sous administration et occupation italiennes.
4. Du 9 septembre 1943 au 31 août 1944 : l’armée allemande occupe la Drôme ; c’est la période la plus intense pour la lutte contre l’ennemi et le gouvernement de Vichy.


Il s'agit d'une sélection de cartes nationales et locales sur la Résistance. La plupart de ces cartes ont été réalisées par Christophe Clavel et Alain Coustaury. Il s'agit d'une co-édition AERI-AERD tous (droits réservés)


CARTE INTERACTIVE DROME ET VERCORS DROMOIS ET ISEROIS
(Suivez ce lien pour afficher la carte et sélectionnez les points du paysage souhaités pour afficher les fiches correspondantes)


  France de 1940 à 1944
  Départements français sous l’Occupation
  Régions militaires de la Résistance en 1943
  La Drôme, géographie physique
  Esquisse de découpage régional de la Drôme
  Les communes de la Drôme
  Carte des transports en 1939
  Le confluent de la Drôme et du Rhône
  Densité de la population de la Drôme en 1939
  Densité de la population de la Drôme en 1999
  Evolution de la densité de population de la Drôme entre 1939-1999
  L’aérodrome de Montélimar-Ancône
  Aérodrome de Valence - Chabeuil - La Trésorerie
  Les caches des armes et du matériel militaire
  Les terrains de parachutages dans la Drôme
  Bombardements alliés et allemands dans la Drôme
  Immeubles détruits par les Allemands et la Milice
  Emplacement de camps de maquis de 1943 au 5 juin 1944
  Localisation des groupes francs qui ont effectué des sabotages en 1943
  Implantation et actions de la compagnie Pons
  FFI morts au combat ou fusillés
  Plan-de-Baix, Anse, 16 avril 1944
  Géopolitique de la Résistance drômoise en juin-juillet 1944
  Dispositif des zones Nord, Centre, Sud vers le 10 juin 1944
  Combovin, 22 juin 1944
  Vassieux-en-Vercors 21, 22, 23 juillet 1944
  Combat de Gigors 27 juillet 1944
  Le sabotage du pont de Livron
  Carte simplifiée de la bataille de Montélimar du 21 au 24 août 1944
  Carte simplifiée de la bataille de Montélimar du 25 et 26 août 1944
  Carte simplifiée de la bataille de Montélimar du 27 au 29 août 1944
  Carte simplifiée de la bataille de Montélimar du 29 août à 12 heures le 30 août 1944
  Etrangers au département, non juifs, arrêtés dans la Drôme et déportés
  Déportation, arrestations dans la Drôme
  Déportation des Juifs dans la Drôme
  Lieu de naissance de Drômois déportés, arrêtés dans la Drôme et à l’extérieur du département
  Cartes des principaux lieux de mémoire dans la Drôme
  Perceptions de la Résistance drômoise

Publications locales :

Une bibliographie plus détaillée sera accessible dans l’espace « Salle de consultation » du Musée virtuel.

SAUGER Alain, La Drôme, les Drômois et leur département. 1790-1990. La Mirandole. 1995.
GIRAUDIER Vincent, MAURAN Hervé, SAUVAGEON Jean, SERRE Robert, Des Indésirables, les camps d’internement et de travail dans l’Ardèche et la Drôme durant la Seconde Guerre mondiale. Peuple Libre et Notre Temps, Valence, 1999.
FÉDÉRATION DES UNITÉS COMBATTANTES DE LA RÉSISTANCE ET DES FFI DE LA DRÔME, Pour l’amour de la France. Drôme-Vercors. 1940-1944. Peuple Libre, Valence, 1989.
DE LASSUS SAINT-GENIÈS (général), DE SAINT-PRIX, Combats pour le Vercors et la Liberté. Peuple Libre, Valence, 1982.
LA PICIRELLA Joseph. Témoignages sur le Vercors, 14e édition, Lyon, 1994
LADET René, Ils ont refusé de subir. La Résistance en Drôme. Auto-édition. Portes-lès-Valence, 1987.
DREYFUS Paul, Vercors, citadelle de Liberté, Arthaud, Grenoble, 1969.
MARTIN Patrick, La Résistance dans le département de la Drôme, Paris IV Sorbonne, 2002.
SERRE Robert, De la Drôme aux camps de la mort, Peuple Libre et Notre Temps, Valence, 2006.
SUCHON Sandrine, Résistance et Liberté. Dieulefit 1940-1944. Éditions A Die. 1994.
VERGNON Gilles, Le Vercors, histoire et mémoire d’un maquis, L’Atelier, Paris, 2002.

Dvd-rom La Résistance dans la Drôme et le Vercors, éditions AERD-AERI, 2007.

Ce travail n’aurait pu avoir lieu sans l’aide financière du Conseil général de la Drôme, du Conseil régional de Rhône-Alpes, du Groupe de Recherches, d’Études et de Publications sur l’Histoire de la Drôme (GRÉPHiD) et de l'AERD qui y a affecté une partie des recettes de la vente des dvd-roms, La Résistance dans la Drôme et le Vercors.

L’équipe de la Drôme tient à les remercier ainsi que :
- l’Office départemental des anciens combattants (ONAC),
- la Direction départementale de l’équipement de la Drôme (DDE),
- le Centre départemental de documentation pédagogique de la Drôme, (CDDP),
- le personnel et la direction des Archives départementales de la Drôme, de l’Isère, des Archives communales de Allan, de Crest, de Die, de Grâne, de Montélimar, de Romans-sur-Isère, de Triors, de Saint-Donat-sur-l’Herbasse, de Saint-Uze,
- les Archives fédérales allemandes (Bundesarchiv), le National Archives and Records Administration (NARA), The National Archives (les archives nationales britanniques), Yad Vashem,
- le Musée de la Résistance en Drôme et de la Déportation de Romans, le Musée de la Résistance de Vassieux-en-Vercors, le Mémorial de La Chau, le Musée de Die, le Musée Saint-Vallier, la Médiathèque de Montélimar, le Musée de la Résistance et de la Déportation de l’Isère, le Mémorial Shoah, l’Association des Amis du Musée des blindés de Saumur, le Musée de la Division Texas (USA),
- l’Association Études drômoises, l’Association Mémoire d’Allex, l’Association Sauvegarde du Patrimoine romanais-péageois, l’Association Mémoire de la Drôme, l’Association des Amis d’Emmanuel Mounier, l’Association Patrimoine, Mémoire, Histoire du Pays de Dieulefit, l’Amicale maquis Morvan, la Fédération des Unités Combattantes et des FFI de la Drôme, l’Association nationale des Pionniers et Combattants Volontaires du Vercors.

Mais nos remerciements s’adressent surtout à toutes celles et tous ceux, notamment résistantes, résistants et leurs familles, qui ont accepté de livrer leurs témoignages, de nous confier leurs documents et leurs photographies. Ils sont très nombreux et leurs noms figurent dans cette exposition. Ils s’apercevront au fil de la lecture que leur contribution a été essentielle pour l’équipe qui a travaillé à cette réalisation. Grâce à eux, une documentation inédite a pu être exploitée, permettant la mise en valeur de personnes, d’organisations et de faits jusqu’alors méconnus. Grâce à eux nous avons pu avancer dans la connaissance de la Résistance dans la Drôme et plus largement dans celle d’une histoire de la Drôme sous l’Occupation.
L’étude de cette période et des valeurs portées par la Résistance, liberté, solidarité, justice et progrès social…, nous semble plus que jamais d’actualité.

 

CONCEPTION, RÉALISATION

Maîtres d’ouvrage :
Association pour l’Élaboration d’un Cédérom sur la Résistance dans la Drôme (AERD), en lien avec l'Association pour des Études sur la Résistance intérieure (AERI) au niveau national. 

Maîtrise d’ouvrage : Carré multimédia. 

Gestion de projet AERI : Laurence Thibault (directrice) – Laure Bougon (chef de projet) assistée d’Aurélie Pol et de Fabrice Bourrée. 

Groupe de travail : Pierre Balliot, Alain Coustaury, Albert Fié, Jean Sauvageon, Robert Serre, Claude Seyve, Michel Seyve. Patrick Martin et Gilles Vergnon interviennent sur des notices spécifiques. 

Sont associés à ce travail tous ceux qui ont participé à la réalisation du Dvd-rom La Résistance dans la Drôme, et qui par la même, ont contribué à une meilleure connaissance de la Résistance dans le département. 

Groupe pédagogique : Patrick Dorme (CDDP Drôme), Lionel FERRIERE (enseignant Histoire en collège et correspondant du musée de Romans), Michel MAZET (enseignant en lycée et correspondant des archives départementales). 

Cartographie : Christophe Clavel et Alain Coustaury.



Dans la Drôme, beaucoup de résistants et la population civile ont reproché aux Alliés de pratiquer des bombardements dévastateurs et souvent inutiles. Dans le même temps, l’absence de bombardements des installations allemandes, particulièrement de l’aérodrome de Valence – Chabeuil – La Trésorerie, au moment des combats du Vercors, a déclenché une vive polémique.

La Drôme ne possédait pas de grands complexes industriels qui pouvaient être une cible pour l'aviation alliée. Les bombardements visèrent essentiellement une gare de triage et surtout les ponts sur le Rhône et sur les voies de communication de la vallée du Rhône au moment du débarquement de Provence.

Les avions pratiquent plusieurs techniques de bombardement : le bombardement horizontal soit stratégique, soit tactique, le bombardement en piqué. Les bombardements les plus imprécis, donc aux dégâts collatéraux importants, sont ceux qui sont effectués par des vagues de bombardiers. Le bombardement en piqué, plus précis, est réalisé par des chasseurs-bombardiers.

Dans la Drôme, les bombardements s'inscrivent, essentiellement, dans les plans de l'opération Anvil/Dragoon de débarquement sur les côtes provençales. Plusieurs missions sont programmées : neutraliser l'aviation ennemie dans le sud de la France, encager le champ de bataille en coupant les lignes de communication allemandes. C'est l'opération Ducrot, le jour du débarquement.

La destruction de l'ensemble du système défensif adverse comporte plusieurs phases successives :
- Le 28 avril 1944, date considérée comme la première action aérienne, avec le raid de 488 bombardiers lourds sur Toulon. Ce sont des missions relevant de l'aviation stratégique.
- La deuxième phase présente un caractère d'opération d'interdiction avec des attaques sur le Rhône du jour J-10 jusqu'au moment du débarquement, c'est l'opération Nutweg.
 - Une troisième, au moment du débarquement, c'est l'opération Yokum : une énorme concentration de moyens, destinée à réduire dans les délais les plus courts la résistance allemande.  
- La quatrième, l'opération Ducrot, le jour du débarquement, missions d'intervention directe dans la bataille et interdiction sur les arrières de l'ennemi. L'ensemble des moyens aériens affectés à l'opération Anvil-Dragoon rassemble près de 2 000 avions répartis entre la Corse et la Sardaigne.

La presque totalité des bombardements a été réalisée par des unités de l'USAAF (United States Army Air Forces), alors que les attaques au sol sont états-uniennes et françaises. Le plan imposait l'interdiction des réseaux ferroviaire et routier donc des ponts sur le Rhône à Arles, Tarascon, Avignon, Pont-Saint-Esprit, Le Pouzin, La Voulte-sur-Rhône, Valence, Pont-de-l'Isère, Saint-Vallier-sur-Rhône, des ponts sur la Drôme à Livron, Crest et à Luc-en-Diois, ponts sur l'Isère à Romans, sur le Roubion à Montélimar. La planification des opérations aériennes ne prenait pas en compte des éléments comme le Vercors qui n'entrait pas directement dans les opérations concernant le débarquement de Provence.

La mémoire collective a retenu l'imprécision des bombardements, leurs conséquences dramatiques, l'absence de soutien à la Résistance du Vercors. C'est une vision stratégique des opérations aériennes qui alimente un ressentiment profond, surtout vis-à-vis de l'USAAF. La comparaison entre la destruction du pont de Livron par les FFI (Forces françaises de l’intérieur), efficace, sans pertes humaines, et, par exemple, le bombardement de Saint-Vallier qui a détruit tout un quartier sans atteindre les objectifs stratégiques (pont routier et pont ferroviaire) et causant près de 100 morts, montre qu'il y avait d'autres moyens d'enrayer la retraite de l'ennemi.



                                     Bloody Allied Bombings

In Drôme, many resistance fighters and civilians have criticized the practice of Allied bombings as devastating and often unnecessary. At the same time, the absence of bombings on the German facilities, particularly in the aerodrome de Valence – Chabeuil – La Trésorerie during the fighting in Vercors sparked a lively debate.

Drôme had no large industrial complexes which could be a target for Allied aircrafts. The bombings were essentially aimed at a yard, especially at bridges over the Rhône and the communication channels of the Rhône valley during the landing in Provence.

Aircraft bombing practices several techniques: the horizontal is strategic and dive-bombing is tactical. The most imprecise bombings are those made by waves of bombers, and so cause significant collateral damage. The more accurate dive-bombing is carried out by fighter-bombers.

In Drôme, the bombings are essentially part of the pans for Operation Anvil/Lagoon landing on the coast of Provence. Several missions are planned: to neutralize the enemy air force in southern France, caging the battlefield by cutting German lines of communication. This is Operation Ducrot, the D-Day.

The destruction of the entire system has several opposing defensive phases:

-April 28, 1944, considered the first air action, with 488 heavy bombers raiding on Toulon. These are tasks covered by strategic aviation.

-The second phase has a character of interdiction operation with attacks on the Rhône-Day-10 until the landing is the Operation Nutweg.

-A third, the landing, Operation Yokum: an enormous concentration of resources intended to reduce the German resistance in the shortest time.

-Fourth, Operation Ducrot, the day of landing missions of direct intervention in the battle and a ban on the rear of the enemy. All air assets of nearly 2,000 airplanes are deployed in Operation Anvil-Dragoon between Corsica and Sardinia.

Almost all of the bombing was carried by units of the USAAF, (United States Army Air Forces), while ground attacks were American and French. The plan imposed a ban on rail and road bridges in Rhône at Arles, Tarascon, Avignon, Pont Saint Esprit, Pouzin Voulte-sur-Rhône, Valencia, Pont-de-Isère, Saint-Vallier-sur-Rhône, bridges on the Livron, Crest, in Drôme, and Luc-en-Diois bridges over the Isère in Romans, from Roubion to Montélimar. Planning of air operations did not take into account things like the fact that Vercors was not directly in operations in the landing in Provence.

Collective memory has retained the imprecision of the bombing, its tragic consequences, and the lack of support for the Resistance in Vercors. These are strategic air operations, which feed deep resentment, especially vis-à-vis the USAAF, (United States Army Air Forces). The comparison between the destruction of the Livron bridge by the FFI, (Forces françaises de l'intérieur), which was effective and without casualties, and, for example the bombing of Saint-Vallier, which destroyed an entire neighborhood without achieving the strategic objectives, (road bridge and railway bridge), as well as causing nearly 100 deaths, shows that there were other ways to achieve the halt and retreat of the enemy.


Traduction : Grace Hoffman

Auteur : Alain Coustaury
 

Plaque commémorant les victimes du bombardement de Crest



  • Contexte historique
  • Analyse média

Le dimanche 13 août 1944, à 13 h 25, alors que beaucoup de Crestois étaient encore à table, souvent dehors à cause de la chaleur étouffante, les sirènes sonnent l’alerte. Habitués à ce signal souvent sans suite sérieuse, ne croyant pas au risque de bombardement de leur cité, éloignée de l’axe rhodanien et ne possédant aucun objectif militaire, persuadés que la ligne de chemin de fer ne peut être visée puisqu’elle a été rendue inutilisable par les résistants qui l’ont coupée en plusieurs endroits en amont et en aval de Crest, rassurés par le départ des Allemands et le retour à la liberté de la vallée de la Drôme, beaucoup d’habitants ne se précipitent pas vers les abris, même lorsqu’ils voient arriver les avions américains.

En cinq minutes, 27 avions lâchent leurs bombes d’une hauteur de 5 000 m. 300 bombes de 250 kg tombent sur la ville dans un bruit de cataracte et provoquent une poussière étouffante. Les objectifs, le pont routier et surtout le pont ferroviaire sur la ligne Livron-Die, n’ont pas été atteints ; par contre, des projectiles sont dispersés jusqu’à 800 m du pont. Dans les hurlements et les appels au secours, on relèvera de nombreux morts et des blessés dont certains mourront peu après. Plusieurs maisons sont en flammes, ainsi que l’usine de bouchons.
Les secours s’organisent tant bien que mal aussi vite que possible, avec la formation de la Défense passive, la Croix-Rouge, les sapeurs-pompiers d’Aouste, une équipe de Die, la compagnie de Résistance Chapoutat présente à Crest et les habitants épargnés. Les difficultés sont accrues par l’obstruction de l’unique chemin montant à l’hôpital : il faut une heure pour déblayer les gravats d’immeubles écroulés et ouvrir le passage aux transports de blessés. À l’hôpital, où règne une « pagaïe indescriptible », des plafonds se sont écroulés, mais le bloc opératoire est en état. Assisté du docteur Fabre et de médecins des villages environnants, comme le docteur Mazouyer, de Grâne, le docteur Frédéric Thiers opère tout le jour, finissant à la lueur d’éclairages de fortune. Les morts sont rangés derrière l’hôpital, d’où ils sont transportés par le camion de la Croix-Rouge conduit par Chalamel et une charrette tirée par un cheval jusqu’au collège Saint-Louis où une chapelle ardente a été installée sous les marronniers du parc Soubeyran.
Au total, on recense dans la population civile 38 ou 39 morts, 12 blessés graves, 28 blessés légers. Parmi les morts, on trouve 7 enfants de 8 à 14 ans et 10 personnes de plus de 60 ans En outre, dans les quartiers de Mazorel en rive gauche et, sur l’autre rive, dans le prolongement du quartier du Bourg, 26 immeubles sont détruits, 81 inhabitables, 373 endommagés. On compte un millier de sinistrés.
Les funérailles des victimes ont lieu quartier Soubeyran le 15 août, avec le chanoine Eynard et le pasteur Foltz. Puis les cercueils sont portés au cimetière sur des véhicules tirés par des chevaux, sans cortège.
Pourquoi une telle absurdité à vouloir détruire une ligne ferroviaire déjà sabotée ? D’une si haute altitude, les avions ne pouvaient atteindre leur objectif. Méthode utilisée par les États-Uniens, le carpet bombing ? Manque de confiance dans la Résistance ? Manque de coordination entre services de renseignements ?
Le moral des compagnies crestoises, la compagnie Pons en particulier dont la majorité des membres étaient crestois et qui se trouvait encore sur les flancs du Vercors, s'en est trouvé atteint. Pons le fait savoir à de Lassus par message et celui-ci lui répond que sa protestation est très justifiée et qu’il a déjà, dès 18 h, envoyé un télégramme par le commando américain et que, le soir même, il va en envoyer un autre à Alger. Ce qu’il fait à 21 h 30 par l’intermédiaire du lieutenant Richard (Sud-Drôme) : « Au nom du CFLN (Comité français de libération nationale) Drôme et population résistante ville Crest, vous demandons de protester contre bombardement américain du 13 à 13 h 30. Objectif pont de chemin de fer non détruit, mais FFI (Forces françaises de l'intérieur) ont rendu voies inutilisables depuis le 6 juin. Ville Crest très éprouvée ».
Dans un message envoyé dans la nuit (1 h 35) à Pons, il ajoute : « Je comprends parfaitement que le stupide bombardement d’hier sur Crest ait soulevé chez vous et chez vos hommes une émotion intense. Je viens de protester vigoureusement à ce sujet auprès du commandement allié » Pour apaiser la population, les lieutenants Barnard et Meeks, de l'OG Alice, se rendent à Crest avec trois parachutistes. « Les gens n'avaient pas le moral, raconte l'un d'entre eux. Ils étaient même hostiles. Un quart de la ville était rasé, il y avait trente morts et une centaine de blessés. Nous sommes allés à l'hôpital et avons expliqué aux habitants que le bombardement était une erreur qui ne se répéterait pas ».

Après ce bombardement, de Lassus estime que le pont routier de Livron pourrait être la cible de l'aviation américaine, avec des conséquences éventuelles sur Livron et Loriol qui amèneraient encore ruines et deuils. C'est la raison pour laquelle il donne l'ordre verbal de préparer la destruction du pont, puis envoie un message le 14 août à 23 h : « Le commandant Legrand à Albert ; Ordre : Faites sauter le pont routier de Livron », puis le 15 à 16 h 30 : « Le commandant Legrand à Albert : Ordre : faites sauter le pont routier de Livron. Rendez compte de l’exécution ». Il avertit Alger de ses projets en demandant que cet objectif soit provisoirement écarté des plans de bombardements.

L'imprécision de certains bombardements par l'USAAF (United States Army Air Forces) a causé un grand nombre de victimes parmi la population civile drômoise.


Auteurs : Robert Serre
Sources : ADD, 11 J 40, 500 W 29. Rapport de Thibaud, directeur départemental de la Défense Passive. Collectif, Pour l'Amour de la France. Combats pour le Vercors et pour la liberté. Alban Vistel. R. Ladet, Ils ont refusé de subir. J. La Picirella, Témoignages sur le Vercors. Daniel Decot, Pilotes français sur la vallée du Rhône. Lucien Micoud, Nous étions cent cinquante maquisards. Paul Gaujac, Les forces spéciales de la Libération. Le Dauphiné Libéré, 30 août 1974, 31 août et 1er septembre 1994. Souvenirs d’Albert Fié.

Cette plaque a été édifiée à l’initiative d’Albert Fié, président du Comité d’Entente des Anciens Combattants de Crest, et inaugurée le 6 juin 2008.

Texte de la plaque :
« Le 13 août 1944, l’Aviation Américaine accompagnant les opérations de libération de la France cherchant à détruire le pont de la SNCF de Crest, bombarda l’ouest de la ville laissant 38 morts et de nombreux blessés.
(liste)
Quelques personnes grièvement blessées décédèrent dans leurs villages »


Auteurs : Albert Fié et Robert Serre

Titre : Plaque commémorant les victimes du bombardement de Crest

Légende :

Plaque au cimetière de Crest commémorant les victimes du bombardement de la ville par l’aviation alliée, le 13 août 1944.

Genre : Image     Type : Photo

Producteur : Cliché Robert Serre

Source : © AERD, fonds Robert Serre - Droits réservés

Détails techniques :

Photographie numérique en couleur d’une plaque teintée et transparente fixée sur une stèle de pierre blanche dressée sur un socle.


Lieu : France - Auvergne-Rhône-Alpes (Rhône-Alpes) - Drôme - Crest