Cérémonies individuelles ou familiales




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  • Introduction

ESPACE PEDAGOGIQUE

Objectif de cet espace : 
permettre aux enseignants d\'aborder plus aisément, avec leurs élèves, l\'exposition virtuelle sur la Résistance dans la Drôme en accompagnant leurs recherches et en proposant des outils d’analyse et de compréhension des contenus.

L'espace d'exposition s'articule autour d'une arborescence à quatre entrées :
- Zone libre et Occupation,
- Résistance,
- Libération et après-libération,
- Mémoire.

Chaque thème est introduit par un texte contextuel court. A partir de là, des documents de tous types (papier, carte, objet, son, film) sont présentés avec leur notice explicative.

La base média peut être aussi utilisée comme ressource pour les enseignants et leurs élèves dans le cadre de travaux collectifs ou individuels, en classe ou à la maison.

Pour l'exposition sur la Résistance dans la Drôme, sont proposés aux enseignants des parcours pédagogiques (collège et lycée), en lien avec les programmes scolaires, utilisant les ressources de l'exposition :

1/ Collège :

Note méthodologique
- Parcours pédagogiques composés de :
     . Fiche 1 : La France vaincue, occupée et libérée,
     . Fiche 2 : Le gouvernement de Vichy, la Révolution nationale et la Collaboration,
     . Fiche 3 : Vivre en France durant l'Occupation,
     . Fiche 4 : La Résistance.

2/ Lycée :

- Note méthodologique
- Parcours pédagogiques composés de :
     . Dossier 1 : L'Etat français (le régime de Vichy),
     . Dossier 2 : Les Juifs dans la Drôme (antisémitisme, persécution, arrestation, déportation, protection),
     . Dossier 3 : Les résistants,
     . Dossier 4 : La Résistance armée,
     . Dossier 5 : La Résistance non armée,
     . Dossier 6 : La vie quotidienne.

Si vous êtes intéressés par ces dossiers, contactez nous : [email protected]

Réalisation des dossiers pédagogiques : Patrick Dorme (CDDP Drôme), Lionel FERRIERE (enseignant Histoire en collège et correspondant du musée de Romans), Michel MAZET (enseignant en lycée et correspondant des archives départementales). 

1. De la déclaration de guerre à l’Armistice, le 22 juin 1940 : Un mois après le début de leur attaque en mai 1940, les Allemands atteignent le nord de la Drôme. L’Armistice arrête les combats sur la rivière Isère. Le nord du département est occupé par les troupes allemandes.
2. De l’Armistice à l’occupation allemande, le 11 novembre 1942 : La Drôme est située en zone non occupée.
3. Du 11 novembre 1942 au 9 septembre 1943 : La Drôme est placée sous administration et occupation italiennes.
4. Du 9 septembre 1943 au 31 août 1944 : l’armée allemande occupe la Drôme ; c’est la période la plus intense pour la lutte contre l’ennemi et le gouvernement de Vichy.


Il s'agit d'une sélection de cartes nationales et locales sur la Résistance. La plupart de ces cartes ont été réalisées par Christophe Clavel et Alain Coustaury. Il s'agit d'une co-édition AERI-AERD tous (droits réservés)


CARTE INTERACTIVE DROME ET VERCORS DROMOIS ET ISEROIS
(Suivez ce lien pour afficher la carte et sélectionnez les points du paysage souhaités pour afficher les fiches correspondantes)


  France de 1940 à 1944
  Départements français sous l’Occupation
  Régions militaires de la Résistance en 1943
  La Drôme, géographie physique
  Esquisse de découpage régional de la Drôme
  Les communes de la Drôme
  Carte des transports en 1939
  Le confluent de la Drôme et du Rhône
  Densité de la population de la Drôme en 1939
  Densité de la population de la Drôme en 1999
  Evolution de la densité de population de la Drôme entre 1939-1999
  L’aérodrome de Montélimar-Ancône
  Aérodrome de Valence - Chabeuil - La Trésorerie
  Les caches des armes et du matériel militaire
  Les terrains de parachutages dans la Drôme
  Bombardements alliés et allemands dans la Drôme
  Immeubles détruits par les Allemands et la Milice
  Emplacement de camps de maquis de 1943 au 5 juin 1944
  Localisation des groupes francs qui ont effectué des sabotages en 1943
  Implantation et actions de la compagnie Pons
  FFI morts au combat ou fusillés
  Plan-de-Baix, Anse, 16 avril 1944
  Géopolitique de la Résistance drômoise en juin-juillet 1944
  Dispositif des zones Nord, Centre, Sud vers le 10 juin 1944
  Combovin, 22 juin 1944
  Vassieux-en-Vercors 21, 22, 23 juillet 1944
  Combat de Gigors 27 juillet 1944
  Le sabotage du pont de Livron
  Carte simplifiée de la bataille de Montélimar du 21 au 24 août 1944
  Carte simplifiée de la bataille de Montélimar du 25 et 26 août 1944
  Carte simplifiée de la bataille de Montélimar du 27 au 29 août 1944
  Carte simplifiée de la bataille de Montélimar du 29 août à 12 heures le 30 août 1944
  Etrangers au département, non juifs, arrêtés dans la Drôme et déportés
  Déportation, arrestations dans la Drôme
  Déportation des Juifs dans la Drôme
  Lieu de naissance de Drômois déportés, arrêtés dans la Drôme et à l’extérieur du département
  Cartes des principaux lieux de mémoire dans la Drôme
  Perceptions de la Résistance drômoise

Publications locales :

Une bibliographie plus détaillée sera accessible dans l’espace « Salle de consultation » du Musée virtuel.

SAUGER Alain, La Drôme, les Drômois et leur département. 1790-1990. La Mirandole. 1995.
GIRAUDIER Vincent, MAURAN Hervé, SAUVAGEON Jean, SERRE Robert, Des Indésirables, les camps d’internement et de travail dans l’Ardèche et la Drôme durant la Seconde Guerre mondiale. Peuple Libre et Notre Temps, Valence, 1999.
FÉDÉRATION DES UNITÉS COMBATTANTES DE LA RÉSISTANCE ET DES FFI DE LA DRÔME, Pour l’amour de la France. Drôme-Vercors. 1940-1944. Peuple Libre, Valence, 1989.
DE LASSUS SAINT-GENIÈS (général), DE SAINT-PRIX, Combats pour le Vercors et la Liberté. Peuple Libre, Valence, 1982.
LA PICIRELLA Joseph. Témoignages sur le Vercors, 14e édition, Lyon, 1994
LADET René, Ils ont refusé de subir. La Résistance en Drôme. Auto-édition. Portes-lès-Valence, 1987.
DREYFUS Paul, Vercors, citadelle de Liberté, Arthaud, Grenoble, 1969.
MARTIN Patrick, La Résistance dans le département de la Drôme, Paris IV Sorbonne, 2002.
SERRE Robert, De la Drôme aux camps de la mort, Peuple Libre et Notre Temps, Valence, 2006.
SUCHON Sandrine, Résistance et Liberté. Dieulefit 1940-1944. Éditions A Die. 1994.
VERGNON Gilles, Le Vercors, histoire et mémoire d’un maquis, L’Atelier, Paris, 2002.

Dvd-rom La Résistance dans la Drôme et le Vercors, éditions AERD-AERI, 2007.

Ce travail n’aurait pu avoir lieu sans l’aide financière du Conseil général de la Drôme, du Conseil régional de Rhône-Alpes, du Groupe de Recherches, d’Études et de Publications sur l’Histoire de la Drôme (GRÉPHiD) et de l'AERD qui y a affecté une partie des recettes de la vente des dvd-roms, La Résistance dans la Drôme et le Vercors.

L’équipe de la Drôme tient à les remercier ainsi que :
- l’Office départemental des anciens combattants (ONAC),
- la Direction départementale de l’équipement de la Drôme (DDE),
- le Centre départemental de documentation pédagogique de la Drôme, (CDDP),
- le personnel et la direction des Archives départementales de la Drôme, de l’Isère, des Archives communales de Allan, de Crest, de Die, de Grâne, de Montélimar, de Romans-sur-Isère, de Triors, de Saint-Donat-sur-l’Herbasse, de Saint-Uze,
- les Archives fédérales allemandes (Bundesarchiv), le National Archives and Records Administration (NARA), The National Archives (les archives nationales britanniques), Yad Vashem,
- le Musée de la Résistance en Drôme et de la Déportation de Romans, le Musée de la Résistance de Vassieux-en-Vercors, le Mémorial de La Chau, le Musée de Die, le Musée Saint-Vallier, la Médiathèque de Montélimar, le Musée de la Résistance et de la Déportation de l’Isère, le Mémorial Shoah, l’Association des Amis du Musée des blindés de Saumur, le Musée de la Division Texas (USA),
- l’Association Études drômoises, l’Association Mémoire d’Allex, l’Association Sauvegarde du Patrimoine romanais-péageois, l’Association Mémoire de la Drôme, l’Association des Amis d’Emmanuel Mounier, l’Association Patrimoine, Mémoire, Histoire du Pays de Dieulefit, l’Amicale maquis Morvan, la Fédération des Unités Combattantes et des FFI de la Drôme, l’Association nationale des Pionniers et Combattants Volontaires du Vercors.

Mais nos remerciements s’adressent surtout à toutes celles et tous ceux, notamment résistantes, résistants et leurs familles, qui ont accepté de livrer leurs témoignages, de nous confier leurs documents et leurs photographies. Ils sont très nombreux et leurs noms figurent dans cette exposition. Ils s’apercevront au fil de la lecture que leur contribution a été essentielle pour l’équipe qui a travaillé à cette réalisation. Grâce à eux, une documentation inédite a pu être exploitée, permettant la mise en valeur de personnes, d’organisations et de faits jusqu’alors méconnus. Grâce à eux nous avons pu avancer dans la connaissance de la Résistance dans la Drôme et plus largement dans celle d’une histoire de la Drôme sous l’Occupation.
L’étude de cette période et des valeurs portées par la Résistance, liberté, solidarité, justice et progrès social…, nous semble plus que jamais d’actualité.

 

CONCEPTION, RÉALISATION

Maîtres d’ouvrage :
Association pour l’Élaboration d’un Cédérom sur la Résistance dans la Drôme (AERD), en lien avec l'Association pour des Études sur la Résistance intérieure (AERI) au niveau national. 

Maîtrise d’ouvrage : Carré multimédia. 

Gestion de projet AERI : Laurence Thibault (directrice) – Laure Bougon (chef de projet) assistée d’Aurélie Pol et de Fabrice Bourrée. 

Groupe de travail : Pierre Balliot, Alain Coustaury, Albert Fié, Jean Sauvageon, Robert Serre, Claude Seyve, Michel Seyve. Patrick Martin et Gilles Vergnon interviennent sur des notices spécifiques. 

Sont associés à ce travail tous ceux qui ont participé à la réalisation du Dvd-rom La Résistance dans la Drôme, et qui par la même, ont contribué à une meilleure connaissance de la Résistance dans le département. 

Groupe pédagogique : Patrick Dorme (CDDP Drôme), Lionel FERRIERE (enseignant Histoire en collège et correspondant du musée de Romans), Michel MAZET (enseignant en lycée et correspondant des archives départementales). 

Cartographie : Christophe Clavel et Alain Coustaury.

Il est possible de distinguer dans les moments de commémoration deux grands types de cérémonies : les cérémonies officielles et les cérémonies familiales. Les premières répondent à des contraintes de protocoles civil et militaire. Les secondes se déroulent dans une atmosphère différente. La date des commémorations officielles est fixée par les autorités. Les familiales profitent d'un jour de congé, d'un dimanche quand on ne peut se rendre sur le lieu de mémoire le jour même de la mort du résistant. Le décorum est imposant lors des cérémonies officielles, avec autorités civiles et militaires, unités de soldats, porte-drapeau des associations. Rien de tel lors des commémorations familiales, enfants et petits-enfants, quelques amis, un bouquet de fleurs composent le paysage autour de la stèle ou de la croix. Un repas familial peut terminer la journée.

Auteur : Alain Coustaury
 

Maquettes de maisons de la reconstruction du Vercors



  • Médias liés
  • Contexte historique
  • Analyse média

Plaque apposée à l'endroit où se trouvait la ferme Bertrand à Marignac

Formulaire de déclaration de sinistre

La reconstruction du Vercors, sur le massif même et aux alentours s'inscrit dans un contexte politique complexe. Elle est pensée localement et aussi dans la vision d'un redressement général de la France après une période où la cohésion nationale a été mise à mal pendant l'Occupation et l'État de Vichy. Non seulement, on vise à la reconstruction des bâtiments et des villages mais on définit l'agriculture comme un secteur stratégique dans le Plan de production et de modernisation de 1946. C'est dans cette vision que les exploitations agricoles du Vercors sont pensées dans une exigence de viabilité économique. Ce double enjeu, local et national, conduit à l'action de nombreux agents de l'État. Une des premières exigences est l'établissement d'une évaluation des dégâts matériels liés aux opérations militaires menées par la Wehrmacht. Dans le Vercors, les premières enquêtes débutent alors que les Alpes françaises ne sont pas encore libérées. Elles sont menées par des personnes aux origines et aux buts différents. Une enquête de terrain est réalisée par un jeune géographe de l'US Army, Peter Nash, secondé par le professeur Raoul Blanchard de l'Institut de géographie de Grenoble. Un haut fonctionnaire du Génie rural a recensé les exploitations détruites. D'autres intervenants de l'État réalisent des travaux d'estimation des dégâts. De ces multiples travaux, il s'en est suivi des approches différentes de la conduite à tenir pour la Reconstruction du Vercors. Roger Houdet, Inspecteur Général du Génie rural, est lui en mission au titre de Délégué Général à la Reconstitution agricole au sein du ministère de l’Agriculture. Le contexte exceptionnel du Vercors l’oblige à se rendre sur le terrain pour évaluer l’ampleur des dégâts afin de renseigner les décisions politiques. Il côtoie le délégué départemental de la Reconstruction, Albert Pietri, Ingénieur en chef des Ponts et Chaussées pendant la guerre, détaché ensuite au ministère de la Reconstruction et de l’Urbanisme et monsieur Sabatou, architecte professionnel nommé Architecte en chef de la Reconstruction du Vercors. On a pu observer une concurrence entre les acteurs de ces recherches pour reconstituer et moderniser le massif. Par exemple l'action de François Boissière, représentant du Commissaire de la République, associé au Gouvernement provisoire, est un des initiateurs des premières mesures d'urgence. Sa capacité à trouver des arrangements, accélérant la reconstruction, est remise en cause par le délégué départemental à la Reconstruction Albert Pietri, au fur et à mesure que les services de l'État se réorganisent. Mais tous s'accordent pour mettre en exergue les difficultés liées à l'exode rural indissociable des destructions consécutives aux événements militaires.

Les pertes humaines estimées à 130 civils pour les 24 communes du massif et de ses contreforts s'ajoutent à l'exode rural. Elles vont accroître les difficultés de la reconstruction. Pertes humaines et destructions matérielles se concentrent dans le Vercors drômois. Sur les 573 bâtiments détruits recensés, 459 se trouvent dans la Drôme. Deux communes sont particulièrement touchées, Vassieux avec 240 bâtiments détruits sur 247 et La Chapelle-en-Vercors avec 155 sur 163. En Isère, seules les communes de Malleval et de Saint-Nizier ont subi des destructions comparables. Le cheptel a subi de grosses pertes, Vassieux a perdu 96 % de son gros bétail. La reconstruction va donc privilégier le canton de La Chapelle-en-Vercors. Dès le 1er septembre, Yves Farge, Commissaire de laRépublique, crée le Comité d'aide et de reconstruction du Vercors (CARV) dont il confie la direction initiale au commandant Pierre Tanant. Des mesures urgentes sont à prendre pour faire face à l'arrivée de l'hiver. Ensuite un plan à plus long terme est établi fixant les responsabilités et délimitant le secteur intéressé par la reconstruction. Ce dernier comprend les cantons de Villard-de-Lans, La Chapelle-en-Vercors, Saint-Jean-en-Royans, les communes de Combovin, Saint-Julien-en-Quint, Romeyer, Espenel, Plan-de-Baix. Pour reloger les sinistrés, Yves Farge propose de les loger dans les hôtels, alors vides, de Villard-de-Lans. Cette initiative est mal accueillie par les édiles qui veulent que leur cité retrouve le plus rapidement possible sa fonction économique, notamment touristique, et par les sinistrés qui désirent rester sur place. C'est en cet automne 1944 que l'aide de la Suisse va soulager les sinistrés par l'envoi d'aliments mais aussi de bois et de carton bitumé pour isoler les bâtiments. Cette aide est formalisée par la création le 13 décembre 1944 du « Don suisse pour les victimes de guerre ». Le Vercors va bénéficier de dons, d'outillage (les premières moto-faucheuses), de linge, de bétail. À l'entrée de l'hiver les sinistrés sont pratiquement tous relogés dans des baraquements préfabriqués. Si l'aide d'urgence a été rapide et efficace, il n'en est pas de même pour les chantiers de reconstruction. Des communes du Diois réclament leur intégration dans le Comité. Ce dernier, en avril 1945, cède sa compétence de la reconstruction à la délégation de reconstruction de l'Isère basée à Grenoble, déclenchant des protestations des communes drômoises qui se sentent lésées. L'ingénieur Pietri doit faire face à ces difficultés. Citons en une : le dossier d'un sinistré drômois.

Le 27 juillet 1944, la ferme de Gaston Bertrand de Marignac-en-Diois, sur le contrefort méridional du Vercors, est incendiée par l'armée allemande. Le 28 décembre 1944, Gaston Bertrand reçoit une réponse à une demande de subvention pour la reconstruction de sa maison. Si elle est réalisée, 80 à 90 % du coût seront pris en compte par l'État. Si la maison n'était pas reconstruite, l'aide ne serait que de 30 %. Cette différence traduit la volonté de maintenir la population sur place et de reconstruire selon les nouvelles normes d'urbanisme, bien signifiée dans un document du CARV du 8 janvier 1945 : « Ainsi, par une juste compensation des souffrances subies, [ils] profiteraient d'une expérience peut-être unique dans tout le pays. À la place de ruines, naîtront des maisons, quartiers ou villages plus beaux sans que les communes doivent en supporter les frais ». Dans le cas présent, cette idée a été appliquée à la lettre car il y a eu effectivement une belle bâtisse construite en lieu et place d'une ferme : ainsi Gaston Bertrand va devoir demander des aménagements plus fonctionnels dont le coût sera réclamé à sa veuve 20 ans plus tard ! Quant au cheptel et au matériel agricole, Gaston Bertrand doit s'adresser à une autre administration ce qui est une source de lourdeur dans la distribution des aides. Afin de compenser la perte de son activité agricole par manque de matériel et de cheptel, Gaston Bertrand avait fait une demande d'emploi de cantonnier qu'il n'obtiendra pas La famille Bertrand a tout perdu dans l'incendie de sa maison. Le 11 mai 1945, un document lui propose d'acheter à un bon prix du mobilier. « Ces mobiliers sont en chêne ciré. Ils sont d'une grande solidité et fort beaux. Il sera certainement impossible de satisfaire, dès maintenant, toutes les demandes  » Toujours le souci de qualité mais la pénurie demeure. Le cheval est encore, en 1945, l'animal de trait largement employé dans les exploitations agricoles françaises. La motorisation de l'agriculture française se fera essentiellement dans les années 1950 et 1960. Gaston Bertrand a perdu le sien lors de l'incendie de l'écurie. Le remplacement et le renouvellement des chevaux de trait sont difficiles. Un cheval a quand même été donné à Gaston Bertrand mais il a été enlevé à un agriculteur, non sinistré, de Marignac. On imagine facilement les tensions que peuvent créer de telles situations. Petit à petit la situation matérielle s'améliore. En octobre 1945, est proposée, aux sinistrés du Vercors, une longue liste d'objets nécessaires à la vie quotidienne. Ils sont destinés aux deux catégories de sinistrés, les sinistrés totaux et les sinistrés partiels. Cette distinction doit être source de difficultés car il paraît difficile de faire la différence entre les deux catégories, facilitant les possibilités de tricheries et créant par la suite des rancunes tenaces entre les différents bénéficiaires. Le courrier daté du 15 octobre 1945 fait état des cartes de rationnement. La guerre est finie mais la pénurie perdure. Le rationnement de certaines denrées ou matériels durera jusque dans les années cinquante. Il entraînait l'obligation de s'inscrire chez un fournisseur. La note du 6 mars 1946 confirme que, malgré les efforts, la pénurie en « mobiliers de réinstallation » continue. La situation ne s'améliore que très lentement puisque ce n'est que le 10 avril 1946 que Gaston Bertrand doit remplir une déclaration de sinistre pour les dommages agricoles subis en juillet 1944. L'administration lui fait comprendre par une lettre du 14 mai 1946 qu'il n'est pas le plus à plaindre car le Vercors a bénéficié d'une aide bien supérieure à celle reçue par d'autres régions. Ce courrier constate la dissolution du centre de Valence du Comité Aide et Reconstruction du Vercors. On peut noter que déjà, à cette époque, le Vercors tient une place importante dans l'esprit et la mémoire du personnel politique français. Quant aux articles que la famille Bertrand peut récupérer, ils mettent en valeur l'aide des États-Unis et également un changement dans les trousseaux. Couvre-pieds américains et sacs de couchage remplacent draps de coton ou de lin ! Toutes les démarches qui précèdent ne sont pas gratuites. Gaston Bertrand doit payer une note d'honoraire du 8 juin 1946 pour établir dossiers et réclamations. L'équipement de la cuisine s'améliore par la réception d'une batterie de 13 pièces en novembre 1946. Mais, la famille n'a pas encore reçu une aide financière. En janvier 1947, l'expertise des dommages n'est pas totalement réalisée. Dans le même temps, les contrôles pour éviter les fraudes sont effectués. Le 21 janvier 1947, Gaston Bertrand doit fournir le bon pour l'acquisition d'un matelas. Toutes les difficultés rencontrées pour obtenir de l'État des avances sur les indemnités prévues ont amené Gaston Bertrand à faire appel à la Fédération nationale des anciens combattants et des victimes des deux guerres. Celle-ci, dans sa réponse, montre bien les limites de son action qui ne peut être qu'un service de renseignements sur la législation. En effet, aucun statut particulier n'a été mis en place pour les sinistrés. Gaston Bertrand décède en 1947. Sa veuve, Lucie, venue s'installer à Die, perçoit en 1957 pour indemnité d'éviction la somme de 213 803 francs (2 138,03 nouveaux francs ou 326 €) sous forme de titres nominatifs à émettre et payables annuellement sur vingt ans (100 nouveaux francs/an !) Pour un complément d'une autre indemnité, Lucie Bertrand a reçu le 26 février 1957 un courrier précisant qu'elle en percevra le montant en 1958. Le 24 octobre 1958 un nouveau courrier l'informe qu'elle ne percevra pas cette somme à la date fixée car « à la suite de récentes compressions budgétaires, l'ordre de priorité a dû être modifié. Seuls pouvaient être réglés en 1958 les sinistrés nés en 1906 et antérieurement… ». Lucie Bertrand, née en 1910, devra encore patienter... . L'histoire de la famille Bertrand peut être étendue à de nombreux foyers du Vercors. Elle permet de saisir les difficultés de la reconstruction du Vercors et plus généralement de la France.


Alain Coustaury

Vergnon Gilles : Le Vercors, histoire et mémoire d'un maquis , les Éditions de l'Atelier, 2002, 256 pages

 Nash (Peter H.), 1946, « Le massif du Vercors en 1945. Étude sur les dévastations causées par l’armée allemande » Archives Nationales de France

(ANF) F/10/7103, 27 mars 1945, M. Houdet, Compte-rendu de mission - Archives Départementales de la Drôme (AD26), 2602WP ANF, F/10/7103, 1er avril 1946, Boissière, Bilan de l’activité du Comité d’Aide et de Reconstruction ANF, F/10/7103, 31 juillet 1946, Lettre confidentielle concernant la Reconstitution du Vercors

Cette vitrine du musée de la Résistance de Vassieux présente deux maquettes de maisons. Maquettes « éclatées », elles mettent en évidence les plans des constructions. À gauche, la ferme traditionnelle est composée d'un rez-de-chaussée où l'étable tient une place prépondérante. Les lieux de vie ne représentent qu'un tiers de la surface. Il en est de même pour l'étage où la « fenière » couvre les 2/3 de la surface. La maquette de droite met en évidence la volonté de donner une place prépondérante au confort des habitants. Plus vastes, plus éclairés, plus gais, les espaces de vie représentent désormais pratiquement la moitié de la surface du bâtiment. Les villages, lors de leur reconstruction, ont profité également des nouvelles conceptions de l'urbanisme : rues larges, aérées, adduction d'eau, sanitaires privés, etc. C'est ainsi que Vassieux, La Chapelle-en-Vercors mais aussi, sur les contreforts du Vercors, Beaufort-sur-Gervanne, Combovin, Espenel ont profité de la politique de reconstruction après 1945. Cette dernière s'est déroulée dans un contexte politique et économique difficile expliquant souvent la lenteur et les difficultés de la renaissance des communes touchées par les événements de 1944.


Alain Coustaury

Titre : Maquettes de maisons de la reconstruction du Vercors

Légende :

Maquettes de maisons rurales, musée de la Résistance de Vassieux-en-Vercors. Celle de gauche représente la ferme ancienne, celle de droite la ferme issue de la Reconstruction. Sources : collection Alain Coustaury ©

Genre : Image    

Producteur : Alain Coustaury

Source :

Détails techniques :

Photographie numérique couleur


Date document : 2012

Lieu : France - Auvergne-Rhône-Alpes (Rhône-Alpes) - Drôme - Vassieux-en-Vercors