En août 2021, le président de la République, Emmanuel Macron, annonçait l’entrée de Joséphine Baker au Panthéon. L’artiste franco-américaine, symbole du combat contre le racisme, rejoindra la nécropole laïque des « Grands Hommes » le 30 novembre 2021.
A cette occasion, le musée de la Résistance en ligne vous propose une sélection de documents issus des fonds du Service historique de la Défense, de la Bibliothèque nationale de France, des Archives nationales ou encore de l'ECPAD permettant de suivre son parcours durant la Seconde Guerre mondiale.
Né à Saint-Louis (Missouri) sous le patronyme de Freda Josephine McDonald, Joséphine Baker obtient la nationalité française par son mariage avec Jean Lion en novembre 1937. Artiste de music-hall de renommée internationale, elle se met dès 1939 au service du contre-espionnage français. Durant la Drôle de guerre, elle prend part à une série de concerts pour soutenir le moral des troupes. A Paris, elle profite des soirées mondaines pour recueillir des renseignements pour le contre-espionnage. En 1940, alors que les Allemands ont fait leur entrée dans la capitale, elle refuse de se produire sur scène devant eux et se retire dans son château en Dordogne. Reprenant ses activités clandestines, elle emmène en tournée en Espagne et au Portugal une « troupe » composée de Jacques Abtey, ancien responsable du contre-espionnage à Paris, et d’autres agents de renseignements au service des Alliés. Elle s'installe ensuite en Afrique du Nord où elle reste hospitalisé pendant 19 mois suite à de graves problèmes de santé. A partir de janvier 1943, elle reprend ses activités artistiques au service des armées françaises : spectacles, concerts et levées de fonds, tout en continuant son activité de renseignement pour l’état-major du général de Gaulle.
Le 23 mai 1944, Joséphine Baker signe son engagement dans les Formations féminines de l'Air, avec le grade de sous-lieutenant. Elle reprend alors ses concerts au profit des troupes françaises et des populations civiles sinistrées. Le 8 septembre 1945, Joséphine Baker est démobilisée. Décorée de la médaille de la Résistance Française avec rosette le 5 octobre 1946, il faut attendre le décret du 9 décembre 1957 pour qu'elle soit nommée chevalier de la Légion d'Honneur.
De 1939 jusqu’à la libération de la France, puis jusqu’à la capitulation de l’Allemagne, son engagement fut continu sous des formes particulières, celui d’une résistante atypique, mais d’une résistante authentique. Le général de Gaulle a tenu à rendre personnellement hommage à l’engagement de la chanteuse . « C’est en toute connaissance de cause et de tout cœur, lui écrit-il le 14 octobre 1946, que je vous adresse mes sincères félicitations pour la haute distinction de Résistance française qui vous a été attribuée. J’ai vu et beaucoup apprécié les grands services que vous avez rendus dans les moments les plus difficiles. Je n’ai été, par la suite que plus touché de l’enthousiasme et de la générosité avec lesquels vous avez mis votre magnifique talent à la disposition de notre cause et de ceux qui la servaient ».
Après la guerre, elle s’installe en Dordogne, où elle s’occupe de sa tribu "Arc-en-ciel" composée de douze enfants de toutes origines qu’elle a adoptés. Elle s'engage activement dans la lutte contre le racisme au niveau international. Elle participe en 1963 à la Marche sur Washington organisée par Martin Luther King, au cours de laquelle elle prononce un discours, vêtue de son ancien uniforme de l’armée de l’Air française et de ses décorations obtenues au titre de la Résistance. À cette époque, elle est engagée dans l’action de la Ligue internationale contre le racisme (LICA) qui devient la LICRA en 1980. Elle décède le 12 avril 1975 dans le 13e arrondissement de Paris.
Fabrice Bourrée