Toutes les armées disposent de services photographiques, souvent utilisés dans un but de propagande. Il s'agit en effet de minimiser les défaites et d'exagérer les victoires ! Avec le recul nécessaire, les documents photographiques contenus dans les archives militaires constituent cependant des sources précieuses et probantes pour les historiens et les cinéastes.
Les actions de la Résistance intérieure, que ce soit sous leur aspect civil avec les mouvements, ou militaires avec les formations armées de la Résistance (qui n’avaient pas les caractéristiques d’une armée dite "régulière") ne peuvent en aucune façon se comparer puisqu’il s’agissait d’une action clandestine. La clandestinité nécessitait à l’évidence de se méfier comme de la peste de l’existence de photos compromettantes risquant de tomber entre les mains des forces répressives de l’ennemi : Gestapo, police de Vichy, milice, organisme de délation telle la Légion des combattants, etc.
Un exemple illustre particulièrement la pénurie de documents photographiques relatifs aux actions de Résistance : alors que les actions de sabotage des transports ferroviaires au service de l’ennemi (transport de marchandises, de munitions, de troupes) constituent l'un des plus beaux fleurons à l’actif des formations armées de la Résistance (plus de 250 actions recensées en Ardèche avant le 6 juin 1944 à l’actif des groupes francs de l’Armée Secrète et des groupes de Francs-Tireurs et Partisans dont les maquis), le déraillement d’un train a dû faire l’objet d’une reconstitution (très réussie) pour le célèbre film "La Bataille du rail’’. Les cinéastes ne disposaient d’aucun document photographique évident.
Avec quoi illustrer les actions de la Résistance intérieure ? En ce qui concerne la première de ces actions, qui était de s’exprimer, les archives sont riches en journaux et tracts clandestins, mais les photos n’apparaissent tout d’abord que pour la fabrication de faux papiers. Il s’agit de photos d’identité de personnages ayant modifié leur physionomie par des changements vestimentaires, le port de lunettes ou l’apparition de moustaches… Il ne s’agit pas d’une imprudence mais au contraire d’une précaution effectuée sans risque dans une cabine de photomaton. En faisant abstraction des "réseaux" dont le rôle principal était l’acheminement vers les services de renseignements des armées alliées de documents supposant évidemment la transmission de documents photographiques, les historiens - et singulièrement en Ardèche le comité de rédaction du CD-ROM sur l’histoire de la Résistance en Ardèche (1) et les concepteurs des panneaux présentés dans la salle d’exposition du Musée départemental de la Résistance du Teil - ont pu disposer de quatre sources principales de documents photographiques :
- les photos officielles (Renseignements Généraux, gendarmerie, services de propagande de Vichy) ;
- les photos d’amateurs, prises par hasard ;
- les photos clandestines prises en violation des règles de sécurité recommandées et même "exigées" par les mouvements de Résistance ;
- les photos de qualité, prises pendant la période insurrectionnelle par des photographes professionnels amoureux de leur art.
(1) CD-ROM La Résistance en Ardèche, AERI, 2004.
Illustration : appareil photographique Kodak © Collection Marc Fineltin