"Eleuthère"

L’écrivain Hubert de Lagarde, qui a eu pour professeur d’histoire à Saint-Cyr le commandant Charles de Gaulle, fonde en 1942 le réseau Eleuthère. Ce patriote, ancien militant d’Action française, installe un magasin d’antiquités « Chez Swan », rue Cambon à Paris pour mieux couvrir ses activités. Ce réseau, travaillant pour Libération-Nord en zone occupée, se spécialise dans le renseignement. Comme ses homologues Cohors et Phalanx, il y ajoute l’espionnage et le sabotage.
Sous son impulsion, son activité s’étend en zone occupée par la création de 12 sous-réseaux allant jusqu’à employer 419 agents en 1943. Aidé de son adjoint, le commandant André Brouillard, dit "Pierre Nord", il transmet des informations à Londres pour les Alliés. Ainsi, dans la nuit du 4 au 5 mai 1944, grâce aux précisions transmises, le raid aérien détruisant la division blindée Hohenstauffen regroupée dans la région de Mailly (Marne) est une réussite (10 000 tués, 400 chars détruits). Au demeurant, Lagarde s’insurge contre les bombardements aveugles des Alliés, dont celui de Rouen. En 1944, il prend la tête du service de renseignement de Libération-Nord puis de l’état-major mais est arrêté le 16 juin. Le 17 juin, il est remplacé par le lieutenant Roger Hillard, officier d'active de l'Air, désigné d'avance par Hubert de Lagarde pour lui succéder en cas d'arrestation. Déporté, Lagarde meurt à Dora le 25 janvier 1945.
Pour le réseau Eleuthère, l'étau se resserre à partir du 11 juillet 1944, date de l'arrestation du lieutenant Hillard. Celui ci sera remplacé par un autre officier d'active de l'armée de l'Air, le lieutenant Gourmez, également désigné par Hubert de Lagarde, dans la même éventualité. Gourmez assurera le commandement du réseau jusqu'à la Libération et son rappel dans son arme d'origine, où il mourra en service quelque temps plus tard.
Pour la réussite de ces missions, le prix à payer est élevé : 8 fusillés, 86 déportés.

Auteurs : Christine Levisse-Touzé et Dominique Veillon

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