"Manche"

En décembre 1940, Joseph Bocher, militant de la CGT, reçoit une lettre envoyée par Neumeyer, ancien secrétaire de la Fédération des fonctionnaires, dans laquelle il apporte son soutien au Manifeste du syndicalisme, manifeste appelant à lutter contre l'hitlérisme et le gouvernement de Vichy. Neumeyer met alors en contact Joseph Bocher avec Henri Ribière, militant socialiste de l'Allier, qui cherche à rassembler des militants décidés à lutter contre Hitler et Vichy. Au début de l'année 1941, Henri Ribière rend visite à Joseph Bocher, à Equeurdreville. Les deux hommes décident de mettre en place un mouvement de Résistance, s'appuyant sur des militants restés fidèles à leur idéal. Henri Ribière et Joseph Bocher parcourent ainsi la côte et relèvent les emplacements des fortifications allemandes autour de Saint-Lô. Les liaisons sont assurées par André Le Bellec, qui se voit aussi confier la responsabilité du secteur nord de la Manche. Joseph Bocher repère les militants sûrs et écartent ceux qui ont suivi la voie de la collaboration. En juin 1941, la CGT clandestine est reconstituée. La formation du mouvement Libération-Nord est en marche sous l'impulsion de Raymond Le Corre. Le mouvement Libération-Nord naît officiellement dans la Manche lors d'une réunion tenue le 14 juillet 1942, à Cherbourg, au domicile du père de René Schmitt, en présence de Joseph Bocher, responsable de la CGT, Patrice Gardin, délégué des cheminots et René Schmitt, représentant de la SFIO, agissant avec l'assentiment tacite de Raymond Le Corre. René Schmitt est nommé délégué départemental, tandis que Joseph Bocher prend la direction de la branche syndicale du mouvement et que Raymond Le Corre reçoit la responsabilité du Parti socialiste clandestin. Raymond Le Corre et Joseph Bocher s'efforcent de regrouper ces militants, de les organiser et de les orienter en particulier sur la propagande avec Le Populaire, Socialisme et Liberté, Libération. Mais le renseignement n'est pas pour autant ignoré. Beaucoup d'agents du mouvement déploient une activité de chaque instant pour recruter, renseigner comme André Le Bellec à Equeurdreville, Désiré Lerouxel à Avranches, Marcel Menant à Saint-Lô ou encore Marcel Toulorge à Carentan. En mai 1943, à Cherbourg, Raymond Le Corre repousse une demande de Robert Colléate, responsable départemental du Front national, qui lui demande l'adhésion de Libération-Nord au Front national. Le 4 juillet 1943, René Schmitt est arrêté par la Gestapo puis interné jusqu'au 24 janvier 1944. Il est remplacé par Raymond le Corre. Après l'arrestation de celui-ci en février 1944, Joseph Bocher prend la direction du mouvement. A la veille du Débarquement, le mouvement Libération-Nord, qui compte environ 200 agents, est bien implanté dans l'agglomération cherbourgeoise, à Carentan, Avranches, Les Pieux, Saint-James ainsi que dans le Sud du Coutançais.

Le mouvement Libération-Nord est surtout présent autour de quelques grands centres urbains. Il est ainsi bien implanté dans l'agglomération cherbourgeoise, en raison de l'arsenal, à Carentan, Avranches où des liaisons étroites ont pu être instaurées avec le Front national local, Les Pieux, Saint-James ainsi que dans le Sud du Coutançais. Le Cotentin, le Val de Saire, le bocage Saint-Lois et le Mortainais sont des régions de faible implantation du mouvement. Le recrutement essentiellement urbain, milieu fertile pour un mouvement tourné essentiellement vers le renseignement, explique cette localisation ciblée.

Source(s) :

Source : Cédric Neveu, "Libération-Nord" et "L'implantation géographique de Libération-Nord" in CD-ROM La Résistance dans la Manche, AERI, 2004.

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