En octobre 1943, la maison centrale d'Eysses, à Villeneuve-sur-Lot (Lot-et-Garonne), devient un lieu stratégique où les autorités de Vichy décident de concentrer tous les résistants condamnés de la zone Sud. Le chiffre des résistants détenus à Eysses atteindra 1400 début 1944. La grande diversité géographique et sociale des détenus cède vite la place à l'idée de communauté. Contre toute attente, les détenus réorganisent à l'intérieur de la prison une société vivant normalement malgré la contrainte. Les emprisonnés opposent à leurs geôliers leur esprit de résistance. Ils obtiennent une relative liberté de mouvement ainsi que le droit d'enseigner et de se distraire. Fin 1943, des journaux clandestins font leur apparition dans la prison. Les détenus parviennent aussi à communiquer avec l'extérieur et à tisser des liens avec des résistants locaux, par le biais notamment d'un certain nombre de gardiens. Le 19 février 1944, le directeur de la prison ainsi qu'un inspecteur de l'administration pénitentiaire sont pris en otage par les détenus. L'alerte est donnée. S'ensuit alors une fusillade puis le siège de la prison, toute la nuit, par les gardes mobiles de réserve. Les détenus résistants sont finalement contraints de renoncer à leur action. Dans les jours qui suivent le soulèvement, une cour martiale condamne à mort 12 détenus. Ils sont exécutés au matin du 23 février 1944. Les détenus demeurés dans la prison sont livrés aux nazis le 30 mai 1944. Les S.S. procèdent à la déportation des détenus qui sont transférés vers le camp de concentration de Dachau à la fin du mois de juin 1944. 400 des détenus d'Eysses mourront en déportation.
Cette exposition virtuelle vous propose de suivre les parcours individuels de douze de ces résistants incarcérés à Eysses. Nous souhaitons par ces choix montrer la diversité des résistants d'Eysses, que ce soit au niveau de l'âge, des origines socio-professionnelles, des tendances politiques ou syndicales, des opinions religieuses, des mouvements ou réseaux de résistance auxquels ils appartenaient....
Voici les parcours proposés :
- Henri Auzias, 28 ans en 1940, postier marseillais, résistant communiste, représentant communiste des détenus d’Eysses auprès de la direction de la centrale, fusillé à Eysses le 23 février 1944.
- Fernand Belino, 30 ans en 1940, garçon de café à Epinay-sur-Seine, militant communiste ; combattant volontaire en Espagne républicaine, déporté à Buchenwald, rapatrié, carrière politique après-guerre.
- Jean Belloni, 44 ans en 1940, tailleur d’habits à Villeneuve-sur-Lot, résistant communiste, déporté à Dachau, rapatrié.
- Jean Chauvet, 19 ans en 1940, cheminot à Nîmes, résistant communiste, fusillé à Eysses le 23 février 1944.
- Marcel Cochet, 27 ans en 1940, professeur de sport au lycée Lalande de Bourg-en-Bresse, chef départemental de l’Ain de Libération-Sud puis des Mouvements Unis de Résistance, déporté à Dachau, rapatrié.
- Georges Dunoir, 37 ans en 1940, représentant en appareils chirurgicaux à Lyon, franc-maçon, fondateur du mouvement de résistance Le Coq enchaîné, déporté à Dachau, rapatrié.
- Stéphane Fuchs, 34 ans en 1940, protestant, médecin, résistant à Nice, officier du réseau de renseignement franco-polonais F2, représentant gaulliste des détenus d’Eysses auprès de la direction de la centrale, déporté à Dachau, rapatrié, premier président de l’amicale des anciens d’Eysses.
- Ramon Garrido, 25 ans en 1940, républicain espagnol, capitaine des Francs-tireurs et partisans français, responsable de la Résistance espagnole pour les départements du Finistère, des Côtes du Nord, du Morbihan, de la Sarthe et de la Loire Inférieure, déporté à Dachau, rapatrié.
- Michel Guillerm, 16 ans en 1940, jeune maquisard dans le secteur de la Rochelle, mort à Dachau le 30 janvier 1945.
- Raymond Jacquet, 32 ans en 1940, résistant au sein du mouvement Combat à Clermont-Ferrand, représentant des gaullistes du préau 3 à Eysses, déporté à Buchenwald, rapatrié, carrière politique après-guerre.
- Philippe Albert de Crevoisier, baron de Vomécourt, 38 ans en 1940, chef de réseau du Special operations executive (services secrets britanniques) , évadé d’Eysses le 3 janvier 1944, regagne Londres puis est parachuté en France pour une nouvelle mission.
- Paul Weil, juif, 24 ans en 1940, étudiant en médecine, prisonnier de guerre évadé en 1940, résistant au sein du mouvement Franc-Tireur à Clermont-Ferrand, responsable du service médical de l’infirmerie d’Eysses, déporté à Dachau, rapatrié.
VOIR EGALEMENT ICI L'EXPOSITION VIRTUELLE CONSACREE A LA CENTRALE D'EYSSES