Légende :
Témoignages de Claude Lévy, Edgard Franchot, Jean Vergne et Raoul Vignettes extraits du documentaire « Eysses, une prison dans la Résistance ».
Genre : Film
Type : Film documentaire
Producteur : Amicale d’Eysses / IFOREP
Source : © Association nationale pour la mémoire des résistants et patriotes emprisonnés à Eysses Droits réservés
Détails techniques :
Durée totale : 52 minutes. Durée de l'extrait : 00 :00 :23
Date document : 1987
Lieu : France - Nouvelle-Aquitaine (Aquitaine) - Lot-et-Garonne - Villeneuve-sur-Lot
Le film retraçant l'histoire d'Eysses est décidé lors du 40ème congrès en 1985 pour donner un contenu plus historique aux livres édités précédemment. Le film tourné à Villeneuve-sur-Lot et à Eysses en février 1986, sort en janvier 1987, sous le titre « Eysses, une prison dans la Résistance ». Il retrace en cinquante deux minutes les victoires remportées dans la prison, le grand dessein : l'évasion du 19 février et son échec, ce qu'était l'esprit d'Eysses, fait de tolérance, de civisme, d'abnégation, tout en le replaçant bien dans le contexte.
Dans cet extrait, quatre résistants incarcérés à Eysses - Claude Lévy, Edgard Franchot, Jean Vergne et Raoul Vignettes - indiquent leurs dates d’arrivée à Eysses et leur provenance carcérale. Leurs témoignages sont recueillis par Anna Dupuis-Defendini au sein-même de la Centrale.
Claude Levy : « Je suis arrivé de la prison Saint-Paul à Lyon en mai 1943 ».
Né le 7 mai 1917 à Paris où il exerce la profession d’agent commercial, prisonnier de guerre en Prusse orientale jusqu’au 1er juillet 1941 date à laquelle il est libéré, il s’engage dans le mouvement Franc-Tireur à Lyon en 1942 et devient responsable de groupes-francs ; arrêté en janvier 1943, il est condamné le 13 mai 1943 par la section spéciale de Lyon à douze ans de travaux forcés pour détention d’armes et activité antinationale et arrive à la centrale d’Eysses le 22 juin 1943 (et non en mai 1943 comme il le dit dans ce témoignage) où il devient un des responsables gaullistes de l’organisation clandestine.
Edgard Franchot : « Je suis arrivé le 15 octobre 1943 et je venais de la prison cellulaire de Saint-Etienne ».
Né le 10 juin 1913 à Saint-Aubin d'Aubigné (Ille-et-Vilaine), il est démobilisé en juillet 1940 et passe dans la réserve de l'Armée de l'air. En novembre 1940, il participe à la rédaction et à la distribution de tracts patriotiques et anti-allemands. Contacté par Godefroy (« colonel Rivière »), il organise les premiers groupes de Résistance dans le secteur de Marmande (Lot-et-Garonne). Il est désigné par Rabardel (« Ralph ») comme responsable OS du secteur Ouest sous les ordres de Lucien Bouard. Arrêté le 28 juin 1941 à Marmande pour fait de Résistance, il est condamné à sept ans de travaux forcés par le tribunal militaire de la 17e région. Il est interné à Agen, Toulouse, Saint-Étienne puis Eysses où il arrive effectivement le 15 octobre 1943.
Jean Vergne : « Je suis arrivé le 27 janvier 1944 et je venais de la prison cellulaire de Limoges ».
Né le 7 septembre 1922 à Toulouse, arrêté pour activité résistante en août 1943, il est condamné à 15 mois de prison par la section spéciale de la cour d’appel de Limoges. Incarcéré à la maison d’arrêt de Limoges, il est transféré à Eysses le 27 janvier 1944.
Raoul Vignettes : « Je suis arrivé le 18 janvier 1944 venant de la prison de Montpellier ».
Né le 15 janvier 1920 à Ortaffa (Pyrénées Orientales), Raoul Vignettes milite au sein des Jeunesses communistes. Arrêté le 28 juillet 1943 pour activité communiste, il est incarcéré durant six mois à la maison d’arrêt de Perpignan avant d’être transféré à celle de Montpellier. Jugé par la section spéciale de la cour d’appel de Montpellier, il est condamné à un an de prison et incarcéré à la maison d’arrêt de Montpellier. Transféré à la centrale d’Eysses, il y arrive le 18 janvier 1944.
Fabrice Bourrée
Sources : Amicale des anciens détenus patriotes de la centrale d’Eysses, L’insurrection d’Eysses, éditions sociales, 1974. Documentation Corinne Jaladieu. Bruno Permezel, Résistants à Lyon, Villeurbanne et alentours, Editions BGA Permezel, 2003. Raoul Vignettes, Mémoires d’un rescapé, édité à compte d’auteur, 2001. Notice nécrologique de Raoul Vignettes in Bulletin de l’Amicale des anciens guerilleros espagnols en France (FFI), 30 septembre 2005, n° 99. François Frimaudeau, « Edgar Franchot » in Cédérom La Résistance dans le Lot-et-Garonne, édition AERI, 2011.
Eysses devient en quelques mois un pôle de la France pénitentiaire sous Vichy. Entre le 30 septembre 1943, date à laquelle la prison ne compte parmi ses 1075 détenus que 10% de politiques, et le 18 février 1944, quand le plafond de population carcérale est atteint (1430 détenus), la centrale est devenue à 90% une prison de résistants arrivés par convois successifs. .Parmi ces convois, le plus important est celui des 15 et 16 octobre 1943 (« Train de la Marseillaise »), venu de Lyon, Saint Etienne, Marseille, Montpellier, Nîmes, drainant 568 résistants des prisons de zone Sud. Le 8 février 1944, ce sont 250 détenus qui sont transférés de Marseille à Eysses, et quatre jours plus tard, ils sont une centaine à quitter la prison de la Santé pour rejoindre la Centrale.
Le circuit carcéral des détenus est complexe ; la plupart sont passés par trois prisons avant d’arriver à Eysses. Parmi les maisons d’arrêt d’où proviennent les condamnés, citons dans l’ordre décroissant : les prisons lyonnaises (16,9 % des condamnés proviennent de St Paul), la prison de Limoges (14,4%), la centrale de Nîmes (14%) qui regroupe tous les condamnés du sud-est jusqu’en octobre 1943. Les prisons de Marseille (St Pierre et St Nicolas) ont accueilli pour leur part un dixième du corpus, celle de Montpellier 7,4%. En zone Nord, la Santé constitue la première prison d’origine avec un peu plus de 11% des condamnés.
D'après Corinne Jaladieu, La prison politique sous Vichy. L’exemple des centrales d’Eysses et de Rennes, L’Harmattan, 2007.