Voir le verso

Analyse média

Ce courrier adressé par Marcel Cochet, incarcéré à Eysses depuis le 9 décembre 1943, à sa femme est sorti clandestinement de la centrale (« je profite de cette occasion pour te passer une lettre en douce dans la poche du pantalon »).

Il y raconte en détail les manifestations sportives et culturelles organisées par les détenus le 16 janvier 1944 au sein même de la centrale d'Eysses, dans le cadre d'une grande « Fête de la jeunesse ». La compétition sportive a lieu de 9h à 11h et comprend plusieurs épreuves : « saut en hauteur, saut en longueur, course de relais (5 x 200 m), course de fond 1200 m, course du débrouillard c'est-à-dire course comique, ainsi qu'une course à reculons ». Ce tournoi est remporté par l'équipe représentant le préau 4. Marcel Cochet est membre du jury, probablement en sa qualité de professeur de sport. Dans ce courrier, il insiste sur la valeur de la coupe remise aux vainqueurs : « elle a une autre valeur pour nous  car ils se sont servis du bois des portes qui avaient été défoncées par les internés administratifs lorsque les gendarmes avaient lancé des grenades lacrymogènes pour les transporter en zone occupée !!!! ». L'après-midi du 16 janvier est consacré à diverses représentations théâtrales, à une chorale et le final est ponctué par un « orchestre zazou ». Il est important de souligner que cette fête, préparée avec les moyens du bord dans chaque préau par les délégués et des jeunes très motivés, a rencontré un succès important (400 « compétiteurs »)     

Contexte historique

Le 16 janvier 1944, le Front patriotique de la Jeunesse organise une « fête de la jeunesse » comprenant le matin une compétition sportive inter-préaux dans la cour du préau 3 et l'après-midi récréatif agrémenté de spectacles au sein d'une salle du préau 2. Il s'agit, après l'évasion de 54 détenus début janvier, de remonter le moral des plus jeunes tout en canalisant leur ardeur, et de cimenter l'unité du groupe (gaullistes et communistes) autour des valeurs de la Résistance.

Le caractère patriotique de cette journée est renforcé par plusieurs éléments : la Marseillaise annonçant l'ouverture de la manifestation, la levée des couleurs nationales sur le mat dressé au centre du préau, les bannières aux couleurs alliées, le portrait du général de Gaulle surmontant la tribune et les nombreuses inscriptions patriotiques qui ornent celle-ci. Au centre de la tribune, une liste de noms de résistants fusillés ou déportés, appartenant essentiellement aux Jeunesses communistes ou aux FTP, rappelle la nécessité de poursuivre le combat mené par ceux-ci.     

Marcel Cochet en 1933