Genre : Image
Type : Graphique
Source : © Documentation Corinne Jaladieu Droits réservés
Détails techniques :
Histogramme en couleur.
Date document : 2002
Lieu : France - Nouvelle-Aquitaine (Aquitaine) - Lot-et-Garonne - Villeneuve-sur-Lot
La part des détenus étrangers qui est de 12,4% révèle une surreprésentation par rapport à leur place dans la société française, évaluée à 7% en 1936. Certes leur poids, notamment celui des réfugiés, s’est accru depuis 1936, mais nous pouvons expliquer ce phénomène par l’engagement d’une catégorie particulièrement visée par l’idéologie et la politique xénophobe de Vichy et de l’occupant ; les politiques étrangers sont nés pour la grande majorité (42,6%) en Espagne. Il s’agit pour la plupart de républicains exilés en France qui ont poursuivi le combat dans la Résistance sur le sol français avant d’être arrêtés. On retrouve, loin derrière, les deux principaux pays d’origine des immigrés français des années trente : les Italiens (15,3%) et les Polonais (8,3%).
On note également la présence de réfugiés antifascistes allemands ou autrichiens qui forment l’essentiel des 3% d’étrangers nés en Allemagne et en Autriche. Prenons le cas de Jules Bloch, né en 1925 à Fribourg, il quitte l’Allemagne avec ses parents d’origine juive en 1933, pour Strasbourg où il accomplit ses études primaires et secondaires ; lors de la déclaration de guerre, il est évacué à Périgueux, où il s’inscrit à l’école technique de l’ORT section électronique en 1940. Cette école devient un terreau d’engagement pour la Résistance et début 1943, il entre dans le maquis de l’AS : Mireille, près de Saint-Albère.
D'après l'ouvrage de Corinne Jaladieu, La prison politique sous Vichy. L’exemple des centrales d’Eysses et de Rennes, L’Harmattan, 2007.
Parmi les étrangers emprisonnés, les plus nombreux à Eysses sont les Espagnols. Ils franchirent la frontière en différentes vagues. Pour celle qui arrive en France en février 1939, des « centres d’accueil » sont mis en place à Argelès, Prats-de-Mollo, St Cyprien et Bourg-Madame, avant leur multiplication dans trois zones : les plages proches de Perpignan, le Haut-Vallespir et la Cerdagne. Cette première année, les internés constituent une main d’œuvre très bon marché pour les entreprises et fermes alentour. Avec le déclenchement de la guerre, lorsqu’ils ne sont pas incorporés dans des Compagnies de Travailleurs Etrangers (CTE), les Espagnols sont le plus souvent détachés dans les entreprises travaillant pour la Défense nationale ou dans les fermes pour remplacer les mobilisés. A l’automne 1940, dans le cadre des lois visant à exclure du tissu social et/ou national les étrangers, les francs-maçons, les communistes, les juifs, le 27 septembre 1940, on prévoit de verser dans les Groupements de Travailleurs Etrangers (GTE) « les émigrés en surnombre dans l’économie française » ; une partie importante des internés sont transférés dans ces groupements, leur point culminant est atteint en juillet 1941 avec plus de 60000 hommes, pour l’essentiel espagnols. Les Espagnols présents à Eysses sont ou arrêtés pour avoir constitué une organisation politique considérée comme antinationale, communiste, à l’intérieur de ces GTE, ou ont participé à la Résistance en France après s’en être évadés.
D'après l'ouvrage de Corinne Jaladieu, La prison politique sous Vichy. L’exemple des centrales d’Eysses et de Rennes, L’Harmattan, 2007.