Légende :
Photographie prise en février 2009 dans la salle de mémoire de la centrale d’Eysses.
Genre : Image
Type : Objet
Producteur : cliché Denis Gliksman
Source : © Maison centrale d’Eysses, salle de mémoire Droits réservés
Détails techniques :
Sabot en bois. Dimensions : 29,5 x 10,5 cm.
Date document : 2009
Lieu : France - Nouvelle-Aquitaine (Aquitaine) - Lot-et-Garonne - Villeneuve-sur-Lot
Même si nous n’en connaissons pas l’origine exacte, ce sabot est représentatif à la fois du costume pénal et de la dureté du régime carcéral en place à la maison centrale d’Eysses. Le port de ces sabots a fortement marqué les résistants incarcérés à Eysses comme le prouvent les nombreux témoignages de résistants incarcérés à Eysses.
Lors de son arrivée à Eysses le 25 juillet 1943, Lucien Benoit doit subir le port de ces sabots comme il le relate dans son témoignage écrit : « Le préposé aux sabots est un brave type. Il nous prévient : « Avec ça vous allez marcher toute la journée. S’ils vous blessent, il faudra que vous ayez vraiment les pieds en sang pour que vous soyez admis à l’infirmerie. Et il faudra tout de même marcher jusqu’au soir ». Il ajuste et cloue, le mieux qu’il peut, une bande de cuir à l’emplacement du coup de pied. Ça devrait aller. En plus, on est réconforté d’avoir rencontré un être humain, espèce rare ici. ».
André Raust, quant à lui, écrit : « Nous subissons cependant un inconvénient spécial à la centrale. Nous n'avons plus de chaussures. Elles nous ont été échangées pour une paire de lourds et grossiers sabots. Ce sont des boulets à traîner qui demandent une adaptation de plusieurs semaines. La marche obligatoire quotidienne de trois quart d'heure avec eux, bras croisés, en deux cercles tournant chacun sens inverse de l'autre, devait être particulièrement pénible. Heureusement, là encore, une amélioration a pu être obtenue. Cette pénible marche a été supprimée. »
Auteur : Fabrice Bourrée
Sources : André Raust, « Du képi au calot de Dachau », in Ancrages, magazine de la mémoire des communautés du Lot-et-Garonne. Documentation Corinne Jaladieu, témoignage manuscrit de Lucien Benoit.
Si dès 1791, les détenus se voient confisquer leurs vêtements personnels en détention, c’est en 1873 que le principe du port du costume pénal est plus clairement exprimé. L’arrêt du 3 novembre 1873, relatif à la tenue des condamnés à la détention, dispose en son article premier : « Les condamnés à la détention sont astreints, sans exception, à porter le costume pénal réglementaire ».
Dans les établissements classiques (autres que les bagnes), le costume pénal a une couleur uniforme plutôt « tristounet », davantage destiné à rendre ce costume le moins salissant possible. En fait, le costume pénal varie du beige – marron au gris. Au sein de l’établissement pénitentiaire, le costume pénal contribue explicitement à la notion de châtiment. Dès lors, on assiste à une stigmatisation des détenus. Le fait de les astreindre au port du costume pénal les identifie comme appartenant à un groupe déviant.
La confiscation des vêtements personnels entraîne simultanément celle des accessoires susceptibles de servir à blesser, tels que boucles de ceinture, bretelles. Ces accessoires, potentiellement dangereux, sont remplacés par des accessoires en tissu ou des boutons prêtés par l’Administration pénitentiaire. On constate que rien n’est laissé au hasard, quand il s’agit pour l’institution de remplir « ses misions ».
Pour compléter le costume pénal, on fournit aux détenus des sabots. La fabrication de ceux-ci est confiée en 1886 à la maison centrale de Landernau, qui doit fournir les différents établissements en régie. Ces sabots sont censés les empêcher de courir et donc, encore une fois, de s’évader aisément.
Auteur : Philippe Poisson
Sources : Philippe Poisson, « L’essentiel sur l’histoire du costume pénal », document à usage pédagogique, 2006. J.P. Delmas Saint-Hilaire, « les vêtements du détenu », RCS, chronique pénitentiaire, avril-juin 1980, p. 471.