Genre : Film
Type : Témoignage filmé
Producteur : HC Zenou / IFOREP
Source : © FMD, collection « Mémoire vivante de la déportation » Droits réservés
Détails techniques :
Témoignage filmé. Durée : 00 :01 :34 s.
Date document : 1997
Lieu : France - Nouvelle-Aquitaine (Aquitaine) - Lot-et-Garonne - Villeneuve-sur-Lot
La Fondation pour la
mémoire de la Déportation a entrepris à partir de 1992 le recueil de
témoignages audiovisuels d'anciens déportés. La Fondation relayée par les fédérations, associations et amicales,
a distribué dans la France entière un questionnaire détaillé à remplir par
chaque déporté, volontaire pour témoigner. Au mois d'août 1993 près de 4 500
fiches étaient de retour. Une commission de la vidéothèque rassemblant à
côté de 4 historiens de l'Institut d'Histoire du Temps Présent (I.H.T.P), cinq
déportés dont trois connus pour leurs travaux sur la déportation (Serge
Choumoff, le général Rogerie et Maurice Cling), a arrêté définitivement le 13
juin 1996 les 116 noms des témoins retenus. Compte tenu du caractère modeste de ce nombre, un soin particulier a été
apporté dans le choix de la population enregistrée pour qu'elle soit autant que
faire se peut, représentative de la déportation dans toutes ses composantes. Celle liste comprend : 89 hommes et 27 femmes, 76 résistants, 21
résistantes, 11 juifs et 7 juives, 2 otages, 2 prisonniers de guerre, 2 «
politiques ». Les enregistrements sont effectués par la section audiovisuelle de l'IFOREP
(Institut de Formation, de Recherche et de Promotion), qui réalise
parallèlement le montage et le conducteur. Les conventions nécessaires avec le
témoin sont préalablement signées avec la Fondation. Les originaux sont déposés
au Centre historique des Archives nationales/Section du XXème siècle (« contrat
de dépôt »), la Fondation et le témoin en conservant une copie.
Chaque témoignage filmé est un récit de vie
personnel tourné en continuité, réalisé de la manière la plus simple et selon
le principe de la non-directivité, de manière à laisser au témoin la plus
grande liberté d'expression. Le témoin toujours filmé chez lui, dans son
cadre personnel, est prié avant l'entretien de ne rapporter que des faits qu'il
a vécus lui-même, les souvenirs qui lui sont propres. Il a en face de lui non
un historien ou un journaliste tenté de poser des questions pour obtenir les
réponses qu'il connaît, mais un bon professionnel de l'audiovisuel qui se doit
d'intervenir aussi peu que possible dans la conduite de l'entretien.
Le cadre est
chronologique. Il ne s'agit en aucun cas de faire une émission de télévision,
mais plutôt de recueillir des archives brutes enregistrées selon le temps
choisi par le témoin : en général six à huit heures sur deux ou trois jours de
tournage.
Le
témoignage de Marcel Letort est composé de sept parties réparties sur quatre
cassettes vidéo :
Cassette 1 :
1ère partie (la jeunesse, la guerre) ; 2ème partie (la
guerre (suite) - la Résistance - l'arrestation)
Cassette 2 :
3ème partie (Prison et jugement - la centrale d'Eysses) ;
4ème partie (la centrale d'Eysses (suite) - la fusillade du 19
février 1944 - Compiègne - Le convoi - Dachau)
Cassette 3 :
5ème partie (Le block 21 - le kommando d'Allach) ; 6ème partie (« la libération »)
Cassette 4 :
7ème partie (Retour à la vie - Bilan).
La durée totale de l'enregistrement vidéo est
d'environ 8 heures.
Il a été
enregistré à Compiègne en mars 1997.
Dans cet extrait de témoignage, Marcel letort évoque les représentations théâtrales mises en place par les résistants incarcérés à Eysses à l’occasion de Noël 1943 et le soutien de la population locale qui contribua très activement à l’amélioration du repas des détenus à cette occasion.
Auteur : Fabrice Bourrée
Sources : Courrier Picard, 24/08/2009. Renseignements communiqués par la FMD.
Les relations de solidarité avec la population locale sont particulièrement efficaces au moment de Noël, période où la séparation familiale se fait pesante, elles témoignent de la générosité des habitants. En effet, les détenus lancent un appel aux commerçants et aux habitants qui participent nombreux au réseau de solidarité alimentaire : « Ici, nous écrivons à certains commerçants que nous connaissons pour leur demander des colis de Noël pour la solidarité. Etant 150 par préau, ces colis de Noël sont pour la collectivité, c’est-à-dire pour nous tous » (Lettre de Jean Matifas du 19 décembre 1943 adressée à ses parents). Ils en sont vivement remerciés, d’autant que les détenus ont conscience d’avoir un régime alimentaire privilégié par rapport à l’extérieur, étant donné les privations en vigueur. Evoquant le réveillon de Noël, Paul Morin avoue sa « gueule de bois » et a conscience que « beaucoup dehors n’en ont pas fait autant », il précise : « des boulangers de Villeneuve avaient fait amener un camion de bon pain frais que nous avons mangé avec un gros morceau de pâté d’avant guerre. Après cela, chacun un gros bout de galette aux pommes (préparée ici par des pâtissiers avec des dons de gens de la région) qui était excellente […] tout cela offert par des amis de la région […] un commerçant de Villeneuve nous a envoyé 150 litres de vin. Les gens d’ici sont tous très chics, ils font vraiment tout ce qu’ils peuvent pour nous » (lettre du 25 décembre 1943 adressée à ses parents).
D'après l'ouvrage de Corinne Jaladieu, La prison politique sous Vichy. L’exemple des centrales d’Eysses et de Rennes, L’Harmattan, 2007.
Autres sources : Archives privées Paul Morin et Jean Matifas.