Légende :
La photo n’est pas datée mais sa fille étant née en 1936, on peut en déduire que la photo a été prise vers 1937.
Genre : Image
Type : Photographie
Producteur : Inconnu
Source : © Dépôt MRN, fonds Eysses Droits réservés
Détails techniques :
Photographie argentique noir et blanc.
Date document : Sans date (vers 1937)
Lieu : France - Nouvelle-Aquitaine (Aquitaine) - Lot-et-Garonne - Villeneuve-sur-Lot
Louis Aulagne naît le 16 décembre 1904 à Firminy (Loire) dans une famille ouvrière. Son père décède alors qu’il n’a que quinze mois. Son enfance difficile explique qu'à l'issue de courtes études primaires, il n'obtient pas le Certificat d'études ; il rattrape ensuite ce retard en suivant des cours du soir et en lisant beaucoup. Il commence par travailler comme ouvrier agricole puis comme manœuvre. Il effectue son service militaire en 1924 au dépôt des équipages de la flotte à Toulon.
Il se marie le 30 octobre 1926 à Morez (Jura) et, en 1936, une fille, Hélène, naît de cette union.
Son activité militante prend de l'importance vers 1925-1926 quand il est embauché à la section mécanique de l'Electro-chimique de Pierre-Bénite. Là, il organise le syndicat unitaire dont il devient un des délégués des Produits chimiques. En 1936, au moment de la réunification syndicale, ses responsabilités s'élargissent et il est élu secrétaire du syndicat local des Produits chimiques et similaires de la centrale CGT réunifiée, puis délégué fédéral des Produits chimiques. L'Union départementale du Rhône le désigne en outre pour siéger à la commission administrative de l'Office départemental et municipal de placement de la main-d’œuvre. Il exerce entre 1936 et 1939 des fonctions de permanent et ses relations avec le secrétaire de l'UD, Vivier-Merle sont souvent tendues : dès la fin de l'année 1936 il s'efforce devant la dégradation du pouvoir d'achat de ses syndiqués, de relancer l'action revendicative et il se heurte à Vivier-Merle qu'il accuse avec véhémence de mollesse.
En novembre 1938, il fait partie d'une délégation de syndicalistes français qui assiste aux fêtes commémoratives de la Révolution d'Octobre et, à son retour, il affirme dans les colonnes de l'hebdomadaire fédéral du PC La Voix du peuple son admiration pour le régime soviétique mais ce n'est que par la suite, dans les premiers mois de 1939, qu'il adhère au Parti communiste.
Durant la guerre 1939-1940, il est versé à l’armée de terre le 13 novembre 1939, sur le plateau de Langres, puis affecté au 8e bataillon d’artillerie à Alès le 29 janvier 1940. Il est démobilisé à Cazargues.
De retour à Lyon, il travaille aux usines Berliet à Vénissieux où il contribue à mettre sur pied des groupes de résistance qui freinent la production et jouent un rôle essentiel dans le mouvement de rébellion de l'usine contre le STO en 1942. Repéré par la police de Vichy, traqué, Louis Aulagne est alors contraint de passer dans la clandestinité et de rejoindre les FTPF. Le 6 janvier 1943, il est envoyé en Haute-Savoie pour rassembler les groupes épars et les constituer en premières compagnies FTPF. Responsable du premier sous-secteur de Haute-Savoie, il dirige la mise en place de huit compagnies sédentaires qui constituent dans le département une des bases les plus solides de la résistance armée. Le 20 avril 1943, au retour d'une mission, il est arrêté en gare d'Annemasse par deux inspecteurs français mais, véritable colosse, il se débarrasse à coups de poings des policiers. La malchance veut qu'il soit intercepté quelques minutes plus tard par une patrouille italienne. Pendant sept heures, au commissariat d'Annemasse il est, en présence de son épouse, soumis à un interrogatoire " renforcé ". Condamné le 21 août 1943 par la section spéciale de Chambéry, il est emprisonné dans les prisons d'Annecy, Chambéry, Grenoble, Montluc (Lyon) puis à la centrale d'Eysses à Villeneuve-sur-Lot. Il participe à l'organisation de la lutte dans la prison et, le 19 février 1944, au cours de la révolte des détenus, il tombe victime d'une grenade lancée par un GMR à qui il criait : " Ne tirez pas, nous sommes entre Français ! ". Il meurt après une longue agonie. Il est cité à l'ordre de la division, le 17 octobre 1946, à titre posthume par le gouverneur militaire de Lyon.
Sources : M. Moissonnier, « Louis Aulagne », in Dictionnaire biographique du mouvement ouvrier français (Maitron). Michel Lautisser et Corinne Jaladieu, Douze fusillés pour la République, 2004.