Légende :
Joseph Stern en uniforme d’aviateur.
Genre : Image
Type : Photographie
Producteur : Inconnu
Source : © Dépôt MRN, fonds Amicale d'Eysses Droits réservés
Détails techniques :
Photographie argentique en noir et blanc.
Date document : Vers 1938-1939
Lieu : France - Nouvelle-Aquitaine (Aquitaine) - Lot-et-Garonne - Villeneuve-sur-Lot
Photographié en uniforme, Joseph Stern porte sur sa tenue, à gauche, l’insigne du brevet de pilote de chasse. Cet insigne a été officialisé par une instruction du 10 Septembre 1916 et son port fut rendu obligatoire à partir de cette date. Il représente une couronne sur laquelle sont posées des ailes surmontées d'une étoile ("devise" du brevet : l'étoile te guide, les ailes te portent et la couronne t'attend). A droite, il porte deux décorations dont la première est la croix de guerre avec, semble t’il, une étoile de bronze correspondant à une citation obtenue au combat.
Joseph Stern naît le 19 avril 1916 à Chisinau, capitale de la Bessarabie. Joseph est élevé dans un milieu où la Révolution d’Octobre était tenue en haute estime. En 1931, la famille part s’installer en France. Joseph y suit les cours de l’Ecole du Travail, organisation éducative juive formant les jeunes enfants de l’immigration afin de leur donner toutes leurs chances. En avril 1934, il entre à l’école aéronautique Bréguet, rue Falguière, dans le 15e arrondissement. Après avoir obtenu son diplôme d’ingénieur des industries électromécaniques, il travaille chez Bréguet. Puis, il passe avec succès l’examen de pilote de l’aviation civile avant de demander à rejoindre une école d’officiers. Il obtient également son brevet de pilote de chasse de l’armée de l’air. Dès sa démobilisation à Toulouse, le 8 août 1940, il trouve du travail comme ingénieur dans l’aéronautique chez Dewoittinne. Une partie de sa famille s’installe alors à Toulouse.
Victime d’une dénonciation, il est arrêté à Toulouse avec deux ingénieurs chimistes originaires de sa terre natale et d’un comptable. Soupçonné d’avoir livré des informations sur l’aéronautique au consulat général d’URSS à Vichy, il est surtout accusé d’avoir favorisé le sabotage des usines françaises travaillant pour le Reich en zone non occupée. Jugé par le tribunal militaire de Toulouse, il est condamné le 21 octobre 1941 à dix ans de travaux forcés. Après avoir été incarcéré à la prison de Tarbes, Joseph Stern est transféré à la Centrale d’Eysses en 1943. En décembre 1943, il est nommé chef de section de la 5e compagnie du bataillon FFI constitué par les détenus politiques de la centrale. Il assure l’entraînement militaire clandestin de sa section. Il devient également membre du comité directeur de la résistance à l’intérieur de l’établissement pénitentiaire et délégué des « travailleurs », c’est-à-dire de tous ceux qui occupent un emploi dans la centrale. Dans le cadre des enseignements organisés par les détenus, il donne des cours de chimie, de mécanique, de langues russe et allemande.
Lors de l’insurrection du 19 février 1944, il est chef adjoint des forces d’assaut auprès du commandant Bernard, puis il le remplace lorsque ce dernier à la jambe brisée par une grenade. Armé d’une mitraillette et de grenades, il fait preuve d’un grand courage et risque sa vie à plusieurs reprises au cours des combats contre les gardes mobiles retranchés dans les bâtiments et les miradors. Blessé au genou, Joseph Stern est transporté après la reddition à l’infirmerie, où il est arrêté et transféré au quartier cellulaire. Il est fusillé le 23 février 1944. A l’automne 1944, sa dépouille est ramenée à sa sœur à Cassis par le comité de libération de cette ville. Sa médaille militaire, cachée dans un des préaux de la Centrale d’Eysses, a été retrouvée en 1994.
Auteurs : Corinne Jaladieu, Michel Lautissier, Fabrice Bourrée
Sources : Corinne Jaladieu, Michel Lautissier, Douze fusillés pour la République, Association pour la mémoire d’Eysses, 2004.