Georges Charpak

Légende :

Georges Charpak à l’école des Mines dans l’immédiat après-guerre.

Genre : Image

Type : Photographie

Producteur : Inconnu

Source : © Dépôt MRN, fonds Amicale d'Eysses Droits réservés

Détails techniques :

Photographie argentique en noir et blanc.

Date document : Immédiat après-guerre

Lieu : France

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Contexte historique

Georges Charpak est né le 8 mars 1924 à Dąbrowica (alors en Pologne, aujourd’hui en Ukraine). Sa famille, juive, émigre en France alors qu'il a 7 ans et emménage à Paris. Il entre à l'école communale dans le 13e arrondissement et découvre avec joie l'Ecole publique gratuite et laÏque de la IIIe République. Le fils d'émigrés clandestins s'intègre très vite, apprend le français, montre très tôt de grands dons pour les mathématiques. A 14 ans, il entre en Première au lycée Saint Louis, passe son bac en 1940 et entre en classe de mathématiques supérieures sous une fausse identité.

Devant la montée de l'antisémitisme, Charpak ne reste pas inactif. Parallèlement, ce jeune surdoué ressent le besoin d'une activité politique. Antifasciste déterminé, il se sent attiré par le socialisme, adhère aux " Faucons rouges ", annexe antifasciste du parti socialiste, puis devant la mollesse de la politique étrangère du Front populaire se rallie au parti communiste. En 1941, il refuse de porter l’étoile jaune. En juillet 1942, prévenu par un camarade dont le père est policier, il parvient à passer en zone libre avec sa famille, échappe à la grande rafle du Vél d'Hiv et entre dans la Résistance à Montpellier. Arrêté le 18 juin 1943 par la police de Vichy, en tant que militant communiste, à la suite d'une dénonciation, condamné à deux ans de prison, il est incarcéré à la centrale d'Eysses d'où il sera livré avec ses codétenus au SS le 30 mai 1944 pour être transféré à Compiègne puis déporté à Dachau et Allach. C'est à Eysses puis à Dachau que Charpak a acquis le sens de la solidarité. Eysses, comme il l'a dit, a été pour lui une école où il a apprécié toute la valeur du partage, celui de la nourriture en mettant tous les colis en commun, comme celui des connaissances, et le besoin, aussi et surtout, d'aider les autres. La solidarité est devenue pour lui un élément indispensable de la vie. Dans le wagon qui le conduira vers Dachau, elle lui a sauvé la vie.

A son retour de déportation, il est membre du premier comité directeur de l’amicale des anciens détenus de la centrale d’Eysses. Mais, en 1947, il décide de fermer ce chapitre de sa vie pour de longues années : « Le pèlerinage organisé à Dachau en 1947 fut une épreuve. J’ai, de ce jour, voulu tirer un trait définitif sur toute cette période et passer à autre chose. J’espère que mes camarades ne m’en ont pas voulu. Ce n’est pas désintérêt de ma part mais la seule façon que j’ai trouvé, à 21 ans, pour surmonter tout cela et repartir de l’avant… Je tiens à leur dire ici que je n’ai rien oublié et que chacun des moments que nous avons passé ensemble, à la prison de Montpellier, à la centrale d’Eysses, au camp de Compiègne, puis à ceux de Dachau, de Landsberg-am-Lech et enfin d’Allach, reste au fond de moi comme la partie la plus secrète et la plus intime de ma mémoire et que je les remercie de la fraternité que nous avons partagée et que j’ai voulu partager à mon retour en France » (extrait de son autobiographie, La vie à fil tendu, Odile Jacob, 1993).

Epris de liberté, d'égalité, de fraternité, il sera choqué par l'évolution du communisme et prendra ses distances vis à vis de lui, dans les années cinquante, après les événements de Prague et de Budapest.

Devenu citoyen français en 1946, il sort diplômé de l’Ecole des mines de Paris en 1947. Préférant la recherche scientifique à la carrière d'ingénieur qui s'offre à lui, il devient élève de Frédéric Joliot-Curie au Collège de France. En 1948, il est admis au CNRS comme chercheur dans le laboratoire de physique nucléaire du Collège de France, dirigé par Frédéric Joliot-Curie et il obtient son doctorat ès sciences en 1955. Promu maître de recherche au CNRS en 1959, il rejoint le CERN (Centre Européen pour la Recherche Nucléaire) à Genève dont il devient chercheur permanent en 1963. Le 20 mai 1985, il est élu Membre de l'Académie des sciences. Il prend sa retraite du CERN en 1991. Il reçoit le prix Nobel de physique en 1992 « pour son invention et le développement de détecteurs de particules, en particulier la chambre proportionnelle multifils ».

À partir de 1996, avec le soutien de l'Académie des sciences, il prend la tête d'un important mouvement de rénovation de l'enseignement des sciences à l'école primaire, La main à la pâte, qui touche aujourd'hui près d'une école sur trois en France et essaime dans le monde entier. Il décède à Paris le 29 septembre 2010.


Auteur : Fabrice Bourrée
Sources : Comité d'Action de la Résistance (CAR), La Voix de la Résistance, n°259, décembre 2010. Georges Charpak, La vie à fil tendu, Odile Jacob, 1993.

Une du bulletin Unis comme à Eysses, n°180, novembre 1992

Témoignage de Jean Leroch et Jean Langevin sur les cours