Légende :
Cérémonie de remise de la Médaille de la Résistance au lycée Lalande et à trois lycéens des Forces unies de la jeunesse patriotique (FUJP) le 12 janvier 1947
Genre : Image
Type : Photographie
Source : © maquisdelain.org Droits réservés
Détails techniques :
Photographie argentique
Lieu : France - Auvergne-Rhône-Alpes (Rhône-Alpes) - Ain - Bourg-en-Bresse
De gauche à droite : Gilbert Guilland, Jean Marinet et Jacques Laprade.
« Le Lycée Lalande de Bourg, premier Lycée de France à avoir obtenu la Médaille de la Résistance, a reçu sa récompense le 12 janvier 1947. Ainsi se sont trouvés reconnus et honorés les sacrifices qu'avait offerts cet établissement à la cause de la Libération, témoignages douloureux et sanglants de la fidélité qu'il sut garder à la Patrie malgré les pressions, les menaces, les perfides inepties de la propagande ennemie. […] Si le Lycée fut épargné dans son aspect extérieur, il fut par contre, lourdement frappé dans sa chair et dans son sang : trente-deux tués ou fusillés, une vingtaine de déportés, voilà ce que lui a coûté la guerre. […] La Médaille lui fut remise le 12 janvier 1947, au cours d'une émouvante cérémonie que les organisateurs avaient voulu simple et sobre. Devant tous les élèves rassemblés sur le stade, en présence de Monsieur l'Inspecteur général Piobetta, représentant Monsieur le Ministre de l'Education nationale, de Monsieur Latscha, préfet de l'Ain ; de Monsieur Allix, recteur de l'Académie de Lyon ; de Monsieur Bataille, Inspecteur d'Académie, des parlementaires du département, des autorités civiles et militaires et de tout le personnel, la Médaille fut épinglée au fanion du Lycée après que le Proviseur, Monsieur Adrien Jeunet, dans une courte allocution, eut dégagé pour les jeunes la leçon des sacrifices consentis par leurs aînés. Trois anciens élèves furent ensuite décorés de la Médaille de la Résistance. Un représentant du ministère des Armées, le lieutenant Bailly décora l'un d'entre eux de la Croix de guerre et remit à la mère de Hugues Barange la Légion d'honneur et la Croix de guerre décernées à son fils à titre posthume. Puis ce fut l'inauguration, à l'intérieur de l'établissement, de diverses plaques à la mémoire des disparus».
Extraits de l’article paru dans L’Education.
« Dans le frissonnement fugitif des drapeaux claquant au vent, au milieu du silence recueilli d'une foule émue d'amis et de parents d'élèves, Monsieur Allix, recteur de l'université de Lyon, a épinglé, hier, au drapeau du Lycée Lalande, la Médaille de la Résistance. En ce dimanche clair de janvier, le Lycée Lalande avait presque pris un air de fête : drapeaux, guirlandes, cocardes, banderoles, musique aux accents entraînants, professeurs en grandes robes à hermines éclatantes… Contrastant avec ce décor des grands jours, trente-deux noms gravés dans la pierre attestent des sacrifices obscurs, des larmes et des deuils de la guerre et de l'oppression ».
Extraits du journal Le Progrès.
Source : Site Internet Résistance Lalande
C'est en 1941, que le lycée Lalande est témoin de quelques manifestations individuelles de la part d'un nombre d'élèves qui marquent leur opposition à l'Etat français de Vichy. Fin 1941, peu après la rentrée scolaire, un groupe de résistants se forme dans une classe de seconde. Contactés par Paul Pioda, ils sont rattachés au mouvement Libération et soutenus dans leur établissement par leur professeur d'éducation physique, Marcel Cochet. A partir de ce moment, tracts et journaux (Libération, Combat, Franc-Tireur puis Bir-Hakeim) pénètrent clandestinement au lycée.
Fin 1942, des groupes de résistance sont nés parmi les élèves les plus anciens. Un maître d'internat, Hugues Barange et un élève de seconde, Marcel Thenon, fondent la première section des forces unies de la jeunesse patriote. A partir de cette date, la section compte une trentaine d'adhérents : livraison de la presse clandestine, manifestations au départ des partances pour le STO et diverses actions de moyenne importance qui troubleront l'armée d'occupation. Une vigoureuse répression est déclenchée lors de la destruction de fichiers du STO. Hugues Barange est arrêté, transféré à Montluc, torturé et fusillé. Marcel Thenon, également arrêté, est déporté en Allemagne.
Le moniteur d'éducation physique, Marcel Cochet, devenu chef départemental des FUJP est lui aussi arrêté et déporté. Le successeur de Marcel Thenon, Paul Morin, responsable des FUJP, est arrêté à son tour et déporté en juin 1943. Paul Morin est remplacé par Gilbert Guilland qui participe à quelques parachutages.
Le 5 juin 1944, les miliciens font irruption au lycée pendant les épreuves du baccalauréat : plusieurs élèves et professeurs sont arrêtés, certains élèves sont déportés au camp de représailles de Heidelbreck : Aimé Chambard, Urbain Collettaz, Pierre Figuet, Maurice Lançon, Roger Leboeuf, Marcel Pellet, René Picot, François Rabuel, Gilbert Rude. Tous sont revenus ; Fernand Nicod, lui aussi arrêté, a réussi à s'évader du train.
D'autres élèves fortement motivés continuent la lutte dans les maquis, dans les unités de FUJP (5e compagnie FUJP et groupe "Claude") ou dans d'autres compagnies de FFI. Dès le débarquement du 6 juin, la compagnie des FUJP accomplit des missions de sabotage et de harcèlement le long des voies de communications et livre une série de combats sur le plateau d'Hauteville. Les FUJP participent aux côtés de l'avant-garde américaine aux batailles de la Valbonne et de Meximieux. Pendant la même période, d'autres élèves prennent part à d'autres opérations des organisations auxquelles ils appartiennent (maquis de l'Ain) et subissent de lourdes pertes au cours de ces combats.
Malgré son faible effectif, le lycée Lalande a fourni à la Résistance un très grand nombre d'élèves, dont 32 furent tués ou fusillés et une vingtaine déportés.
Le lycée Lalande est le seul lycée civil de France à avoir obtenu la Médaille de la Résistance française par décret ministériel du 3 octobre 1946.
Sources :
Sites Internet Résistance Lalande, maquisdelain.org
Claude Morel, "Lycée Lalande" in CD-ROM La Résistance dans l'Ain, AERI (à paraître).
Association nationale des médaillés de la Résistance, La Médaille de la Résistance française, Lavauzelle, 2002.