Légende :
Photographie extraite de Conseil national des femmes françaises, Marie-Hélène Lefaucheux. 26 février 1904-25 février 1964, Cedias, 1964, volume 6
Genre : Image
Type : Photographie
Source : © CEDIAS Libre de droits
Détails techniques :
Photographie analogique en noir et blanc.
Lieu : France
Marie-Hélène Postel-Vinay est née le 26 février 1904 à Paris (VIIe arrondissement). Après avoir achevé des études secondaires, elle suit des cours de musique et s'inscrit à l'Ecole du Louvre. Par la suite, elle est une des deux premières femmes admises à l'Ecole des Sciences Politiques. En 1925, elle épouse Pierre Lefaucheux, docteur en droit et ingénieur civil.
Le 18 mai 1940, son jeune frère Roger est tué lors des combats pour la défense de Maubeuge. Lorsque son frère André l'informe de l'action qu'il commence à entreprendre contre les Allemands, avec son ami Pierre d'Harcourt, elle décide immédiatement de l'aider. En juillet 1940, sous la direction de son frère qui travaille notamment pour les réseaux Pat'O'Leary et Musée de l'Homme, elle recherche des renseignements, des locaux pour les appareils émetteurs, récupère des armes et vient en aide aux évadés. Elle leur procure des faux papiers, leur trouve une planque et facilite leur convoyage. En juillet 1941, Pierre d'Harcourt est arrêté par la Gestapo. Le 14 décembre, c'est au tour d'André d'être appréhendé et interné, grièvement blessé, à la Pitié.
Depuis le printemps 1942, Marie-Hélène Lefaucheux était en contact avec Yvonne Baratte qui distribuait des livres dans les prisons et les camps et y joignait des paquets quand elle le pouvait. Avec l'aide d'Yvonne, elle réussit à établir un système de communication entre les détenus des prisons parisiennes et l'extérieur. Elle réussit notamment à informer les familles des prisonniers détenus au secret du lieu de leur détention. Ce système, en liaison avec le service social des MUR de la zone Sud, devait donner naissance plus tard au COSOR (Comité des œuvres sociales de la Résistance). En octobre 1942, elle prend contact avec l'OCM où elle rejoint l'état-major du mouvement. Elle y est plus particulièrement chargée des liaisons avec les représentants de la France Libre (Bingen, Parodi...) et avec les autres mouvements de Résistance, notamment Défense de la France.
Alors que son mari, un des dirigeants de l'OCM, devient responsable des FFI d'Ile-de-France, Marie-Hélène Lefaucheux devient la représentante de l'OCM au Comité parisien de Libération à partir de mars 1944. Pierre Lefaucheux est arrêté le 3 juin 1944 et déporté le 15 août. Prévenue du départ du convoi de la prison de Fresnes, elle le suit jusqu'à Bar-le-Duc avec l'espoir de faire libérer son mari en application des accords Nordling. Le 18 août, elle se résigne à regagner Paris et rejoint son poste au Comité parisien de Libération. Le 27 août, elle repart vers l'Est, avec une voiture prêtée par la Croix-Rouge, toujours avec l'espoir de faire libérer son époux. Arrivée à Nancy, elle y apprend que son mari se trouve à Buchenwald. Grâce à des amis, elle réussit à rencontrer le chef de la Gestapo de Metz, soucieux de mettre sa famille en sécurité en Allemagne et de rendre in extremis quelques services à des Français pour se dédouaner. Celui-ci accepte de l'aider et signe un ordre de transfert de Pierre Lefaucheux de Buchenwald à la Gestapo de Metz. Le 3 septembre 1944, Marie-Hélène et son mari sont de retour à Paris.
Elle décide alors de s'occuper du rapatriement des déportés pour faciliter et surtout accélérer leur retour en France. Elle obtient d'André Diethelm, ministre de la Guerre, un ordre de mission auprès du général de Lattre pour elle et Philippe Viannay, lui demandant de les introduire auprès du commandement allié. Commence alors pour eux deux un périple qui devait les conduire notamment à Buchenwald, Bergen-Belsen, Dora où ils purent organiser le regroupement des déportés français et leur rapatriement.
En 1944-1945, elle est désignée comme membre de l'Assemblée consultative provisoire et du Conseil municipal de Paris dont elle devient par la suite vice-présidente. Puis elle est élue députée MRP de l'Aisne à la première Assemblée constituante (1945-1946) et fait partie du premier Conseil de la République (1946-1947). De 1947 à 1958, elle est membre de l'Assemblée de l'Union française et en assure la vice-présidence. Elle est également, de 1959 à 1962, membre du Conseil économique et social. Par ailleurs, de 1946 à 1959, elle fait partie de la délégation française à l'ONU où elle représente la France à la Commission de la condition de la Femme qu'elle dirige pendant six ans. Parallèlement, elle est devenue depuis 1954 Présidente du Conseil national des femmes françaises. Elle est enfin vice-présidente du Conseil international des femmes de 1954 à 1957, puis présidente de 1957 à 1963.
Marie-Hélène Lefaucheux est décédée le 25 février 1964 dans un accident d'avion près de la Nouvelle-Orléans (Louisiane). Elle revenait de Mexico où, en qualité de déléguée de la France à la Commission des Droits de l'Homme aux Nations Unies, elle était allée s'entretenir avec la présidente mexicaine de la Commission de la Condition de la Femme pour mettre au point la création d'un Conseil National des Femmes au Mexique.
Décorations :
Chevalier de la Légion d'Honneur, Croix de guerre 1939-1945, Médaille de la Résistance avec rosette, Croix de CVR.
Fabrice Bourrée, " Marie-Hélène Lefaucheux ", in DVD-ROM La Résistance en Ile-de-France, AERI, 2004.