François Huet, dit "Hervieux", 3e chef militaire du Vercors

Légende :

François Huet, dit Hervieux, second chef militaire du Vercors à compter du 6 mai 1944 - sans date

Genre : Image

Type : Photographie

Source : © Archives Famille P. Huet Droits réservés

Détails techniques :

Photographie analogique en noir et blanc.

Date document : Sans date

Lieu : France - Auvergne-Rhône-Alpes (Rhône-Alpes)

Ajouter au bloc-notes

Analyse média

Eugène Chavant, Clément, est le responsable civil incontesté du Vercors depuis décembre 1943.

Les chefs militaires du Vercors, en revanche, se succèdent : Alain Le Ray, d'abord, de mai 1943 à janvier 1944, puis Narcisse Geyer, Thivollet, jusqu'en mai 1944. Marcel Descour désigne, pour lui succéder, le 6 mai 1944, le chef d'escadrons François Huet, Hervieux.

La zone du nord-Vercors se trouve alors sous les ordres de Roland Costa de Beauregard, Durieu, la zone du sud-Vercors, sous les ordres de Narcisse Geyer, Thivollet.


Chef militaire du massif du Vercors, F. Huet est également chargé des liaisons vec les maquis environnants de l'Isère et de la Drôme. Il est notamment tenu de :

- prendre en compte, sur le plan stratégique, les données du Projet "Montagnards", dont il n'est pas l'un des concepteurs. C'est Costa de Beauregard qui l'informe sur le sujet ;

- d'organiser la mobilisation générale, ainsi que celle de la mi-juillet sur le massif ;

- de structurer les maquis, de diverses origines, pour ensuite les assimiler à une organisation proche de celle de l'armée et renforcer l'esprit de corps (6e, 12e, 14e BCA, 11e Cuir., compagnies du génie et d'engins, prévôté, etc.)

- d'organiser la réception des parachutages, la répartition de l'armement, l'harmonisation autant que possible de l'équipement des groupes armés ;

- poursuivre la construction du terrain d'atterrissage de Vassieux-en-Vercors (Taille-Crayon) ;

- pousser l'instruction militaire de base des nouvelles recrues ;

- organiser la recherche, le recueil, l'envoi et l'exploitation de renseignements ;

- d'assurer le fonctionnement du tribunal militaire, avec l'appui de la Prévôté. Deux juges militaires seront rattachés au 1er bureau, en charge de la gestion du personnel.


Guy Giraud

Contexte historique

François Huet est né le 16 avril 1905 à Alençon (Orne).

Carrière militaire :
Il entre à Saint-Cyr en 1923, à 18 ans, promotion « Chevalier Bayard », 1923-1925.
Après l’école d’application de Saumur et un passage au 5e chasseurs de Senlis, le lieutenant Huet participe durant sept ans aux combats et à la pacification du Maroc, de 1927 à 1934 au 22e spahis marocains, puis aux affaires indigènes du Tadla, enfin à la tête du 4e goum mixte marocain. Blessé, cinq fois cité, il est fait chevalier de la Légion d’honneur.

Après avoir commandé à Strasbourg un escadron du 2e groupe d’automitrailleuses, de 1935 à 1937, il est nommé auprès du généralissime Gamelin, dont il sera l’officier d’ordonnance jusqu’en avril 1940.

Le 10 mai 1940, officier adjoint du 1er GRDI (Groupe de reconnaissance de division d'infanterie), il participe aux violents combats de Belgique (Haut-le-Wastia) puis dans la région d’Avesnes (Pas-de-Calais). Le 25 mai, il forme le 4e groupe franc de cavalerie, avec lequel il va ralentir les Allemands sur la rive droite de la Seine, à Pont-de-l’Arche (Eure) ; après avoir épuisé ses munitions, il fait détruire les automitrailleuses de son groupe, traverse la Seine à la nage et reconstitue cette unité pour mener des combats retardateurs jusqu’à l’armistice.
En septembre 1940, il commande l’escadron de Saint-Cyr à Aix-en-Provence. En 1942, il dirige la mission de liaison de l’armée auprès des Chantiers de la jeunesse.

Résistance-Libération : 
À l’invasion de la zone libre, il entre aux Compagnons de France à Lyon - dont il deviendra le secrétaire général - et au réseau Alliance, créé par Georges Loustaunau-Lacau, avec l’aide de Marie-Madeleine Fourcade. Il sera le chef de secteur du sous-réseau Druides pour la région Rhône-Alpes. 

Il rejoint le Vercors en avril 1944.

Le 6 mai 1944, il est nommé chef militaire du Vercors. Il noue une amitié solide avec Eugène Chavant, Clément, chef civil du Vercors. Sur l’ordre du commandant Descour, chef militaire de R1, il mobilise le maquis dans la perspective de la mise en œuvre du «Plan Montagnards», qui prévoit de sécuriser le plateau quelques jours au moment du débarquement de zone Sud, pour permettre d’accueillir des milliers de parachutistes alliés. Dans cette attente, Huet commande les opérations avec 4 000 maquisards, dont 2 000 armés, contre une division allemande. Les Alliés ne donneront finalement pas suite au « Plan Montagnards », laissant aux maquisards un sentiment d’abandon au moment du combat.

Après les engagements meurtriers de juillet 1944, Huet donne l’ordre de dispersion du maquis. Cet ordre permettra à plusieurs milliers de maquisards de reprendre le combat, notamment au sein des 6e BCA et 11e cuirassiers.
Six cents combattants et 200 civils seront tombés au cours des affrontements de juin-juillet 1944.

Après les libérations de Grenoble et de Lyon, auxquelles il participe, il devient chef d’état-major de la XIVe région, à Lyon.

Carrière après-guerre :
Il commande en 1945 le 11e cuirassiers en Allemagne, puis le 12e cuirassiers et enfin le groupement blindé de la 5e division blindée. Désigné pour commander l’arme blindée des troupes françaises en Allemagne, il est choisi également pour expérimenter et créer la brigade Javelot, première unité blindée de l’ère nucléaire, en France. En mars 1956, il part en Algérie avec la 7e division mécanique rapide qu’il commande bientôt pour participer à la campagne de Suez ; puis il est placé à la tête de zone nord Algérois avec la 7e DMR (Division mécanique rapide) jusqu’en juillet 1959.

Après avoir créé et dirigé à Versailles le centre d’information sur le commandement territorial, il est nommé en 1962 à la tête de la IIe région militaire, à Lille, où il termine sa carrière militaire en août 1965, élevé aux rang et appellation de général de corps d'armée.

Il décède le 15 janvier 1968.

Distinctions :
Grand officier de la Légion d’honneur ; Grand-croix de l’ordre du Mérite ; Croix de guerre 1939-1945 et des TOE (13 citations) ; Rosette de la Résistance ; Croix de la valeur militaire DSO ; Insigne des blessés (une blessure).

 

Pour en savoir plus :

La gouvernance du Vercors (G. Giraud)

La genèse de la Résistance, les phases de l'évolution de la gouvernance (G. Giraud)


Auteur : Philippe Huet, in Actes du colloque Les militaires dans la Résistance - Ain-Dauphiné-Savoie, 1940-1944, Avon-les-Roches, Anovi, 2010.

Sources :

François Broche, François Huet, chef militaire du Vercors, 1944. Une vie au service de la France, Triel-sur-Seine, éditions Italiques, 2004.

Paul Dreyfus, Vercors, citadelle de liberté, Sayat, De Borée, 2005.

PC militaire de Saint-Martin-en-Vercors, dit "Villa Bellon"

Huet François

Timbre des héros civil et militaire du Vercors

Note de François Huet au général Koenig, 3 août 1944

"Villa Bellon", PC militaire de Saint-Martin-en-Vercors