Légende :
En France uniquement.
Genre : Carte
Type : Carte
Producteur : Réalisation Christophe Clavel
Source : © AERI, d'après documentation Corinne Jaladieu Droits réservés
Détails techniques :
Carte démographique, format numérique.
Date document : Automne 2011
Lieu : France - Nouvelle-Aquitaine (Aquitaine) - Lot-et-Garonne - Villeneuve-sur-Lot
27% des condamnés politiques d’Eysses sont nés dans le Midi de la France (régions Languedoc-Roussillon, Provence-Alpes-Côte d'Azur, Midi-Pyrénées), 16% en Rhône-Alpes et 11% en Ile de France.
Le palmarès des départements revient à la Seine avec 10% des détenus, suivi des Bouches-du-Rhône (6%), du Gard (3,5%), du Lot-et-Garonne et du Nord (chacun 3%), du Pas-de-Calais et de la Haute-Vienne avec respectivement 2,9 et 2,8%. Pour le reste, on remarque une grande dispersion des départements de naissance puisque 27 départements représentent chacun environ 2% du corpus. Le poids socio-démographique des départements et les zones de recrutement de la centrale depuis 1940 fournissent l’essentiel des explications.
D'après Corinne Jaladieu, La prison politique sous Vichy. L’exemple des centrales d’Eysses et de Rennes, L’Harmattan, 2007.
Etant donné l’intensité des mouvements de population qui ont marqué cette période, le lieu de naissance n’est pas révélateur de l’implantation géographique des détenus au moment de leurs activités résistantes ou de leur arrestation. Cette implantation est en partie le fruit de migrations régionales liées à l’exode et de migrations de travail. D’autre part, les migrations ont pu être motivées par les nécessités même de l’engagement résistant : militants envoyés dans une autre région où ils sont moins repérables, attraction des zones de maquis et des grandes villes.
La centrale d’Eysses recrute dans l’ensemble de la zone Sud, mais trois départements se détachent nettement : les Bouches-du-Rhône (7,5%), le Gard (3,3%) et le Lot-et-Garonne (3,3%). On retrouve aussi le poids socio-démographique des régions du Rhône (10%) et de la Seine (8,5%), grandes zones d’emploi. On remarque des écarts entre le poids des régions de naissance et de résidence. Parmi ces dernières, les régions sur-représentées eu égard à leur poids parmi les zones de naissance, sont les Pyrénées-Orientales (cela s’explique par la proximité de l’Espagne et l’accueil de réfugiés espagnols ainsi que par l’implantation du PCF), mais également Rhône-Alpes et Provence-Alpes-Côte d'Azur, zones d’emploi dont l’attractivité date vraisemblablement d’avant guerre. Le Languedoc, Midi-Pyrénées et l’Ile de France ont une part à peu près équivalente : environ 10% des détenus. 41% du corpus réside donc dans trois grandes régions : Rhône-Alpes, le sud-est et le sud-ouest. Les quelque 3,5% des détenus qui se déclarent sans domicile fixe, sont essentiellement des étrangers réfugiés espagnols ou anglais ou de Français qui craignent de faire courir des risques à leur famille.
Le cas marseillais illustre la complexité de la grande diversité des résistants incarcérés à Eysses. La grande cité phocéenne, marquée par l’influence des organisations ouvrières, fonctionne comme un vivier pour la Résistance (parmi les Eyssois marseillais, on compte notamment Pierre Doize, responsable syndical régional et dirigeant politique local, qui jouera un rôle important dans la direction du Collectif des détenus, et Marcel Benvenuti, l’un des responsables du Front national des jeunes au sein de la prison), mais en même temps, c’est le parcours résistant qui conduit des gens originaires d’autres régions dans cette cité portuaire au rôle stratégique pour les filières d’évasion et de renseignements. Citons le cas de Stéphane Fuchs et de Toussaint Raffini officiers dans le réseau de renseignement franco-polonais F2 ou de Valentin Cavenago qui se trouve à l’Etat-major de la marine à Marseille au moment de l’armistice, décidé à agir, il est rapidement mis en contact avec un réseau de l’Intelligence Service à Toulon. Robert Mencherini a insisté sur le poids de la Résistance dans une région où elle s’implante tôt : en 1940, 1941. C’est là que prennent naissance non seulement de nombreux réseaux, mais aussi le MLN d’Henri Fresnay qui deviendra le mouvement Combat fin 1941. Le port phocéen, encore ouvert sur le monde jusqu’en novembre 1942, est la porte de l’exil et de nombreuses organisations de secours y sont implantées. C’est l’ensemble de ces éléments qui explique le poids de Marseille dans ce corpus.
D'après Corinne Jaladieu, Les centrales sous
le gouvernement de Vichy : Eysses, Rennes, 1940-1944, thèse de doctorat, Histoire, Rennes
2, 2004.
Sources complémentaires : Analyse des registre d’écrou de la maison centrale d’Eysses. Robert Mencherini, « Naissance de la résistance à Marseille » in La Résistance et les Français, histoire et mémoires, le midi de la France, colloque international de Toulouse, 1993, pp.87-95.