Légende :
Le 1er septembre 1940, Jean-Baptiste Lassalle prend ses fonctions de directeur de la Maison centrale d’Eysses.
Genre : Image
Type : Photo portrait
Producteur : Inconnu
Source : © Dépôt MRN, fonds Amicale d'Eysses Droits réservés
Détails techniques :
Photographie argentique noir et blanc.
Date document : Vers 1950
Lieu : France - Nouvelle-Aquitaine (Aquitaine) - Lot-et-Garonne - Villeneuve-sur-Lot
Né en 1887 à Mugron (Landes), entré dans l’administration pénitentiaire en 1910 comme surveillant commis greffier, Jean-Baptiste Lassalle en franchit tous les échelons : économe à la maison centrale de Loos (1928-1934) puis à Fresnes, sous- directeur de Fresnes en janvier 1938, directeur de la maison d’éducation surveillée de Belle Isle en octobre 1938. Pour ses qualités de diplomate et de négociateur, il reçoit un témoignage officiel de satisfaction le 20 mai 1938, puis est promu à l’administration centrale à la Santé en octobre 1939. C’est donc à un homme de confiance de l’administration pénitentiaire, que le nouveau régime fait appel, pour diriger la centrale d’Eysses : « Monsieur Lassalle me paraît être l’homme idoine. Ce fonctionnaire droit loyal et d’un dévouement absolu, possède assez d’autorité de fermeté et de décision pour remplir la difficile mission qui va lui être confiée » conclut le rapport de l’Inspecteur général le 5 octobre 1943 (rapport relatif au choix d’Eysses pour la concentration des détenus politiques de zone Sud). Or, ce sont précisément ces qualités qui feront de ce fonctionnaire dévoué, un auxiliaire précieux des détenus politiques dont il a la charge. Dès octobre 1943, avec l’arrivée massive des détenus politiques, Jean-Baptiste Lassalle concède à ces prisonniers spéciaux un régime plus favorable, contrairement aux directives reçues.
Du 9 au 11 décembre 1943, les détenus politiques s’opposent au départ des internés administratifs en direction de la zone Nord et défient ainsi les autorités vichystes qui sont contraintes de céder face à une telle détermination. Quelques jours plus tard, Jean-Baptiste Lassalle sollicite son affectation à un autre poste arguant d’un état de santé ne lui permettant plus de garder la direction de la prison. Le 22 décembre 1943, on lui accorde un congé d’un mois pour raison de santé sans aucune suspension. C’est le rapport accablant, envoyé par son successeur par intérim, Chartroule, dénonçant les libéralités accordés aux détenus par Lassalle qui change la donne. Dès sa réception, Lassalle est suspendu de ses fonctions. Quelques jours plus tard, la centrale d’Eysses connaît une évasion collective de 54 détenus avec l’aide de deux surveillants. Le ministère de l’Intérieur décide alors l’internement administratif de Lassalle jugé directement responsable. Prévenu à temps, il peut y échapper et reste caché par la Résistance jusqu’à la Libération alors qu’il est activement recherché par les services de police et la Milice.
En mars 1945, après enquête de la commission d’épuration du personnel de l’administration pénitentiaire, il est réintégré dans sa fonction de directeur et est affecté à la direction régionale pénitentiaire de Strasbourg. En avril 1948, il est promu directeur régional de 1ère classe. Jean-Baptiste Lassalle prend sa retraite le 1er septembre 1949.
Auteur : Fabrice Bourrée
Sources : Corinne Jaladieu, Les centrales sous le gouvernement de Vichy : Eysses, Rennes, 1940-1944, thèse de doctorat non publiée, Histoire, Rennes 2, 2004. Archives nationales, Fontainebleau, dossier de carrière de M. Lassalle. Corinne Jaladieu, La prison politique sous Vichy. L’exemple des centrales d’Eysses et de Rennes, L’Harmattan, 2007.