Portrait d'un résistant à Eysses

Légende :

Photographie prise clandestinement dans la centrale d’Eysses entre octobre 1943 et février 1944.

Genre : Image

Type : Photo portrait

Producteur : Inconnu

Source : © Dépôt MRN, fonds Amicale d'Eysses. Droits réservés

Détails techniques :

Photographie argentique noir et blanc.

Date document : Sans date (1943-1944)

Lieu : France - Nouvelle-Aquitaine (Aquitaine) - Lot-et-Garonne - Villeneuve-sur-Lot

Ajouter au bloc-notes

Analyse média

Les clichés pris clandestinement à Eysses sont essentiellement des photos de groupe prises dans les préaux ou quelques photos individuelles, envoyées avec la complicité de surveillants et parvenues aux familles. Cette photo d’un détenu emprisonné à Eysses (non identifié), nous permet d’observer sa tenue vestimentaire, le costume pénal. Elle a été prise dans l’un des préaux comme le prouve la présence du banc en pierre situé derrière l’individu. Il porte la veste et le pantalon de bure ainsi qu’une paire de sabots en bois.

A Eysses, seuls les délégués des détenus portaient une veste bleue de velours, et certains vêtements civils étaient autorisés. Cette libéralité accordée par le directeur Lassalle sera supprimée avec la loi du 26 février 1944 qui rétablira l’application stricte du régime de centrale et le port obligatoire du costume pénal.

Nombreux sont les témoignages de résistants incarcérés à Eysses qui évoquent ce costume si particulier. Marcel Letort témoigne : « Nous dûmes tous revêtir la tenue de bure, des infects vêtements avec une toile grossière et piquante, et chausser des sabots. » (témoignage vidéo recueilli par la Fondation pour la Mémoire de la Déportation).


Auteur : Fabrice Bourrée
Sources : Documentation Corinne Jaladieu.

Contexte historique

Si dès 1791, les détenus se voient confisquer leurs vêtements personnels en détention, c’est en 1873 que le principe du port du costume pénal est plus clairement exprimé. L’arrêt du 3 novembre 1873, relatif à la tenue des condamnés à la détention, dispose en son article premier : « Les condamnés à la détention sont astreints, sans exception, à porter le costume pénal réglementaire ».

Dans les établissements classiques (autres que les bagnes), le costume pénal a une couleur uniforme plutôt « tristounet », davantage destiné à rendre ce costume le moins salissant possible. En fait, le costume pénal varie du beige – marron au gris. Au sein de l’établissement pénitentiaire, le costume pénal contribue explicitement à la notion de châtiment. Dès lors, on assiste à une stigmatisation des détenus. Le fait de les astreindre au port du costume pénal les identifie comme appartenant à un groupe déviant.

La confiscation des vêtements personnels entraîne simultanément celle des accessoires susceptibles de servir à blesser, tels que boucles de ceinture, bretelles. Ces accessoires, potentiellement dangereux, sont remplacés par des accessoires en tissu ou des boutons prêtés par l’Administration pénitentiaire. On constate que rien n’est laissé au hasard, quand il s’agit pour l’institution de remplir « ses misions ».

Pour compléter le costume pénal, on fournit aux détenus des sabots. La fabrication de ceux-ci est confiée en 1886 à la maison centrale de Landernau, qui doit fournir les différents établissements en régie. Ces sabots sont censés les empêcher de courir et donc, encore une fois, de s’évader aisément.


Auteur : Philippe Poisson
Sources : Philippe Poisson, « L’essentiel sur l’histoire du costume pénal », document à usage pédagogique, 2006. J.P. Delmas Saint-Hilaire, « les vêtements du détenu », RCS, Chronique pénitentiaire, avril-juin 1980, p. 471.

Règlement de la Maison centrale d’Eysses

Les sabots en bois, élément du costume pénal