Procès de Joseph Schivo en mars 1946

Légende :

L’ex-directeur de la maison centrale d’Eysses, Joseph Schivo, est jugé à Agen le 13 mars 1946.

Genre : Image

Type : Photographie

Producteur : Inconnu

Source : © Dépôt MRN, fonds Amicale d'Eysses Droits réservés

Détails techniques :

Photographie argentique noir-et-blanc. Dimensions : 11 x 18 cm.

Lieu : France - Nouvelle-Aquitaine (Aquitaine) - Lot-et-Garonne - Agen

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Analyse média

Cette photo a été prise le 13 mars 1946 à 15h20 dans la salle de la cour d’assise du palais de justice d’Agen. Vu les positions et mouvements des différents protagonistes, et notamment celle d’un avocat au premier rang, il est fort possible que le cliché ait été pris durant une suspension de séance.
Les trois accusés, assis au rang du fond, devant plusieurs gendarmes, sont de gauche à droite : Joseph Schivo, son garde du corps le milicien François Alexandre, et Elisabeth Schneiderhöhn, épouse Schivo. Les accusés semblent écouter attentivement ce qui se dit à côté d’eux.


Auteur : Fabrice Bourrée

Contexte historique

L'ordonnance du 26 juin 1944 institua les Cours de justice au chef-lieu de chaque ressort de cour d'appel, pour juger les actes de collaboration avec l'ennemi pendant la période comprise entre le 16 juin 1940 et la date de la libération. Chaque cour a une ou plusieurs sections par département. Elles sont présidées par un magistrat et composées de quatre jurés pris sur des listes établies à l'origine par les Comités départementaux de Libération, puis à partir de 1945 par les conseils généraux. Elles fonctionnent jusqu'en 1950, le reliquat des affaires non terminées étant transmis aux tribunaux militaires. Les cours de justice peuvent prononcer toutes les peines, de la condamnation à mort à l’acquittement. La cour de justice d’Agen tient sa première audience en novembre 1944. Elle fonctionnera jusqu’au 5 mars 1948 prononçant 26 peines de mort (sur 671 comparutions) dont sept seulement furent exécutées (les autres étant commuées en peines de travaux forcés).

La cour de justice d’Agen, réunie le 13 mars 1946, doit juger l’ex-directeur de la maison centrale d’Eysses, le colonel milicien Joseph Schivo, son épouse Elisabeth Schneiderhöhn et son garde du corps, François Alexandre. A la suite de l’évasion de 54 détenus du quartier cellulaire de la centrale d’Eysses en janvier 1944, la direction de l’établissement est confiée à Joseph Schivo, ami personnel de Darnand. Schivo est militaire de carrière jusqu’en 1926, officier dans la Légion étrangère. Huissier de 1926 à 1937, il devient chef départemental de la Milice des Bouches-du-Rhône. N’appartenant pas à l’administration pénitentiaire, il prend son poste comme directeur de la centrale dès le 24 janvier 1944, avant d’être nommé sur contrat à titre temporaire à compter du 1er mars 1944. Lors de la libération de l’établissement le 19 juillet 1944, le directeur Schivo tente de prendre la fuite en passant par Agen où SS et miliciens se rassemblent en vue de se replier sur l’Allemagne. Il est finalement arrêté à Tarascon, après avoir été reconnu et signalé par la famille d’un ancien détenu.

La presse locale nous donne quelques détails sur le déroulement du procès : « L’audience est présidée par M. le conseiller Gammy Fontbenay ; le siège du commissaire du gouvernement est occupé par M. le procureur Dauteville ; est assise au siège du greffier, Mlle Virely. » La défense de Joseph Schivo est assurée par M. le batonnier Basz du Barreau de Toulouse. La matinée est consacrée aux interrogatoires des accusés. Les principales accusations portées contre l’ex-directeur concernent la répression de l’insurrection du 19 février 1944 et la remise des détenus aux Allemands le 30 mai 1944. L’audience de l’après-midi est consacrée aux dépositions des témoins, dont la plupart sont des rescapés de la Centrale d’Eysses et des camps de la mort.

Selon l’article consacré au procès paru dans le numéro 4 du journal Unis comme à Eysses, le public assista en nombre à ce procès : « nombreux sont ceux qui se pressent dans l’enceinte réservée au public dès la première heure, et c’est devant une assistance qui croît en densité dès le début de l’après-midi que se déroulera la seconde partie du procès des tortionnaires de la Centrale d’Eysses et que sera rendu le verdict. ».

A l’issue des délibérations, Joseph Schivo et sa femme sont condamnés à mort. L’ex-directeur d’Eysses est exécuté, le 29 mai 1946, au Polygone d’Agen. Madame Schivo voit sa peine commuée - comme il est de coutume pour les femmes - en travaux forcés à perpétuité, puis à vingt ans.


Auteur : Fabrice Bourrée
Sources : Jean-Pierre Koscielniak, Collaboration et épuration en Lot-et-Garonne 1940-1945, Editions d’Albret, 2003. Jean-Claude Farcy, Guide des archives judiciaires et pénitentiaires 1800-1958, CNRS Editions, 1992. « Le procès » in Unis comme à Eysses. Bulletin d’information et de liaison de l’amicale des anciens détenus patriotes de la centrale d’Eysses, n°4, mars 1946. « Schivo exécuté, à quand le tour du tueur Alexandre ? » in Unis comme à Eysses. Bulletin d’information et de liaison de l’amicale des anciens détenus patriotes de la centrale d’Eysses, n°5, juin 1946. Gustave Blandinières, « Schivo et sa femme, bourreaux des patriotes d’Eysses, sont condamnés à mort ».

Télégramme de Schivo à madame Chauvet, 25 février 1944

Arrivée de Schivo à Eysses en qualité de directeur (janvier 1944)

Procès-verbal d’audition de Joseph Schivo, 31 août 1945

Procès-verbal d'audition de Paul Weil dans le cadre de la procédure judiciaire suivie contre Joseph Schivo