LE FENOUILLET

Genre : Image

Type : Photographie

Producteur : MUREL PACA

Source : © Robert Mencherini Droits réservés

Lieu : France - Provence-Alpes-Côte-d'Azur - Bouches-du-Rhône

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Analyse média

Le lieu-dit "Le Fenouillet" est situé dans la vallée de la Durance, dans un petit vallon arboré, sur le flanc nord de la Chaîne des Côtes, entre Charleval et La Roque-d’Anthéron (mais sur le territoire de cette commune). Un chemin de terre qui part de laRD 561permet d’y accéder. (Voir visuel 00 dans l'album)

Une stèle commémorative y estérigée, entourée par une haie de végétation dense. (Album 01b). Une inscription est gravée sur son socle : « Le 13 juin 1944, en ce lieu ont été massacrés 28 martyrs de la Résistance, victimes de le barbarie allemande. Ils sont morts pour que la France vive ». (visuel 02)

La stèle porte vingt-trois noms de résistants, accompagnés de leur lieu d’origine : Arnaud Marius, Martigues - Barthélémy Joseph, Martigues - Chave Aldéric, Martigues - Daugey Robert, Martigues - Di Lorto Paul, Martigues - Lombard Paul, Martigues - Toulmond Lucien, Martigues - Tranchier Henri, Martigues - Durand Victor, Lambesc - Castaldi Baptiste, Lambesc - Castaldi Louis, Lambesc - Martini Émile, Lambesc - Robin Paul, Lambesc - Turc Marcel, Lambesc - Billot Cyprien, Charleval - Armenico René, Mallemort - Favaro Arthur, Miramas - Flandre Georges, Montpellier - Richard Georges, Paris - Lazzarino Henri, Port-de-Bouc - Abbadie Barthélémy, Saint-Victoret - Borel Georges, Salon - Gérard André, Saint-Cyr au Mont d’Or.

Cinq inconnus sont signalés par des tirets. (visuel 03)

            Plusieurs résistants emprisonnés aux Baumettes furent amenés au Fenouillet pour être fusillés aux côtés des maquisards. C’est le cas de Georges Flandre, officier de l’Armée du Salut, et des résistants arrêtés dans la région de Martigues. Plusieurs rues et bâtiments de cette cité portent leurs noms. Tous les ans, une forte délégation de la municipalité et des organisations de mémoire de Martigues leur rend hommage au Fenouillet.

            Le peintre Antoine Serra qui participa au maquis de Sainte-Anne et échappa de justesse à la mort, réalisa, après-guerre, un tableau sur cette tragédie (visuel 04)  A. Serra, «  Le massacre du Fenouillet », coll. Jacqueline Serra).

 


Contexte historique

HISTORIQUE

-          du lieu

Le 12 juin 1944, le maquis constitué sur le plateau de Manivert, au sommet de la chaîne des Côtesfut attaqué par les troupes allemandes. Les maquisards qui refluaient vers la Durance et des habitants des villages prochesfurent arrêtés.

Parmi les vingt-trois noms, dix sont ceux de victimes, capturées le 12 juin, emmenées à la base aérienne de Salon, puis conduites au Fenouillet le lendemain en fin d’après-midi et fusillées. Treize résistants dont les noms sont inscrits sur la stèle, ont été arrêtés dans d’autres lieux, amenés tout spécialement de Marseille où ils étaient détenus, pour être mis à mort dans ce vallon.

Le responsable de la « Gestapo » de Marseille, Dunker-Delage, déclara, lors de l’instruction de son procès après-guerre, que les Allemands se saisirent de l’occasion pour « vider entièrement la prison du 7e étage du bâtiment 403 de la rue Paradis […] les prisonniers furent mis dans un car et conduits avec d’autres prisonniers se trouvant dans la prison des Baumettes au champ de bataille de la veille dans la forêt « Chaîne des Côtes » entre Charleval et Lambesc. Ils ont été exécutés». Il s’agit de Georges Flandre, capitaine de l’armée du Salut capturé en avril 1944 à Marseille, des membresdu groupe MUR-MLN de Martigues arrêtés le 8 juin 1944 alors qu’ils s’apprêtaient à rejoindre les maquis(Barthélémy Abbadie, Joseph Barthélémy, Aldéric Chave, Robert Daugey, Paul Di Lorto, Lucien Toulmond, Henri Tranchier) et de quelques autres pris dans la nasse (Henri Lazzarino, Paul Lombard, Georges Richard, André Gérard). Marius Arnaud qui figure sur la liste a été tué lors de ces arrestations.

Plusieurs rapports indiquent que les résistants amenés au Fenouillet ont été fusillés à genoux, par rafales de mitraillettes et achevés au revolver. Les victimes avaient été dépouillées de leurs papiers d’identité et les corps, mutilés, étaient méconnaissables.

Relevés par les villageois le lendemain du massacre, ils furent photographiés, afin de permettre leur identification ultérieure. La plupart furent ensevelis sur place. Les sept Martégaux dont les corps furent identifiés en octobre 1944 furent inhumés au cimetière Saint-Pierre de Martigues, le 21 octobre 1944, lors d’une cérémonie grandiose qui mobilisa toute la ville et les autorités.

-          du mémorial

Le monument fut inauguré le 13 juin 1945, en présence de Francis Leenhardt, président du CDL, du maire de Martigues, Jean Toulmond (père de l’une des victimes), des maires de Lambesc, Charleval, Mallemort, des représentants du maquis de Lambesc, des CLL d’Aix, de Martigues et de Port-de-Bouc, du conseil municipal de Marseille, de la présidente de la Croix-Rouge, du délégué de l’Organisation universitaire des MUR-MLN, Paul Giraud, du commandant de la section de gendarmerie d’Aix. Plusieurs discours furent prononcés à cette occasion. Francis Leenhardt rendit hommage, dans le sien, en particulier au pasteur Georges Flandre, dit Montcalm.

Tous les ans, une cérémonie à laquelle participe une délégation de la ville de Martigues commémore le sacrifice des résistants mis à mort dans la clairière du Fenouillet.

 


Robert Mencherini

SOURCES ET BIBLIOGRAPHIE

Archives nationales, 72 AJ 104, AIII 7 bis, le Kommandeur de la SIPO et du SD de Marseille, « Rapport final (…) Affaire Catilina », Marseille, 6 juillet 1944, signé Dunker, SS Scharführer ;

Archives départementales des Bouches-du-Rhône, 58 W 20, interrogatoire de Dunker par le principal chef de la BST, 8 juillet 1945 ;76 W 129, rapport de la brigade de gendarmerie de Lambesc, 12 juin 1944, et divers témoignages ;

Dossiers AVCC, Caen ;

Documents fournis par Suzanne Gérard-Vaisse, sœur d’Henri Vaisse, tué au maquis ;

Éric Roche, site « Le maquis de Sainte-Anne », 2012 ;

Flandre Henriette, Georges Flandre. Un chrétien ! Un résistant ! ses trois dernières années, par Mme Georges Flandre, Cahors, Impr. de A. Coueslant, 1945 ;

Robert Mencherini, Résistance et Occupation, 1940-1944, Midi rouge, Ombres et lumières. Histoire politique et sociale de Marseille et des Bouches-du-Rhône, 1930 - 1950, tome 3, Paris, Syllepse, 2011. ;

Robert Mencherini, Mémorial des fusillés en pays d’Aix pendant la Seconde Guerre mondiale, août 1940-août 1944, Aix-en-Provence, ANACR Pays d’Aix, 2019, 111 p. ;

Jacky Rabatel, Une ville du Midi sous l’occupation. Martigues, 1939-1945, Martigues, Centre de développement artistique et culturel, 1986, 409 p.