Genre : Image
Type : Courrier officiel
Source : © Dépôt MRN, fonds Amicale d'Eysses, carton 5, pochette 12. Droits réservés
Détails techniques :
Support papier pelure. Dimensions : 20 x 26 cm. Document recto-verso dactylographié.
Lieu : France - Nouvelle-Aquitaine (Aquitaine) - Lot-et-Garonne - Villeneuve-sur-Lot
Dans ce courrier adressé le 3 février 1944 au chef du gouvernement, au ministre de l’Intérieur et au directeur de l’administration pénitentiaire, Joseph Schivo, colonel milicien, directeur de la maison centrale d’Eysses, expose la nécessité de lui affecter au plus tôt les renforts en GMR déjà sollicités dans son rapport du 25 janvier 1944. En effet, le lendemain de son arrivée à la tête de la Centrale d’Eysses le 24 janvier 1944, Joseph Schivo, envoie un rapport au chef du gouvernement, dans lequel il approuve les mesures mises en place par son prédécesseur, M. Chartroule. Ce dernier avait pris l’intérim de la direction de la centrale suite à la mise en congé de Jean-Baptiste Lassalle, directeur en poste depuis 1940. Ce congé étant lui-même la conséquence des événements survenus à Eysses en décembre 1943 au cours desquels les détenus s’étaient opposés aux forces de l’ordre. Dans ce rapport, Schivo annonçait son plan de sécurisation intérieure et extérieure de la Centrale.
Le plan exposé dans le courrier présenté ici est essentiellement axé sur « l’emploi des armes automatiques (…) placées dans les miradors » et orientées vers l’extérieur de la centrale. Schivo envisage également l’utilisation de lance-grenades (VB) pour la « défense des murs d’enceinte nord nord-est ainsi que la partie située devant l’église Saint-Sernin d’Eysses ». Enfin, le troisième élément de son dispositif repose sur l’armement en mitraillettes, pistolets et grenades lacrymogènes du personnel de surveillance.
Auteur : Fabrice Bourrée
Sources : Corinne Jaladieu, La prison politique sous Vichy. L’exemple des centrales d’Eysses et de Rennes, L’Harmattan, 2007.
Les prisons de concentration des politiques font l’objet d’une surveillance toute particulière de la part des autorités françaises. Le directeur de l’administration pénitentiaire demande le 4 octobre 1943 à tous les préfets de zone sud, de « prendre toutes les mesures nécessaires au renforcement de la surveillance extérieure des prisons où sont détenus les communistes et les terroristes […] en attendant des mesures générales actuellement à l’étude » (AN, F7/14900, télégramme chiffré du directeur de l’administration pénitentiaire à tous les préfets de zone sud le 4 octobre 1943.). En fait, on évolue vers une participation croissante des forces de police à la garde extérieure des établissements qui devient obligatoire par le décret du 31 janvier 1944. Or, la garde des établissements pénitentiaires constitue une charge extrêmement lourde pour les préfets qui se plaignent régulièrement.
Si la garde extérieure des prisons est assurée par la police et la gendarmerie, plusieurs exemples attestent de la participation de plus en plus fréquente des forces d’occupation à cette tâche. C’est le cas par exemple pour la maison d’arrêt de Besançon. La perte de confiance des autorités allemandes dans les capacités de l’administration française à garder ses politiques est de plus en plus grande.
Sources : Corinne Jaladieu, Les centrales sous le gouvernement de Vichy : Eysses, Rennes, 1940-1944, thèse de doctorat, Histoire, Rennes 2, 2004. Archives nationales, Fontainebleau, dossier de carrière de M. Lassalle.