René Maubailly

Légende :

René Maubailly, résistant du mouvement Vengeance du secteur de Dourdan, incorporé en juillet 1944 dans un commando SAS

Genre : Image

Type : Photographie d'identité

Source : © Collection Famille Maubailly Droits réservés

Détails techniques :

Photographie analogique

Lieu : France - Ile-de-France - Essonne - Dourdan

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Contexte historique

René Maubailly est né le 2 juillet 1921 à Villeconin (Essonne). Au moment où la guerre éclate, il exerce la profession d’ouvrir agricole au village de Plateau à proximité de Dourdan. Le 14 juillet 1941 marque l’entrée en Résistance de René Maubailly. En effet, ce jour-là, accompagné de son frère Marcel et de son ami Gilbert Filleau, il dépose au pied du monument aux morts de Villeconin une gerbe faîte de bleuets, de marguerites et de coquelicots. Après le dépôt de ces fleurs des champs, ils quittent les lieux aux cris de « Vive la France – Vive De Gaulle ». Cet acte de bravoure fit grand bruit dans ce petit village. Après plusieurs actes de résistance isolés, il rejoint la Résistance organisée en 1942 au sein du mouvement Vengeance.

Entré en contact avec Paul Vilain et avec le commandant Petitpas, deux responsables départementaux du mouvement Vengeance, René Maubailly est chargé, en juillet 1942, d’une mission de reconnaissance au camp de Pithiviers où il doit prendre des photos du camp. Jean Seizou, berger de la ferme Aubert à Plateau, a une sœur qui habite Pithiviers. Maubailly sans lui expliquer sa mission lui demande s’il peut aller avec lui rendre visite à sa sœur. Le 26 juillet 1942, avant de se rendre chez elle, ils font un détour en direction du camp, un gendarme français leur demande s’ils ont des parents au camp et leur demande leurs papiers d’identité en les priant de s’éloigner. Quelques groupes arrivent au camp. René Maubailly parvient à prendre une photo en vitesse puis, ensemble, ils partent chez la sœur de Seizou où il obtient quelques renseignements sur les internés du camp.

A l’été 1944, René Maubailly va être incorporé au sein de commando du Special Air Service (SAS) chargé de l’opération Gaff, seule mission SAS ayant opéré en Ile-de-France. Cette mission avait pour objectif d’abattre ou de kidnapper le maréchal Rommel dont le PC se situait au château de la Roche-Guyon. Le commando composé de six hommes était dirigé par un Français, Raymond Couraud. Il avait notamment été un des rares Français à participer au raid sur Saint-Nazaire le 28 mars 1942.

Parachutés le 25 juillet 1944 dans les environs de Dourdan, les hommes du commando dispersés lors du parachutage parviennent à se regrouper grâce à l’aide de résistants locaux dont René Maubailly. Le capitaine Lee apprend que Rommel a été blessé par des chasseurs alliés ; la mission est annulée. Après plusieurs étapes, le commando établit son PC à la ferme de Frileuse à Beynes, hébergés par les époux Hourson malgré l’ordonnance allemande du 22 septembre 1941 qui condamnait à la peine de mort les hommes qui viendraient en aide aux équipages d’avions alliés et à la déportation les femmes qui feraient de même. Le commando mène diverses opérations dans la région : sabotage ferroviaire à Villiers-saint-Frédéric, mitraillage d’un train vers Epône-Aubergenville, attaque d’un convoi de trois camions allemands à Nézel… Le 7 août 1944, à Beynes, le capitaine Lee et le lieutenant Raillard décident que leur prochaine mission sera l’attaque de la Kommandantur de Mantes. En effet, durant la convalescence de Rommel à l’hôpital du Vésinet, son chef d’état-major réside dans cette Kommandantur. L’attaque a lieu le 9 août, un soldat allemand est tué et des documents subtilisés. René Maubailly participa à cette attaque.

Le 17 août 1944, volontaire pour une mission à Neauphle-le-Château, René Maubailly est grièvement blessé par des éclats d’obus et ramené à Frileuse par ses camarades. Sa situation s’aggravant, l’instituteur de Beynes, Henri Durel, et l’abbé Legrand, qui dispose de la seule voiture disponible dans le village, réussissent à transporter René Maubailly jusqu’aux avant-postes américains à Marcq où il est pris en charge par l’armée américaine. Sans leur intervention, René Maubailly aurait certainement succombé à ses blessures. René Maubailly est orienté vers un hôpital de campagne de la IIIe armée à Digny près de Chateauneuf-en-Thymerais (Eure-et-Loir). Le 22 août, il est transféré à l’hôpital de Dreux d’où il ne sortira que le 15 octobre 1944.

René Maubailly ne veut pas en rester là et chercher à s’engager dans les parachutistes comme ses amis. Il est affecté au 1er régiment de parachutistes au camp d’Avord près de Bourges. Vu l’état de sa jambe, le médecin major ne lui donnera jamais l’autorisation de sauter et René Maubailly n’accomplira jamais son rêve. Le 8 mai 1945, il est démobilisé. En 1954, il rejoint la section des anciens combattants de La Forêt-le-Roi et en devient le porte-drapeau. Il est pendant quelques années président de la section de la Forêt-le-Roi et administrateur de l’Union des anciens combattants et victimes de Guerre de la Région de Dourdan.

Décédé le 29 août 2014, René Maubailly était titulaire de la croix de guerre 1939-1945, de la croix du combattant et de la croix du combattant volontaire.


Auteur : Fabrice Bourrée
Sources
Archives nationales, 72 AJ 193 et 3 AG2 463.
National archives, Londres, WO 218/191 et dossier individuel de Raymond Couraud.
Archives départementales des Yvelines, 1 W 418 ; 300W56.
SHD, 13 P 137 ; fonds privé Roger Flamand.
Archives privées René Maubailly.
Témoignages oraux et écrits de René Maubailly (1998-2001).
Témoignage écrit de Lucien Richet (1999).
Correspondance avec Robert Raillard (2000).
Anthony Cave Brown, La guerre secrète, Paris, Pygmallion, 2000.
Roger Flamand, L'inconnu du French Squadron, édité à compte d'auteur, 1983.