L’épisode le plus marquant de l’aide apportée par la Résistance extérieure est sans doute l’évasion le 23 décembre 1943 du détenu Laurent Fenoglio, dit « Kléber », choisi par la direction du Collectif pour faciliter la préparation de l’évasion collective. Le commandant militaire FTPF « Jeannot » (de son vrai nom Jean Richon) fournit une camionnette bâchée à gazogène, avec un démarreur défaillant, à Gérard Bouvart, responsable villeneuvois du mouvement Libération, qui, après bien des péripéties, parvient à franchir la porte de la centrale au volant du véhicule, en tant que fournisseur officiel de la prison. Après avoir déchargé une partie de la cargaison à la saboterie, sous la surveillance bienveillante de Gaston Dumas et autres surveillants résistants, il charge « Kléber », camouflé sous des copeaux de bois et divers colis. La sortie et la fouille qu’elle occasionne donne quelque frayeur à l’équipage qui franchit finalement les portes de la centrale, avant de s’arrêter boulevard Georges Leygues, au domicile de Gérard Bouvard, à quelques mètres d’un commissaire de police vichyssois.
D'après l'ouvrage de Corinne Jaladieu, La prison politique sous Vichy. L’exemple des centrales d’Eysses et de Rennes, L’Harmattan, 2007.
Cette photo a les mêmes caractéristiques que toute photo anthropométrique. La pose de face et de profil est conventionnelle. L’inexpressivité du visage reflète la neutralité. Le suspect ici photographié est Laurent Fenoglio.
Né 10 août 1913 à Marseille (Bouches-du-Rhône), Vincent Fenoglio (dit Laurent) exerce, avant la Seconde Guerre mondiale, le métier de rédacteur à Rouge-Midi (chronique sportive). Il est membre du comité régional du PC et également trésorier des Amis de l'URSS de Marseille. Volontaire en Espagne républicaine, il appartient comme sergent à la 2e compagnie du 2e bataillon de la 14e Brigade internationale. Revenu à Marseille, sa compétence professionnelle le désigne pour diriger la presse communiste clandestine en 1939-1940, tout en travaillant à l'imprimerie marseillaise Terrasson, rue des Trois-Mages. Il est donc l'un des premiers à reconstituer dès janvier 1940 un réseau de militants diffusant et collant, la nuit, des tracts, des papillons et des numéros de l'Humanité régionale et de Rouge-Midi. Il s'appuie surtout sur les cellules ouvrières de la vallée de l'Huveaune : Saint-Marcel, La Capelette, Menpenti, Le Rouet. Fenoglio est arrêté le 30 avril 1940 et condamné à cinq ans de prison. Six cents tracts sont saisis à l'imprimerie Terrasson par la police. Emprisonné à Marseille, Nîmes puis Eysses, il s'évade de cette centrale le 23 décembre 1943 pour établir, au nom du collectif clandestin d'Eysses, le contact avec la Résistance pour tenter d'organiser, de l'extérieur, l'évasion collective des détenus.
Vincent Fenoglio est mort le 10 septembre 1989 à Toulon (Var).
Auteur : Fabrice Bourrée
Sources : Antoine Olivesi, "Fenoglio Vincent" sur le site Maitron en ligne.
Genre : Image Type : Photographie
Source : © Archives privées Jacques Delarue
Photographie argentique noir et blanc. Dimensions : 11 x 7 cm.
Date document : Sans date