Nous connaissons la date d’arrestation pour 1445 détenus politiques d’Eysses. Seule une très faible minorité (4,5%) est arrêtée dès 1940, l’année 1941 marquant une très nette augmentation avec 18%. Précisons que seuls 14% des politiques sont arrêtés avant juin 1941, ce qui vaut d’être souligné étant donné le poids des communistes dans le corpus, puisqu’à cette date, le PC s’engage nettement dans une ligne anti-occupant. La grande majorité des communistes incarcérés à Eysses a donc été arrêtée pour faits de Résistance.
La part de l’année 1942 est légèrement inférieure avec 16,5% du corpus. Plus de la moitié des politiques a été arrêtée en 1943 (53%) ; enfin, les résistants arrêtés au début de l’année 1944, pour les seuls mois de janvier, février, mars, représentent 3% de l’effectif. Le délai entre arrestation, condamnation et transfert en centrale est alors très court. Outre le développement de la Résistance en 1943, la part de cette année s’explique en partie par la provenance essentiellement zone sud du corpus. La présence de l’occupant à partir du 11 novembre 1942 fournit alors des motifs supplémentaires d’entrée en Résistance, donc des risques d’arrestation. La date de condamnation reproduit sans surprise, avec quelques mois de décalage, la même répartition.
D’après Corinne Jaladieu, La prison politique sous Vichy : l’exemple des centrales d’Eysses et de Rennes, L’Harmattan, 2007