Genre : Image
Type : Photographie
Source : © Pierre Perin-Quinquis Droits réservés
Détails techniques :
Photographie analogique en noir et blanc.
Date document : 26 août 1944
Lieu : France - Ile-de-France - Essonne - Montgeron
Photographe non identifié.
À mesure que se confirme l'avance des armées alliées, la tension grandit dans la ville : les alertes deviennent plus fréquentes, les bombardements et explosions se produisant aux alentours effraient les habitants qui cherchent à fuir -le 14 juillet 1944, affolés par l'annonce d'un raid qui touchera finalement La Patte d'Oie de Vigneux et Yerres, de nombreux Montgeronnais se réfugient dans la forêt de Sénart - des échauffourées ont lieu entre les résistants et l'occupant.
Le 16 août 1944, les Allemands brûlent plusieurs de leurs installations implantées dans la commune. Le lendemain, les soldats en déroute qui quittent Corbeil s'emparent dans les fermes de Montgeron de chevaux, de foin, d'avoine et de blé, et dérobent des stocks d'essence chez un garagiste.
Le premier incident notable se produit, le 18 août, au quartier de La Glacière. Voulant mettre fin au désordre qui sévit lors de l'enlèvement du contenu d'un train de vivres qu'ils ont dû abandonner, les Allemands tirent, tuant trois Montgeronnais et probablement deux habitants de Vigneux.
Le 21 août, les troupes cantonnées à Montgeron se replient. Commence alors un long défilé de camions camouflés protégé par des sentinelles qui occupent les trottoirs. L'organisation Todt abandonne ses travailleurs sur place. Plusieurs FFI qui tentent de réduire une poche de résistance allemande à la Pyramide de Brunoy tombent sous les balles ennemies. Des combats plus intenses débutent le 22 août et vont se poursuivre durant deux jours en forêt de Sénart.
Le 23 août, un Comité de résistants s'installe à la mairie et ordonne la grève des postiers. Des agents de police et des pompiers arrivent en renfort depuis Paris. Les rues de la ville sont quasiment désertes. Réfugiés dans leurs habitations, les Montgeronnais entendent le canon tonner, la DCA crépiter et les bombardements se propager alentour. À la recherche de FFI, des Allemands brûlent un hangar.
Le 25 août, presque tous les Allemands ont quitté Montgeron. Tandis que les Américains sont sur l'autre rive de la Seine, des résistants combattent dans le bois de la Grange et, craignant le pire, creusent des tranchées.
Le 26 août au matin, sonne enfin l'heure de la Libération. Après avoir contourné la forêt de Sénart, une unité blindée américaine venue de Mainville prend, à l'angle de l'actuel Pavillon de Flore, l'avenue de la République et la direction de Brunoy. Durant deux heures, on assiste au défilé ininterrompu de blindés. Arborant des brassards FFI, les Montgeronnais acclament les libérateurs, avant de se rassembler devant la mairie, où le président du Comité provisoire de Libération prononce une allocution. En plein centre-ville, au-dessus de l'avenue de la République, un commerçant hisse un mannequin représentant le speaker de Radio-Paris, Jean Hérold-Paquis.
Les Allemands qui n'ont pas réussi à s'échapper ou qui ont été capturés en forêt de Sénart sont faits prisonniers. Un détachement de la Military Police demeure quelque temps à Montgeron pour achever les opérations de "nettoyage".
Le 27 août 1944, se déroule une importante manifestation patriotique devant le Monument aux morts. Le lendemain, le Comité de Libération reçoit les consuls de Belgique et de Hollande venus les remercier d'avoir pris soin des Belges et des Néerlandais de l'organisation Todt.
Les résistants qui luttèrent sur le territoire de Montgeron ou ses environs proches appartenaient à des organisations différentes, notamment le Front National et l'Organisation Civile et Militaire Jeunes (l'OCMJ). On comptait également parmi eux de nombreux cheminots, qui entretenaient des liens avec Résistance-Fer . Après avoir longtemps travaillé séparément, ils s'unirent derrière le commandant FFI Eugène Beaurenault, dit "Gilbert". Entré en dissidence en 1941, cet ouvrier d'une usine de Villeneuve-Saint-Georges œuvra au sein de l'OCMJ. Du 18 août au 20 septembre 1944, Gilbert présida aux opérations qui précédèrent et suivirent la libération de la commune : il "nettoya" les forêts voisines, fit prisonniers 14 soldats allemands, arrêta miliciens et collaborateurs, assura la garde des points stratégiques, et notamment des ponts du chemin de fer. Depuis son poste de commandement du Château-Latour, il réussit à maintenir l'ordre et à rassurer la population.
Détenteur de la force armée, le commandant Gilbert prêta également son concours à la constitution du Comité local provisoire (CLP) qui, dans un souci de concorde, réunit cinq membres de sensibilités politiques et philosophiques différentes : René Allexeline et André Verneret, ingénieurs, René Barbé, ajusteur, Alex Etienne, conseiller municipal avant la guerre, et Raymond Paumier, futur créateur des "restaurants d'enfants". Ce Comité fut dirigé par Joseph Piette, cadre au PLM mais aussi, à partir du 21 mai 1944, sous le régime de Vichy donc, maire de Montgeron.
Outre les résistants qui contribuèrent à la libération de la commune, d'autres, également montgeronnais, combattirent en des lieux plus ou moins éloignés : Robert Thiébaut au Mont-Mouchet en Haute-Loire, et Jean Isoard (tué lors d'une opération à Paris le 16 août 1944) dans la forêt de Fontainebleau, par exemple. Tous deux furent inhumés dans le cimetière de la ville en 1944. Plusieurs, tel le capitaine Bonin, étaient cheminots à Villeneuve-Saint-Georges, ou, comme Louis Armand (futur président de la SNCF et d'Euratom) exerçaient des activités à Paris et agissaient dans le cadre de leur entreprise. Enfin, le général Pierre Lelong, rallié en avril 1942 à la France libre, combattit contre les armées de Rommel en Libye et en Tunisie et, après avoir participé à la libération de Tunis, assura un commandement supérieur à Madagascar.
SOURCES : dvd-rom La Résitance en Ile-de-France, AERI, 2004.