Témoignage d’Arsène Fontaine sur l’évasion des 54
Légende :
Extrait vidéo du documentaire « Eysses, une prison dans la Résistance » (Amicale d'Eysses / IFOREP).
Genre : Film
Type : Témoignage filmé
Producteur : Amicale d’Eysses / IFOREP
Source : © Association nationale pour la mémoire des résistants et patriotes emprisonnés à Eysses Droits réservés
Détails techniques :
Durée totale : 52 minutes. Durée de l'extrait : 00 :00 :50s. Emplacement de l'extrait : 00 :34 :32s.
Date document : 1987
Lieu : France - Provence-Alpes-Côte-d'Azur - Lot-et-Garonne - Villeneuve-sur-Lot
Analyse média
Ce film retraçant l'histoire d'Eysses est décidé lors du 40ème congrès en 1985 pour donner un contenu plus historique aux ouvrages édités précédemment. Le film tourné à Villeneuve-sur-Lot et à Eysses en février 1986, sort en janvier 1987, sous le titre « Eysses, une prison dans la Résistance ». Il retrace en cinquante quatre minutes les victoires remportées dans la prison, le grand dessein : l'évasion du 19 février et son échec, ce qu'était l'esprit d'Eysses, fait de tolérance, de civisme, d'abnégation, tout en le replaçant bien dans le contexte. Dans cet extrait, Arsène Fontaine relate l’évasion de 54 internés le 3 janvier 1944. Son témoignage est recueilli par Anna Dupuis-Defendini. Pensant que l’évasion collective n’était pas réalisable, et avec l’aide de deux gardiens, 54 détenus, venant pour la plupart du quartier cellulaire, s’évadent de la prison en sortant par la porte charretière située à l’Est de la centrale, avec l’aide de deux gardiens.
Auteur : Fabrice Bourrée
Sources : Corinne Jaladieu, "Naissance d'une amicale", article non publié.
Contexte historique
En
décembre 1943, suite aux Trois Glorieuses, le directeur de la prison, Jean-Baptiste
Lassalle, est remplacé par le directeur
régional de l'Administration pénitentiaire, M. Chartroule. Sa volonté de
reprendre en main la centrale n'évite pas l'évasion d'un groupe de 54 détenus
le 3 janvier 1944. Il s'agit de l'une des plus importantes évasions collectives
réussies pendant la Seconde Guerre mondiale dans les prisons de Vichy après
l'évasion du Puy (80 détenus) et celle de Saint-Etienne (60 détenus).
Les
détenus du quartier cellulaire, arrivés pour la plupart avant les autres
internés, avaient déjà construit un projet d'évasion, et refusaient de
s'intégrer à l'organisation collective, considérant comme irréalisable une évasion
de plusieurs centaines de prisonniers. L'organisation est le fait de l'Intelligence
Service, du SOE et du comité directeur des Mouvements unis de Résistance (MUR).
Le 4 janvier 1944, les 54 détenus s'évadent de
la centrale pour rejoindre par la suite la résistance extérieure et participer
aux combats de la libération. La réussite de cette évasion est liée au
relâchement de la discipline sous M. Lassalle et à la complicité active de deux
gardiens permettant l'effet de surprise ; les détenus ont donné l'impression
aux gardes des tourelles qu'ils suivaient leurs gardiens pour une corvée.
L'alerte étant immédiatement donnée au sein des préaux, le
Comité directeur des détenus décide d'une réunion, le soir même, sur
l'opportunité d'une évasion généralisée dans la foulée. Après une discussion
virulente, les membres du comité se rangent à l'avis de ceux qui veulent
attendre le feu vert pour mener à bien le projet en cours, en coordination avec
l'extérieur, contre celui de ceux qui veulent immédiatement profiter du
désarroi créé par l'évasion pour s'évader dans la foulée.
Suite
à l' évasion des 54, le ministère de l'Intérieur décide
l'internement administratif du directeur, M. Lassalle, jugé
directement responsable, et le renforcement de la sécurité intérieure et
extérieure de la centrale : des portes sont murées, les allées et venues des
délégués entre les préaux progressivement interdites. Darnand, secrétaire
général au maintien de l'ordre sous Vichy et chef de la Milice, exige la
nomination d'un milicien zélé à la tête de la centrale. Ce sera le colonel-milicien
Schivo, qui resserre l'étau autour du collectif. L'organisation
et la préparation minutieuse de plusieurs mois risquent à tout moment d'être
réduites à néant. Schivo menace de mort les détenus qui lui opposent une
quelconque résistance et plusieurs altercations ont lieu. La situation interne
est devenue inacceptable pour le collectif, qui décide de saisir la première
occasion pour tenter une sortie.
Auteur : Fabrice Bourrée, Gérard Michaut
Sources : Amicale des anciens détenus patriotes de la centrale d’Eysses, Eysses contre Vichy, éditions Tirésias, 1992. Site internet http://www.eysses.fr. Archives privées Rolande Trempé. Archives privées Jacques Delarue. Documentation Corinne Jaladieu. Exposition "Eysses, une prison dans la Résistance" sur le site de Criminocorpus.