Vers la coupe de bois, château de la Reynarde
Légende :
Les Espagnols hébergés au château de la Reynarde partent pour la coupe de bois qui servira pour le chauffage
The Spaniards living at the Reynarde Château cut wood to use for the heating system
Genre : Image
Type : Photographie
Source : © Collection famille Bosques Droits réservés
Détails techniques :
Photographie analogique en noir et blanc.
Date document : Sans date
Lieu : France - Provence-Alpes-Côte-d'Azur - Bouches-du-Rhône - Marseille
Contexte historique
Fin octobre 1940, le consulat est débordé par le nombre de demandeurs d’un hébergement et Gilberto Bosques décide d’ouvrir des résidences-refuges. Il choisit le château de La Reynarde, vaste propriété située à Saint-Menet entourée d’un parc de 44 hectares. A partir de la mi-novembre 1940, quelques dizaines de réfugiés espagnols commencent à s’installer sur place et se mettent au travail afin de remettre en état le château et ses dépendances. Un rapport du service des étrangers de la Préfecture indique qu’à la date du 27 novembre 177 hommes sont hébergés. Au siège du consulat, 15-cours-Joseph-Thierry, un système d’admission est mis en place. Evadés des camps, expulsés du département où ils étaient arrivés, réfugiés de la zone occupée, tous affluent vers ce refuge. Trois semaines après son ouverture, le château de La Reynarde accueille plus de 800 hommes : agriculteurs, artisans, magistrats, ouvriers, universitaires, etc. Le drapeau mexicain qui flotte à l’entrée du château signale le statut diplomatique du lieu et – en principe – l’impossibilité pour la police d’y pénétrer sans autorisation préalable. De fait, les autorités vont respecter ce statut diplomatique pendant quelques mois.
La fermeture de La Reynarde : en novembre 1941, la préfecture de Marseille avertit le consulat qu’à compter du 1er décembre il ne pourra plus disposer du château de La Reynarde et qu’il doit le vider de ses occupants sans tarder. Le motif invoqué est le rachat de la propriété par la Compagnie d’électricité de Marseille. Cette opération présente l’avantage de supprimer un refuge pour « indésirables » de plus en plus mal supporté par le régime pétainiste comme par les autorités allemandes. Pendant quelques jours, la plus grande partie des hommes peuvent trouver refuge dans des baraques du château de Montgrand, mais, le 11 décembre 1941, les gendarmes et gardes mobiles investissent aussi cette résidence et emmènent 300 hommes pour les incorporer à des groupes de travailleurs. Le sursis dont bénéficie le château de Montgrand n’excède pas quelques mois : en mai 1942, Gilberto Bosques est prévenu que la location devant s’achever le 30 juin ne sera pas renouvelée. Montgrand ferme à son tour et n’est plus sous la responsabilité du Mexique. Le Secours national autorise quelques réfugiés à y demeurer durant l’automne 1942.
Robert Mencherini (sous la direction de), Etrangers antifascistes à Marseille, 1940-1944, Ed. Gaussen, Marseille, 2014.
Gérard Malgat, Gilberto Bosques, la diplomatie au service de la liberté, Paris, Marseille (1939-1942), Ed. L'atinoir, Marseille, 2013.