La camp de Drancy
Légende :
Le camp de Drancy en août 1941
Genre : Image
Type : Photographie
Source : © Archives fédérales allemandes (Deutsches Bundesarchiv) Libre de droits
Détails techniques :
Photographie analogique en noir et blanc
Date document : Août 1941
Lieu : France - Ile-de-France - Seine-Saint-Denis - Drancy
Analyse média
Le camp de Drancy était gardé par des gendarmes français. Son fonctionnement était sous le contrôle du Service des affaires juives de la Gestapo.
Contexte historique
Lieu de détention des communistes au cours de la Drôle de guerre, de septembre 1939 à mai 1940, la cité de la Muette devient ensuite un "camp d'internés civils britanniques" ou Frontstalag 111, regroupant des civils britanniques et canadiens, ainsi qu'un millier de civils français rapatriés d'Allemagne. A partir du 20 août 1941, la cité de la Muette accueille 4.232 Juifs raflés durant trois jours sur décision allemande et à l'instigation du Judenreferent SS Theodor Dannecker, dans les quartiers de l'Est parisien, notamment le XIe arrondissement. Il s'agit d'hommes âgés de 18 à 50 ans, Polonais, Roumains, Italiens… mais aussi de nombreux Français, parmi lesquels 40 avocats. Le Préfet de la Seine Charles Magny, dont les hommes encadrés par des militaires allemands ont procédé aux arrestations sans autorisation préalable du gouvernement de Vichy, a été prévenu la veille et ces internements se déroulent donc dans la plus grande improvisation. Dès le 26 août, le vice-amiral François Bard, Préfet de police, et le général Guilbert, commandant la gendarmerie de la région parisienne, organisent la discipline militaire à l'intérieur du camp, interdisant aux détenus toute communication avec l'extérieur. Le lendemain, le conseiller allemand Lippert se rend au camp de Drancy. Il y rencontre notamment son premier commandant, le capitaine de gendarmerie Lombard, et le commissaire Jean François, directeur-adjoint à la Préfecture de police qu'il charge de toutes les tâches de ravitaillement et d'entretien du camp.
Jusqu'aux grandes rafles de l'été 1942, le camp de Drancy est un vivier d'otages, retirés par périodes et fusillés au Mont-Valérien. C'est dans cet esprit de représailles aux attentats de la Résistance qu'est organisé le premier convoi de déportés juifs de France qui quitte la gare du Bourget-Drancy, le 27 mars 1942, composé pour moitié de détenus du camp de Compiègne. C'est le seul convoi de déportés juifs de France constitué de wagons de voyageurs de troisième classe. La rafle du Vel' d'hiv' des 16 et 17 juillet 1942 inaugure une seconde phase dans la vie du camp d'internement de Drancy. Du 31 juillet au 5 août, 4.000 enfants y séjournent quelques heures, transférés des camps de Pithiviers et de Beaune-La-Rolande, avant leur déportation en direction des chambres à gaz d'Auschwitz. Le camp devient un lieu de transit, brassant des masses d'internés pour des séjours plus ou moins longs. Du 19 juillet au 11 novembre 1942, ils sont 29.878, répartis en 31 convois. Les déportations reprennent l'année suivante, réunissant 8.000 déportés répartis en huit convois qui quittent le camp entre le 9 février et le 25 mars 1943. Cette rupture dans la vie du camp est consacrée par sa prise en main, dès le 18 juin 1943, par le Sonderkommando du capitaine SS Aloïs Brunner qui fait partie de la poignée d'hommes recevant directement leurs ordres d'Adolf Eichmann. A partir du 2 juillet, les gendarmes français ne sont plus chargés que de la garde extérieure de la cité de la Muette, désormais officiellement appelée "camp de concentration".
Les 42 convois de déportation de Drancy partis du 27 mars 1942 au 23 juin 1943 sont partis de la gare du Bourget-Drancy (réseau Nord). Les 21 convois de déportation de Drancy partis du 18 juillet 1943 au 17 août 1944 sont partis de la gare de Bobigny (Grande Ceinture). Selon le décompte de Serge Klarsfeld et des FFDJF (Fils et filles des déportés juifs de France), 40 450 déportés sont partis de la gare du Bourget-Drancy et 22 450 de la gare de Bobigny. 58 de ces convois sont partis vers Auschwitz-Birkenau, deux vers Majdanek, deux pour Sobibor et un pour Kaunas et Tallinn. 47 convois transportaient mille personnes, 9 plus de mille (dont 3 transportant 1 500 personnes) et 7 moins de mille, dont le dernier. Ce dernier convoi, le 17 août 1944 – une semaine avant la libération de Paris –, permit à Alois Brunner et ses SS de fuir, en emmenant avec eux 51 déportés, dont Marcel Bloch, futur Marcel Dassault. Jusqu'en juillet 1943, ces convois étaient escortés de militaires allemands et de gendarmes français. Par la suite, des policiers sont venus spécialement d'Allemagne.
Sources :
Michel Laffitte in DVD-ROM La Résistance en Ile-de-France, AERI, 2004.
Wikipedia