Plaque en hommage au résistant Jacques Oudin
Légende :
Plaque en hommage au résistant Jacques Oudin, située dans le square des Deux Moulins, avenue Edison, Paris XIIIe.
Au verso, portrait de Jacques Oudin (collection Défense de la France)
Genre : Image
Type : Plaque
Source : © Département AERI Droits réservés
Détails techniques :
Photographie numérique en couleur.
Date document : 2014
Lieu : France - Ile-de-France - Paris - Paris
Contexte historique
En mai 1941, Jacques Oudin avait fondé avec Jacques Lusseyran le mouvement de résistance parisien des Volontaires de la Liberté. Il était responsable du service de diffusion du journal Défense de la France.
Les Volontaires de la Liberté
Ce mouvement, créé en avril 1941, est né dans le milieu des élèves des grandes classes (terminales et classes préparatoires aux Grandes écoles) des lycées parisiens, en particulier Louis-le-Grand et Henri-IV. Il comptera jusqu'à plusieurs centaines de membres en 1943. Jacques Lusseyran, alors élève de philosophie au lycée Louis-le-Grand, aveugle depuis l'âge de sept ans et demi, en est un des principaux initiateurs. L'action résistante de ces jeunes gens passe, dans un premier temps, essentiellement par la propagande. À la fin du mois de mai 1941, un comité central est mis en place afin d'oeuvrer à la rédaction d'un bulletin clandestin puis à sa diffusion, ainsi qu'au recrutement de nouveaux adhérents. Ce comité est composé, au départ, de huit jeunes gens : Jean Besniée, Jean-Louis Bruch, Pierre Cochery, Jean-Claude Comert, Georges Guillemin, Jacques Lusseyran, Jacques Oudin et Jean Sennelier. Le premier numéro du bulletin Les Volontaires de la Liberté paraît en octobre. D'un tirage compris entre 50 et 1.000 exemplaires, cette feuille clandestine comptera 55 numéros, publiés jusqu'en 1943. Le contenu de cette publication mêle actualité et sujets théoriques, avec des exposés sur le nazisme, les démocraties anglo-saxonnes, le marxisme etc., et a pour but, comme le précise Lusseyran "de faire comprendre les événements en les expliquant".
Pendant quelques mois, les Volontaires de la Liberté sont isolés. Toutefois, en 1942, ils parviennent à nouer des contacts avec d'autres groupes et mouvements clandestins, notamment grâce à Maurice Lacroix, professeur au lycée Henri-IV. C'est ainsi que les Volontaires acceptent de participer à la distribution du journal Résistance, dirigé par le docteur Marcel Renet (pseudonyme "Jacques Destrée"). Cependant, à la suite de la parution d'un article jugé complaisant à l'égard de Franco, une majorité des Volontaires décide de rompre avec Renet. Cette rupture apparaît comme un premier révélateur des discussions serrées qui vont aboutir à des conflits, à l'intérieur même des Volontaires de la Liberté, en particulier entre Lusseyran et Cochery et leurs partisans respectifs. Ces discussions portent notamment sur le contenu du Bulletin. Les premiers souhaitent en faire un organe à diffusion plus large en orientant son contenu vers des informations générales ; les seconds veulent maintenir l'orientation suivie jusque-là. Un compromis est trouvé qui aboutit à la parution d'un deuxième journal, intitulé Le Tigre, en hommage à Clemenceau. Sept numéros seront publiés jusqu'en octobre 1942, avec un tirage de 500 à 2.000 exemplaires, ce dernier chiffre étant atteint le 14 juillet 1942.
Ce sont les contacts que Lusseyran parvient à établir avec le mouvement Défense de la France - et son fondateur Philippe Viannay - qui vont sceller la scission entre les Volontaires. Le processus se déroule en plusieurs étapes. Au mois de février 1943, Lusseyran accepte de mettre les Volontaires à la disposition de Défense de France, notamment pour diffuser le journal du mouvement, tout en précisant que son propre groupe garde une autonomie organisationnelle. Mais cette volonté d'autonomie lui apparaît rapidement comme un frein et il décide de faire entrer en masse les Volontaires au sein de Défense de la France. Ce point de vue n'est pas partagé par Pierre Cochery, pour qui le mouvement de Viannay reste marqué par ses origines "résistantes pétainistes". Ce sont donc des Volontaires amputés d'une partie important de leurs effectifs qui continuent leur action jusqu'à la Libération, en particulier la lutte contre le STO, avec la réalisation de fausses cartes de recensement, la recherche de planques pour les réfractaires.
Après le départ de Lusseyran, les instances dirigeantes sont largement remaniées. Pierre Cochery devient président du comité central, Jean-Louis Bruch, président du comité de propagande, André Darrouzet, secrétaire général jusqu'à son arrestation en août 1943, Pierre Bigand, secrétaire général après l'arrestation de Darrouzet. Les autres membres sont Jean-Claude Comert, Georges Guillemin et Yves Allain. Un nouveau journal voit alors le jour La Quatrième République ; il n'aura toutefois qu'un seul numéro. À l'été 1943, des contacts se nouent entre les Volontaires de la Liberté et Libération-Nord, ainsi qu'avec Franc-Tireur, mais surtout avec le réseau Bourgogne. Plusieurs membres des Volontaires, en effet, vont participer aux activités de ce réseau d'évasion d'aviateurs alliés, à l'image d'Yves Allain ou de Jean-Louis Kervevant. Tout au long de l'Occupation, les Volontaires de la Liberté n'ont pas été épargnés par la répression ; les arrestations ont été nombreuses, souvent suivies de déportations et de décès dans les camps allemands, tels ceux de Jean Besniée, Jean Sennelier, Pierre Bizos, liste non exhaustive...
Ces quelques phrases extraites du témoignage de Jean Bruneau, membre des Volontaires depuis leur création, expriment parfaitement ce que fut ce mouvement, essentiellement composé de jeunes gens, intellectuels, dont beaucoup répugnaient à l'action directe contre l'occupant et ses valets : "Les Volontaires de la Liberté n'ont peut-être pas été un mouvement très important, mais il a joué auprès des jeunes un rôle qui n'est pas négligeable. Il a été pour eux une prise de conscience de la Résistance, une étape entre eux-mêmes et l'insurrection. Il a formé des résistants réfléchis qui, lorsqu'ils se sont sentis mûrs pour cela, se sont détachés de leur position initiale pour aller vers Défense de la France, Bourgogne, les maquis, etc.".
Cécile Hochard in DVD-ROM La Résistance en Ile-de-France, AERI, 2004