Place Jacques Bonsergent, Paris Xe
Légende :
Place Jacques Bonsergent, Paris Xe
Genre : Image
Type : Nom de place
Source : © Département AERI de la Fondation de la Résistance Droits réservés
Détails techniques :
Photographie numérique en couleur.
Date document : 2014
Lieu : France - Ile-de-France - Paris - Paris
Analyse média
La place a pris le nom de Jacques Bonsergent par arrêté du 7 juillet 1945.
Wikipedia.
Contexte historique
Il est le premier Français fusillé par l'occupant, le 23 décembre 1940, au fort de Vincennes.
Jacques Bonsergent est né le 14 septembre 1912 à Malestroit, près de Vannes (Morbihan). Issu d'une grande famille bretonne, il reçoit une forte éducation morale et religieuse. Mobilisé en 1939, durant la drôle de guerre, il est rappelé comme affecté spécial.
Le dimanche 10 novembre 1940, Jacques et ses amis reviennent d'un mariage. Aux abords de la gare Saint-Lazare, vers 21 heures, ils marchent dans la nuit noire, la défense passive interdisant toute lumière à l'extérieur, quand un groupe de soldats allemands arrive en sens inverse. Bousculade, mêlée confuse, un soldat allemand reçoit un coup de poing. Tout le monde s'éparpille mais Jacques Bonsergent, repéré par sa haute taille, est arrêté, frappé à la tête, puis entraîné à l'intérieur de l'hôtel Terminus. On lui demande de donner les noms de ses camarades, ce qu'il refusera jusqu'à son dernier souffle. Il est transféré à la prison du Cherche-Midi.
Son arrestation tombe la veille de la première manifestation de masse dans la capitale contre les Allemands. Jugé 25 jours plus tard, dans ce contexte, Jacques Bonsergent devient le condamné idéal qui permettra, à la première occasion, de faire un exemple pour frapper l'opinion publique. Cette occasion se présente le 13 décembre à Vichy. Le maréchal Pétain, qui a renvoyé son chef de gouvernement Pierre Laval, refuse de se rendre à Paris pour recevoir les cendres du duc de Reichstadt - fils de Napoléon Ier et de l'impératrice Marie-Louise archiduchesse d'Autriche - qu'Hitler veut rendre solennellement à la France. Pour le Führer, c'est un affront, une infamie inqualifiable. Dans sa cellule 175 du Cherche-Midi, Jacques Bonsergent subit le contrecoup de cette péripétie : le général Otto Von Stülpnagel, commandant en chef des troupes de la Wehrmacht en France, ne signera pas sa grâce.
"J'ai été jugé le 5 décembre, et condamné à mort ; ma grâce a été rejetée, je suis exécuté demain matin, on vient de me l'annoncer (...) Surtout ne vous faites pas de bile, je ne m'en fais pas moi-même"... Ainsi commence la lettre que Jacques Bonsergent écrit à un camarade de promotion, le 22 décembre 1940. Dans la dernière lettre qu'il écrit à ses parents, Jacques Bonsergent écrit : "Je meurs victime d'une confusion. Je suis accusé d'avoir frappé le 10 novembre des soldats allemands alors que je n'ai que voulu m'interposer entre eux et le vrai coupable. Je suis fort de mon innocence et je m'en vais la conscience propre". Il est fusillé le lendemain.
Le 23 décembre au matin, les Parisiens découvrent cette affiche : "L'ingénieur Jacques Bonsergent a été condamné à mort par le tribunal militaire allemand pour acte de violence envers un membre de l'armée allemande. Il a été fusillé ce matin". Selon un rapport des RG, "la lecture de ces affiches n'a provoqué que de rares réflexions de la part des lecteurs". Un autre rapport des RG signale que "deux personnes ont été appréhendées près de la Gare Saint-Lazare, alors qu'elles lacéraient deux des affiches apposées par les Allemands annonçant la mise à mort de M. Bonsergent. Deux autres affiches ont été lacérées, l'une 184, bd Saint-Germain, l'autre 25, rue du Gal Brunet. Quelques bouquets de fleurs ont été déposés près d'une autre affiche (46, rue de Rennes)" (archives de la PP).
Entre le 31 décembre 1940 et le 6 janvier 1941, sept personnes seront arrêtées pour avoir lacéré ou maculé ces affiches.
Fabrice Bourrée, "Jacques Bonsergent", in DVD-ROM La Résistance en Ile-de-France, AERI, 2004-2005.
Sources et bibliographie :
Archives de la préfecture de police, série "Situation de Paris" (juin à décembre 1940, carton 1 ; janvier à mars 1941, carton 2.).
Julie Bourgeois, "Jacques Bonsergent premier fusillé et sacrifié", Le télégramme du Morbihan, 16/12/2000.
Roger Leroux, Le Morbihan en guerre, Mayenne, Imprimerie de la Manutention, 1990.